G.L.O.S.S.*

*Girls living outside society's shit.

Extraits:
"You follow me around, catcall from behind, see my face and cut me down.'Tranny' 'Shemale', Faggot', 'Whore', but I'm a flawless bitch and you're a fucking bore"

"They told us to die but, we chose to live, straight America you won't ruin me! Sick American Dream, combating the crap, bad girls have each other's backs, lined lips, spiked bats, gotta take femininity back."

Avec un tel patronyme et de telles paroles, pas de doutes à avoir sur les intentions de G.L.O.S.S.
Le Hardcore revendicateur est bien de retour, et décidé à faire passer son message. Avec un line-up né des ruines de PARASOL, PEEPLE WATCHIN' et BAJA BLATZ, G.L.O.S.S. (Corey - batterie; Julaya - Bass; Sadie - chant Tannrr - Guitare; Jake - Guitare) vient de balancer un énorme pavé dans la mare, avec une simple démo cinq titres pour moins de dix minutes.

Un brûlot qui flirte avec le D-beat, le Punk, en gros, tous les courants susceptibles d'apporter de la puissance à son discours. Et ce discours, comme la musique qui le soutient, est d'une sincérité sans ambages. Loin des gimmicks que le hardcore peut parfois véhiculer, cette démo est un gigantesque pied dans les couilles du machisme ambiant, un violent coup de boule dans la tronche de misogynes en goguette, Dr Martens aux pieds ou pas. C'est le cri du coeur et du cul de celles qui en ont marre de se faire siffler l'arrière train dans la rue, marre de se faire traiter de salopes parce qu'elles portent une jupe, de pédales parce qu'ils/elles s'habillent et se maquillent en femmes, en gros, d'être des parias de cette société de merde qui gangrène la liberté individuelle.

En sus d'un leitmotiv récurrent et rageur, G.L.O.S.S. sait jouer, vite, fort et bien. Car toutes les punchlines qui constellent ces cinq morceaux sont soutenues par des riffs vindicatifs, une rythmique qui pilonne sans relâche, et bien sur, par un chant plein de haine, haranguant le passant avec une vindicte venimeuse qui s'insinue comme un poison dans l'âme. De l'ouverture" G.L.O.S.S. (We're From The Future) au pamphlet final "Targets Of Men", tout n'est que spontanéité, colère, désillusion et remise en place. Comme le hurle à pleins poumons Sadie dans "Outcast Stomp" :

"This is for the outcasts, rejects, girls and the queers, for the downtrodden women who have shed their last tears, for the fighters, psychos, freaks and the femmes, for all the transgender ladies in constant transition"

Bien sur, on a déjà entendu ça. Il n'y a rien de nouveau. Je ne vais pas essayer de vous refourguer de l'inédit qui n'en est pas. Mais une chose est sure par contre. Rarement les paroles et la musique auront été en telle adéquation, à un tel niveau de colère non retenue. Niveau technique, le son de cette démo est un modèle du genre. Avec ses guitares tronçonnées aux relents métalliques, sa batterie sèche, sa basse noyée dans la rythmique et son chant en avant, elle sonne comme l'album de la maturité d'un groupe confirmé. Un peu D-beat comme je le disais (surtout sur "Lined Lips And Spiked Bats", étouffant de puissance), mais empruntant au classicisme core des années 80, cette démo parue en janvier 2015 a mis la barre très haute. Point.

En contrepoint total de la démarche totalement queer des DOLLS, qui se tartinaient la gueule par simple aveu de provocation, G.L.O.S.S. n'est que justice, désir d'équité, et overdose de comportements triviaux. Ni putes, ni dupes, ni soumises. Et comment encore douter après un énième cut digne d'être inscrit au feutre, à la bombe ou au couteau sur une table:

"This makeup is for my eyes? These fishnets are for my thighs, this walk is how I got through life, you want the pepper spray first or the pocket knife?!"

La démo punk/D-beat de l'année ?
Je ne sais pas, peut être. Mais surtout, une grosse bourrasque qu'on se mange en plein coeur. La rage des laissés pour compte je pense.