SSANAHTES (FRA) - Debut EP (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 20 avril 2015
Pays : France
Genre : Doom Post Metal
Type : EP
Playtime : 4 Titres - 22 Mins
"We're Ssanahtes, hailing from Bordeaux & Paris, France. We write songs on 8 string guitars, we record them, we reharse them and we play them. We're loud and heavy, just like ur mom."
C'est une façon lapidaire de se présenter jeunes hommes. Et puis d'abord, ma mère est douce, patiente, et pas du tout lourde et Heavy comme vous semblez l'affirmer. Alors un peu de respect je vous prie.
Non mais...
Comme vous l'aurez compris, les SSANAHTES se partagent entre la Gironde et l'Ile de France, ils composent, jouent, enregistrent. Ils ont selon leur propre aveu une passion pour les riffs, l'herbe (le gazon je suppose?), les soli rapides, les bruits bizarres et les basses fréquences. a tel point qu'ils proposent même leur premier EP sous deux enveloppes, l'une dans laquelle l'auditeur découvrira un mix perso, à géométrie variable, et une seconde, plus formelle et scellée qui une fois ouverte vous laisse découvrir une prod' classique et compressée.
C'est ce fichier que j'ai choisi de traiter, parce que je n'aime pas faire d'effort, mais l'intention est quand même louable.
Les cinq garçons (Fabien, Thomas, Nicolas, Franck et Dylan), ou sept selon la configuration live (en ce cas, rajoutez Joris qui s'occupe du son live et Pierre de la fumée) se revendiquent d'influences multiples. Ils citent volontiers pour pouvoir vous guider aux travers des méandres de leurs travaux EYEHATEGOD, NEUROSIS, PANTERA, NINE INCH NAILS, DILLINGER et... plein d'autres. Après plusieurs écoutes attentives, je dois avouer que certains noms me surprennent, et que je les rattacherai plus volontiers à la vague NOLA du sud des Etats Unis, puisque les analogies sont nombreuses et flagrantes.
Si le son évoque facilement la clique des DOWN et EYEHATEGOD, tant il est lourd, gras et épais, comme un corps abandonné dans les marais, leur approche du Doom/Post reste intéressante par son nihilisme mélodique et sa radicalité instrumentale. Ce parallèle ne s'applique bien sur pas à tous les morceaux (quatre, pour être plus précis), mais reste très pertinent dans le cas du final "Words", qui s'attache pendant quatre minutes à appliquer le même motif lancinant et pesant, sans réelle évolution, et qui s'achève dans un tourbillon de bruits blancs qui offre une conclusion relativement sombre et symptomatique.
Car d'autres au contraire, sont plus volontiers rattachés au Post en vogue depuis quelques années, celui joué sur des guitares huit cordes, traumatique, violent, à la basse industrielle et au chant hurlé sans compassion. Ainsi, "Black Dragon" n'a plus aucun rapport avec le Doom ou le Sludge, mais sonne comme un joli parallèle de dernière minute entre les SWANS mécaniques et froids de début de carrière et un MASTODON furieux qu'on lui ai piqué ses plans à la récré. C'est évidemment très compact, très Heavy, étouffant, mais quand même illuminé par un solo harmonique qui apporte un peu de chaleur à l'ensemble.
Mais si vous laissiez votre serviteur émettre un avis qu'il juge asse valide, et c'est ce que vous allez faire puisque ceci est MA chronique après tout, je dirais que l'équilibre entre toutes les composantes qui font l'unicité de SSANAHTES se retrouvent sur le titre phare, "The Edge", justement en écoute sur leur Bandcamp.
Long chemin de croix de plus de sept minutes, "The Edge" multiplie les allusions, aligne les références, pour finalement s'imposer comme la marque de fabrique la plus évidente. Tempo martelé, qui se permet de temps à autres de légères variations bienvenues, riffs qui s'empilent avec une gravité constante, chant incarné et acide, basse qui assure la transition, tout est là pour fournir aux Bordelais/Parisiens le petit plus qui pourra les différencier de la masse.
Sorte de Post Core ténu et vénéneux, ce morceau est à mettre en exergue (quoiqu'il s'en charge très bien tout seul en tant que tel) pour prouver que le quintette est différent, et à son écoute, d'anciennes litanies reviennent en mémoire, celles que l'on pouvait entendre durant les grandes messes passées de NEUROSIS voire du TREPONEM PAL d'origine, mais en versions contemporaines et beaucoup plus emphatiques.
Le morceau s'achève même dans un déluge rythmique à la limite de la brisure, et s'impose sans problème comme le haut fait d'un EP assez surprenant finalement.
Alors, Ok, je ne vous en veux pas pour ma mère, après tout, ça partait d'une bonne intention. Mais faites gaffe quand même, parce que même si votre musique vaut le détour, vous pourriez vous prendre un coup de torchon dans la face. Mais je vous pardonne puisque votre EP m'a fait passer un très bon moment. Espérons que votre première tentative sur longue durée soit forgée du même acier un peu rouillé.
Ajouté : Mercredi 01 Juillet 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ssanahtes Website Hits: 5512
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