Jeans slims collés aux guibolles telle une seconde peau, cheveux plaqués sur 70% du visage, une moyenne d'âge de 17 ans... MANY THINGS UNTOLD serait-il une inattendue livraison de viande fraîche ? Un agneau qui se balade avec un bouquet garni autour du coup dans un repère de carnivores ? Un rapide coup d'œil sur la date de péremption sauvera les rapaces d'une infection à l'escherichia coli. Avec Atlantic jeté en pâture dans la cage aux lions, tout était fin prêt pour le festin. Sauf que le seul et unique album de ce groupe anglais date désormais de 2008, et que les mouches à caca qui orbitent autour nous gagent de ne pas trop s'y aventurer. En cela, le job de chroniqueur est périlleux à bien des égards, et mieux vaut avoir les parois intestinales solides pour se délecter pleinement d'un disque qui contient un taux cancérigène de stéréotypes. Mais je vous vois déjà venir de loin.

Il juge sans connaître. Il se contente de dégaines. C kun enkulé, MTU_4_3V3R <3 !!!!!! ! !

A ceux-là, je pourrai lister pléthore de groupes que j'ai été bien seul à ne pas étriller, quand mes estimés collègues d'ici et d'ailleurs se trompaient de catharsis. Mais il y a des réalités musicales qui ne trompent pas, et être pro ou anti Metalcore, pour peu que cela ait un sens, n'y change rien. MANY THINGS UNTOLD, 17 ans ou pas, est de ces groupes pour qui la performance prévaut sur l'émotion. Un peu comme un acteur de porno, incapable d'apprécier l'écrin mais apte à en démonter la serrure. De BRING ME THE HORIZON à AS I LAY DYING, d'ATTACK ATTACK ! à THE DEVIL WEARS, tout le gratin y passe, mais c'est d'ASKING ALEXANDRIA que ces anglais se rapprochent le plus. Patriotiquement. Vocalement. Techniquement. "A World Apart", parfait dans son rôle de tube de boys band mécheux, en est un témoin privilégié. Lead mélodique nappé de chant clair, voix caverneuse sur les couplets, refrains sucrés, groove dans les rythmiques, riff casse-gueule, chaque ingrédient s'accommode à l'autre pour accoucher d'un ersatz de mayonnaise industrielle. Pâteuse, huileuse, indigeste. Atlantic déroule ses hymnes graveleux avec l'expérience d'un vieux loup de mer, faisant l'apologie du Metalcore contrefait, mièvre et stérile. Tout me déplait en MANY THINGS UNTOLD car tout y semble tellement surfait que les quelques éléments positifs que je me suis échiné à trouver chez les groupes cités plus haut n'en deviennent que plus hypothétiques. Le groupe n'a aucune personnalité musicale propre, aucun paramètre qui le distingue de la masse retombante de formations du même genre. L'accordage est le même, la production est la même, les voix sont les mêmes, les leads sont les mêmes. Quant aux quelques hits censés jalonner un telle œuvre, on en cherche encore trace. Pas même une éclaircie. Atlantic est désespérant de régularité et sans vouloir prophétiser, le constat aurait été le même en 2008, tout simplement car a 17 ans, on vit la musique différemment qu'à 40 ou 60 balais. Se détacher des gestes et attitudes de ses idoles revient à trahir le bonheur qu'elles nous procurent. MANY THINGS UNTOLD, en clone parfait de cette mouvance Metalcore sans foi mais loi, n'est pas l'exception qui confirme la règle. A aucun moment.

Disque moyen et artificiel pondu par un groupe qui se cherche, Atlantic est la raison même pour laquelle le Metalcore souffre de clichés absolument insupportables. Des dires largement confirmés par l'anonymat qui confine MANY THINGS UNTOLD au silence depuis 2008, en dépit d'un opus censé plaire, des rumeurs de next big thing et d'une signature sur Rising Records (Rise Records eut été plus apte à exploiter leur immense talent). Il manquait juste un supplément d'âme, et je suis prêt à parier que si ces anglais devaient un jour revenir sur le devant de la scène, ce serait un sans-faute, car il n'y a que le temps pour guérir ce genre de plaies ouvertes.