DAN DEAGH WEALCAN (ru/ua) - Two Straight Horizontal Lines And The Organized Chaos In Between: Director's Cut (2015)
Label : Metal Scrap Records
Sortie du Scud : 5 février 2015
Pays : Russie / Ukraine
Genre : Mathcore Experimental Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 38 Mins
Dans un désir constant d'explorer le monde, je me retrouve ce soir en Russie et en Ukraine. Hasard du destin, ironie de l'histoire, puisque l'album dont je vais vous parler est né de la fusion de deux âmes contraires, nées de deux pays en plein conflit. Qu'il en soit ainsi, cela ne fait que prouver que la musique ne tolère aucune frontière, et que l'art en général n'a que faire des conflits d'intérêt.
Moscou, Zaporizhzhya. Ce sont de ces deux villes que nous viennent Mikhail A. Repp et Eugene "Iowa" Zoidze-Mishchenko. L'un s'amuse à empiler des strates de sons, l'autre à poser ses voix dessus. Ils se sont rencontré en 2012, et n'ont eu de cesse depuis de peaufiner leur musique pour qu'elle remplisse des critères bien définis. Qu'elle soit inattendue, expressive, illimitée dans la création, tout sauf répétitive, et qu'elle expérimente constamment. Certes, le titre de ce premier album est plutôt étrange et à rallonge, mais est ce pour autant que le duo a atteint son but ?
Oui et non. Certes, leurs chansons ont un doux parfum étrange, mais déjà capté sur vinyle, Cd et autres formats par d'illustres artistes (Patton bien sur, DILLINGER, CONVERGE, et la liste serait trop longue). Ok, leurs arrangements sont "exotiques" et provoquent parfois des sursauts, leur créativité est indéniable, puisqu'en sus de leur caractère frondeur, leurs compositions tiennent debout, mais tout ceci n'est pas vraiment aussi novateur qu'ils l'auraient souhaité, et n'en déplaise à ces deux messieurs, les répétitions qu'ils voulaient tant éviter sont quand même bien là. Si l'on reste dans ce style décalé et iconoclaste, les français de 6h33 et la clique des CARNIVAL IN COAL ont déjà fait bien plus dans le genre, plus osé, plus dansant, plus bruyant, plus imbriqué et improbable. Mais ne jetons pas la pierre à Mikhail et Eugene, car leur album recèle quand même pas mal de bons moments.
Le principal reproche que je formulerai envers Two Straight Horizontal Lines And The Organized Chaos In Between: Director's Cut est son paradoxe. Car les DAN DEAGH WEALCAN, à force de vouloir être trop cohérent dans leur démarche originale, ont fini par signer un album trop répétitif. Les pistes défilent, jonglent, tiennent en équilibre, mais finissent par former un ensemble duquel il est presque impossible d'extraire telle ou telle piste. Certes, l'écoute n'est pas désagréable, mais les rythmiques trop similaires, les astuces d'arrangements trop systématiques, les vocaux trop monocordes, et finalement... On s'ennuie un peu.
Niveau son, la production voulue Lo-fi l'est vraiment. Le CD manque cruellement de puissance, et lorsqu'on jour une musique pareille, ça ne pardonne pas. Et puis soyons franc, et sans méchanceté aucune, n'est pas Mike Patton ou Ben Weinman qui veut. Là ou les deux flingués atteignaient des sommets sur le monstrueux Irony Is A Dead Scenes, DAN DEAGH WEALCAN peine à décoller, et sans doute parce qu'ils sont encore un peu timorés. Lorsque Mike et Ben envoient la sauce, ils plongent les deux pieds dans la mouise bruitiste et irrespectueuse, balancent des breaks hallucinant et presque schizophrènes, n'hésitent pas à se vautrer dans le Jazz avant de foncer tête baissée dans un mur Core, alors que Mikhail et Eugene tergiversent, restent le cul entre deux chaises, et peinent à convaincre.
Non Two Straight Horizontal Lines And The Organized Chaos In Between: Director's Cut n'est pas un mauvais disque, et parfois, c'est même franchement bon, bizarrement sur le morceau le plus long du lot. Car "Mediterranean Sky" une fois n'est pas coutume n'hésite pas, et se pare de Pop, d'électronique, d'alternatif, de Metal en fusion, et parvient à remporter l'adhésion, sans hésitation. Arrangements finauds, chant qui module, tronçonnage du thème qui ne se perd pourtant pas en route, tout est là, et prouve que les deux musiciens sont capables du meilleur lorsqu'ils le veulent vraiment. Malheureusement, ce morceau surnage dans un océan de redite, et même "Pointlessness" (le suivant direct), qui atteint presque les cinq minutes, retombe dans les travers du reste, et aligne les mêmes plans.
Rythmique cassées et élastiques, succession de segments planants et d'autres explosifs, mais las, la sauce ne prend pas, car l'ensemble n'est pas assez solide.
Les deux acolytes sont en train de travailler leur second longue durée. Espérons qu'ils aient entre temps été contaminés par le sens de l'aventure et de la "vraie" expérimentation, car il ne suffit malheureusement pas de privilégier l'originalité pour être original. Il faut la ressentir, pour pouvoir l'exprimer, et pour le moment, on a plutôt le sentiment qu'ils tentent de retranscrire en musique une sensation qu'ils n'ont pas encore éprouvée. Il n'en reste pas moins que ce premier effort présente un groupe en gestation, qui une fois les premières hésitations bravées pourra en dire plus. Bon courage en tout cas, et il fallait bien tenter quelque chose...
Ajouté : Jeudi 16 Avril 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Dan Deagh Wealcan Website Hits: 5540
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