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DON'T DISTURB MY CIRCLES (pt) - Lugubrious Cacophonous (2015)






Label : Ring Leader
Sortie du Scud : 28 février 2015
Pays : Portugal
Genre : Chaotic Hardcore
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 25 Mins





Il fait gris, nous sommes dimanche, vous faites ce que vous voulez mais moi je me tire, marre de tout ça. Je vais aller chercher le soleil, du côté du Portugal, à Lisbonne tiens. après tout, il doit faire beau et bon là bas...
Mais je n'ai décidemment pas de chance, à peine arrivé, je tombe sur une bande de furieux qui me traînent dans des coins sombres et louches. Un milieu interlope, peuplé de gens pas vraiment heureux, un peu en colère contre la société. Et bing, c'est pas comme ça que le moral va rebondir. Mais bon, j'y suis alors autant me fondre dans le paysage.

Et j'ai insisté, grand bien m'en a pris. Parce que c'est vrai qu'ils n'étaient pas contents ces gars, mais ils avaient raison, et l'exprimaient d'une façon tout à fait pertinente et convaincante. Alors j'ai passé mon après midi avec eux. João Coelho, Henrique Reis, Sérgio Prata Almeida et João Seixas m'ont fait entendre leur rage, et le message est bien passé. J'en suis même arrivé à vouloir vous le passer moi aussi. De fait, je m'y mets.

DON'T DISTURB MY CIRCLES, comme vous l'aurez compris, est un quartette lusophone. Mais loin de cette précision géographico-ethnique, il me faut affirmer qu'au delà de leur provenance, ils pratiquent un art difficile, constamment sur le fil bruitiste, et qu'ils gardent un équilibre instable tout à fait surprenant. Car les quatre compères se vautrent dans un Hardcore chaotique fortement métallisé, complètement convaincant, qui emprunte de ci de là des influences notables pour les fondre dans une chape de plomb qui vous écrase le thorax et le crâne. Produit en enregistré par le bassiste Sergio, caché sous un artwork signé Sandra Mota, Lugubrious Cacophonous pourrait bien être l'album Core de l'année. Imaginez la rigueur d'un EXILE transfigurée par les expérimentations rythmiques de DILLINGER ESCAPE PLAN, et vous commencerez à avoir une vague idée de son contenu.

DON'T DISTURB MY CIRCLES, c'est un début qui se base sur une finalité. Pour la petite histoire, ce furent les derniers mots d'Archimède avant d'être tué par un soldat romain. Il dessinait des cercles dans le sable, absorbé par une démonstration géométrique, lorsque le centurion mit fin à ses jours. Anecdotique certes, mais révélateur d'une démarche personnelle. Et comme le groupe le dit lui même :

"Un nom n'est rien qu'un nom... Une affirmation n'est rien si elle est vide de sens... L'art n'est rien sans une cause... La vie n'est que la mort sans la musique!"

Posée comme ça, l'équation est simple, et résolue de fait en à peine vingt cinq minutes. Basse ronde et soufflante aux avant postes, guitares qui ne se contentent pas de rester collées à un thème pendant deux minutes, batterie qui suit à l'envi et multiplie les fausses pistes, le tout relevé d'un chant vindicatif et écorché qui raccorde le tout à la réalité. Un peu comme le NEUROSIS des deux premiers albums qui aurait acquis un professionnalisme indéniable et une puissance de feu digne de DEP. Pas de pause, pas de répit, les quatre savent que le temps qui leur est imparti est compté, et foncent, la tête la première, non sans avoir préparé un sacré plan de bataille.

"Crowded Wilds" est peut être la façon la plus radicale d'aborder Lugubrious Cacophonous. Parce que c'est le morceau qui permet d'entrevoir l'entreprise sous son jour le plus secret. Multiplicité des styles, un peu Core, un peu Crust, un peu Math, mais violemment méchant, assemblage de plages contemplatives (brèves), de saillies bruitistes toutes en blasts (brèves mais percutantes en diable), de segments purement Hardcore (longs et chaotiques), tout ça en à peine cent quatre vingt secondes, avant de se fondre dans un final de bruit blanc massif ("Ruinform"), un peu stonercore si l'impertinence de l'appellation ne vous dérange pas. Bruit blanc et hypnotique dont la basse rappelle même la Némésis de TREPONEM PAL. Bon, c'est dit.

Mais avant cette chute, il aura fallu emprunter un chemin sinueux et irrégulier. Cela dit pas de subterfuge, le groupe aura mis les choses au clair dès l'entame. "Devoid" s'amuse de votre patience en jonglant avec le tempo, sans que le chanteur ne se départisse de cette haine vocale qui semble singer une rythmique en constante variation. Oui, ça peut faire mal au crâne, mais ça peut aussi remettre les idées en place. Tout comme le lapidaire "Crux" qui malgré sa brièveté ne tombe pas dans le systématisme Core en rafale et développe une ambiance poisseuse qui met mal à l'aise avec ses dissonances et ses lourdeurs. Final épileptique, c'est sans pitié. Plié.
Le même constat pourrait aussi s'appliquer au traumatique "Debris" qui joue les spoken words avant de s'offrir un final tout en hurlements absolument délicieux de rage.

Mais bon, le reste, vous vous débrouillerez vous même. je vous ai déjà posé pas mal de jalons, alors je ne vais pas faire tout le boulot. Si en vous disant qu'au mois de mars, j'ai déjà trouvé l'album de Hardcore de l'année, ça devrait vous suffire. Non ?
Alors attention, faut quand même être exigent pour aimer la chose, ne pas se contenter du minimum. Et surtout, ne pas aimer les situations qui mettent à l'aise, sans poser de questions. Car Lugubrious Cacophonous, outre sa frappe incisive et sa violence permanente est malsain, très dérangeant dans son approche. Comme la société qui nous entoure.

Ne comptez pas trop retrouver le moral après ça. Mais après tout, est ce vraiment ce que l'on cherche ?



Ajouté :  Vendredi 20 Mars 2015
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
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