STÉPHAN FORTÉ (FRA) - Enigma Opera Black (2014)
Label : Zeta Nemesis Records
Sortie du Scud : 27 octobre 2014
Pays : France
Genre : Guitar Hero néo-classique
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 45 Mins
Après The Shadows Compendium (2011), le leader d'ADAGIO nous offre son deuxième effort solo. Enigma Opera Black, c'est son nom, décrit en trois mots le monde de Stephan Forté, également bien illustré par cette pochette aux airs de "Alice aux Pays des Merveilles" façon Tim Burton. Autant dire que si vous cherchez un bon disque de Guitar Hero à l'ancienne, passez votre chemin. Le mystérieux Enigma Opera Black, limite torturé, n'a rien de conventionnel.
Par rapport à The Shadows Compendium qui était déjà bien fourni en la matière, l'anticonformisme pour un disque de guitare instrumentale est ici poussé à l'extrême : passée la petite intro avec allusion à "La Lettre à Elise" de Beethoven, où Stéphan fait preuve de toute sa virtuosité (d'où le titre "Short Virtuosity Etude"), on pénètre dans un album où la batterie de Morgan Berthet use et abuse des contretemps, où Stéphan Forté se délecte de rythmiques incisives saccadées … Alors autant la saccade peut souvent s'accorder, autant la saccade peut aussi saccager. Enigma Opera Black se retrouve en équilibre instable par moments et on croirait écouter du MESHUGGAH. Le titre éponyme "Enigma Opera Black" paraît complètement barré et illustre assez bien le registre atypique du sieur Forté.
Mais au-delà de ces considérations purement rythmiques, il ne faut pas oublier que Stéphan Forté est un guitariste monstrueux, à la technique impressionnante, et qu'il affectionne le style néo-classique. En dépit des structures assez complexes évoquées ci-dessus, un titre comme "Entering Sigma Scorph" (et son intro quasi-céleste) demeure une formidable occasion pour le guitariste et son clavier (le fidèle Kevin Codfert) de s'illustrer dans un exercice que ne renierait pas Yngwie Malmsteen. En parlant de duos, une fois n'est pas coutumes, d'autres six-cordistes viennent prêter main forte à l'ami Forté (jeu de mots, hum), comme Andy James (SACRED MOTHER TONGUE) sur "Enigma Opera Black" ou encore Marco Sfogli (soliste régulier sur les efforts solo du chanteur de DREAM THEATER James LaBrie) sur "Suspended Tears Into Space". Le multi-instrumentiste Paul Wardingham, qui se revendique du courant Instrumental Cyber Metal, apporte sa pierre à l'édifice sur le surprenant "Sector A Undead", où l'électro et le Metal se marient pour une ambiance des plus industrielles. Le semblant d'improvisation jazzy au milieu de "Sector A Undead" (mais si, vous savez, quand on croit que la batterie et la gratte jouent en décalage complet) termine d'attribuer à ce titre le sobriquet d'OVNI. Décidemment, Monsieur Forté ne fait rien comme tout le monde...
Pour revenir au rayon des invités, c'est la présence du grand Marty Friedman, ex-MEGADETH bien sûr, qui attire l'oreille et la curiosité. Avec l'excellent "Zeta Nemesis" en support, à la fois menaçant, serpenté puis dramatique, l'ex-acolyte de Jason Becker au sein de CACOPHONY intervient soudainement aux côtés de Foré sur des mesures accélérées et dignes de l'époque Rust In Peace ! Juste culte... Les références aux cadors du genre étant inévitables, puisqu'on vient d'évoquer les Malmsteen et Friedman, difficile de faire l'impasse sur la très belle ballade "Pure" : tout dans ce titre, de son appellation jusqu'à ses arrangements, en passant par le touché tout en finesse de Stéphan, tout rappelle Steve Vaï et ses phrasés pourtant incomparables. De même, à plusieurs reprises durant Enigma Opera Black, et c'est flagrant sur les soli de "Suspended Tears Into Space", on pense à un autre guitariste français : Patrick Rondat, qui nous manque beaucoup, et dont on souhaite vivement le retour.
Ces instants épurés de bravoure guitaristique contrastent avec le climat horrifique et dérangeant de "Praying Lord Bhairava At The Foot Of Mount Kailash" (ouf !!), lorsque le fan d'ADAGIO apercevra les routes sur lesquelles Forté s'était aventuré sur Archangels In Black (2009). En vérité, Stéphan Forté propose aujourd'hui un panel de sonorités variées mais toutes reliées au Metal. Le bonhomme refuse de stagner, il tente, il assimile, il absorbe. Enigma Opera Black, bien qu'instrumental, constitue le parfait trait d'union entre le passé discographique de Stéphan (ADAGIO) et les nouveaux projets qu'il a en tête. Enigma Opera Black trahit peut-être la volonté d'un artiste de passer à autre chose : les éléments les plus agressifs de ses derniers disques l'ont amené à monter un groupe tout neuf, sorte de mélange entre FEAR FACTORY, MESHUGGAH (pas étonnant) et PANTERA. A suivre, donc...
Ajouté : Vendredi 29 Mai 2015 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Stéphan forté Website Hits: 5822
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