Chacun à les buts qu'il souhaite après tout... Il y en a qui veulent juste être heureux, d'autres avoir un bon boulot et bien gagner leur vie, d'autres fonder une famille et avoir une jolie maison avec un chien.
Et puis il y a les autres, ceux dont les buts avoués sont un peu plus étranges...
Situons le propos à Montréal, Canada, tiens. Là bas, il fait froid, c'est joli, mais il fait froid, alors on doit certainement avoir envie de se réchauffer. Et la vision des choses de la vie doit être altérée par les conditions d'existence différentes, c'est indéniable.
Il parait qu'à une certaine époque, certains pensaient que lorsque les hommes vivraient d'amour, il n'y aurait plus de misère, et que les soldats seraient troubadours. <br< Cette prophétie/espoir ne s'est jamais réalisée je crois. Mais du coup, je pense que ce matin j'ai trouvé des troubadours qui deviendraient de bon soldats.

Alors, fusionnons tout ça. Canada, froid, se réchauffer, vision de la vie différente, troubadours. Et si ces inconnues dans l'équation n'aboutissaient qu'à un seul résultat valable ? Oui, je le crois aussi. Mettons là en forme. Canada+froid+se réchauffer+vision de la vie différente+troubadours = NERVOUS IMPULSE. Simple non, and accurate.
Mais si, ils le disent eux mêmes. Formé en 2007 sous l'impulsion de Yan Chamberland, l'ambition de ce groupe à toujours été de produire la musique la plus brutale possible, à la croisée des chemins entre le Grind européen et le Brutal Death US. Déjà responsable d'un LP, Enough for Dementia en 2009, chaudement accueilli par une presse toujours avide de sensations brutales, ils reviennent en 2015 avec un nouveau long brûlant comme des braises de barbecue cannibale, foncièrement costaud et sans pitié aucune pour toute forme d'harmonisation musicale.

En préambule, ils citent volontiers des influences en rapport avec leur démarche. BRUTAL TRUTH, AGORAPHOBIC NOSEBLEED, MAGRUDERGRIND, SUFFOCATION, INTERNAL BLEEDING, FOETOPSY, ce sont des repères fiables et je vous garantis que lorsque vous aurez glissé Time To Panic dans vos esgourdes, vous les approuverez aussi, et comprendrez de suite la pertinence du titre choisi. Ne tournons pas autour du parterre de pétunias, Time To Panic est une boucherie, un truc qui ratiboise au ras du sol tout ce qui pousse. Mais de toute façon, là ou NERVOUS IMPULSE, l'herbe ne repousse pas, ou alors complètement cramée. Leur recette est simple, prendre sous influence le Death le plus barbare, le Grind le plus torride, les assimiler et les régurgiter avec une puissance dévastatrice. Aucune empathie, aucune tempérance, on se concentre sur les riffs les plus gras et efficaces, on les anime d'une rythmique qui ne semble pas connaître le sens du mot "modération", et on porte le tout à ébullition sous le souffle d'un grogneur des cavernes qui est décidemment toujours de mauvais poil. La marmite chauffe, la sauce ne déborde pas, mais une fois dans l'assiette, ça arrache la gueule et ça carbonise la langue et le palais.

Les terroristes sont en plus dotés d'une production bouillonnante, compressée au maximum, qui "3déise" les morceaux et donne le sentiment qu'ils sont prêts à exploser à la moindre étincelle. La basse est tendue, gonflée à outrance, la guitare est compacte, grave et brillante, le chant traité comme un mode d'expression animal, et pour peu que l'on soit friand de ces batteries mitraillettes qui tirent à vue sans laisser de témoins, la perfection dans le style n'est pas si loin que ça...

Mais loin de se contenter d'empiler les borborygmes sur fond de cacophonie bruitiste de fin du monde, le quatuor à travaillé son plan de bataille pour décimer proprement, sans laisser de traces. Chaque attaque est patiemment élaborée, pour avoir une efficacité maximale, et même si leur avancée laisse parfois place à des blitzkriegs un peu fous et moins canalisés ("Time To Panic", "Vexed" reprise d'AGORAPHOBIC NOSEBLEED), la plus grande partie de leur marche en avant se montre sous un jour implacable, comme une poignée de soldats et de blindés battant la campagne sans relâche.

Pour ressentir cette puissance de feu de plein fouet, il est évident qu'une écoute intégrale s'impose. Car c'est ainsi que la troupe a conçu les choses. Car même si certains mouvements sont plus efficaces que d'autres ("Syrian NATO Meat Grinder", carrément barré, "The Neighbor's House Is On Fire", cintré et abandonnant presque toutes les caractéristiques d'une musique produite par des êtres humains, "Eclipse Of Personnality" et sa rythmique au cordeau), la guerre contre la mélodie et la raison est globale, et la demi heure subie laisse sur le flanc, blessure ouverte et bouche en coeur, avec éclat d'obus entre les côtes.

Alors, peut être que quand les hommes vivront d'amour, il n'y aura plus de misère. Seulement, même si les NERVOUS IMPULSE sont troubadours, leur pratique musicale de caserne en feu les fait plus ressembler à des soldats de l'extrême, affûtés, sans pitié.

Et si jamais un jour, l'amour remplace la violence, nous, nous serons morts mon frère.