SUMER (uk) - The Animal You Are (2014)
Label : Wild Heart Records
Sortie du Scud : 25 novembre 2014
Pays : Angleterre
Genre : Post Metal Hybride
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 44 Mins
CULT OF LUNA, SOUNDGARDEN, DEVIN TOWNSEND, ALICE IN CHAINS, TOOL, ISIS, MESHUGGAH, JEFF BUCKLEY, RADIOHEAD, ABBA.
Voilà, ça, c'est déjà posé. Un groupe qui cite autant d'influences disparates mérite toute notre attention ne croyez vous pas ? Quoiqu'il en soit, ma cure Thrash nécessitait une coupure, et celle ci est bienvenue. Un peu de son neuf n'a jamais fait de mal à personne. Alors oui, je me replonge dans le Post Hardcore, mon autre pêché mignon avec les fèves au beurre.
Parler de qui justement... Parler de SUMER (avec un seul M, oui), quintette du sud est de l'Angleterre, formé en 2010, et récemment signé sur le label indépendant Wild Heart Records. Car ces influences citées en début de laïus viennent de leur propre aveu. Moi je ne suis pas contre, j'adore la diversité justement. Mais sont-elles pour autant pertinentes dans le cas de ce premier long au titre énigmatique, The Animal You Are?
Soyons franc, au milieu de cette avalanche de noms jetés à la volée, certains surnagent, sur la page officielle même du groupe. Ils aimeraient que l'on perçoive leur musique comme une version Heavy du RADIOHEAD de Ok Computer, offerte en symbiose aux divagations oniriques de TOOL et KARNIVOOL. Je me sens plus en phase avec cette proposition, tant la musique jouée se rapproche vraiment du TOOL d'Aenima et 10.000 Days. Même Adam Jones approuverait cette optique, tant certaines parties de guitare lui semblent empruntées.
Mais ne nions pas l'affiliation avec RADIOHEAD aussi facilement. The Animal You Are fait preuve de la même ouverture d'esprit, la même acceptation de sonorités à priori antagonistes et pourtant associées, et se pose en élément de base, certes non prédominant, mais teintant certains titres d'une opacité que Thom Yorke aurait appréciée. SUMER, tout en s'accrochant par définition à la base Post Hardcore, lui greffe des éléments alternatifs appréciables, Pop parfois, et ouvre des perspectives inédites que les parallèles directs avec ISIS ou MESHUGGAH n'auraient pas permis.
D'ailleurs, SUMER tient à mettre les choses au clair dès l'intro. "Introspect", en sus de son titre révélateur, valide l'idée d'introspection en deux minutes et vingt cinq secondes d'harmonies vocales délicates et religieuses, à peine soutenues par quelques rares notes de piano en son final. Puis la guitare fait son entrée, en un palm mute typiquement Jonesien, qui finalement s'affaire dans un riff tenant autant de la pudeur puissante d'Adam que de certaines inclinaisons lancinantes de John Petrucci. "Chisel", outre une tonalité TOOL plus qu'évidente, rappelle aussi certains accès de fureur des DEFTONES dernière période, soudainement brisés par des accalmies en arpèges doucereuses. Ce schéma résume d'ailleurs assez bien les deux premiers tiers de l'album, qui jouent avec l'opposition d'ambiances radicalement différentes. Rythmique volubile et mouvante, guitares aériennes puis volant en rase mottes dans des accès de rage saccadée, chant la plupart du temps contemplatif, c'est une recette qui marche et que SUMER applique avec concentration et professionnalisme. Certains trouveront d'ailleurs le ton de l'album assez froid, tant les émotions paraissent contenues, mais lorsque vous décidez de plonger véritablement dans la musique, il est certain que cette impression s'estompe. Mais on peut parler sans avoir l'air stupide de sentiments amers en demie teinte, et c'est ce qui selon moi fait tout le charme de ce LP.
Progressif, osons le terme. Pas de déballage technique rébarbatif ici, mais du développement sensoriel, de celui qui laisse les couleurs se propager pour peindre un tableau personnel susceptible de parler à certains, plus sensibles que d'autres. Considérant ceci, et l'explication structurelle précédente, je vous conseille d'écouter le morceau éponyme qui en est l'illustration la plus fidèle. Arpèges fins, passages Heavy mélancoliques, juxtaposition de breaks lancinants puis hachés, chant retenu puis lâché comme un cri dans la nuit, tout est là pour appréhender au mieux la démarche des anglais.
Et si la plupart des morceaux restent concentrés dans un format court, certains se veulent volontiers plus longs, à l'image du magique "Vanes" en plein milieu du LP. Si la première partie de The Animal You Are ne laissait planer que peu de doutes quant aux accointances entre SUMER et TOOL, cette chanson en annihile les derniers restes, et s'affirme comme un héritage assumé qui fait plaisir à entendre. Mis à part la grande différence entre le chant de Ian Hill et celui de Maynard James Keenan, la partie instrumentale touche au mimétisme le plus absolu, avec toutefois quelques rares passages plus appuyés ranimant une fois de plus les DEFTONES. Mais les accents des guitares de Ian, Tim et Jim à l'unisson semblent tellement partager l'ADN de celle d'Adam qu'il est impossible de nier cette parenté, qui plus est totalement approuvée.
Et cet animal que nous sommes censé incarner trouve sa forme définitive lors du final épique "End Of Senses", qui reprend à son compte tous les préceptes énoncés durant les trente cinq premières minutes de l'album, en y apportant quand même du sang neuf. Neuf, comme les quasi neuf minutes de ce titre, porté par un panel de guitares se complétant à merveille, navigant dans les eaux troubles de riffs compacts et de notes précises et choisies, avant de s'achever dans un tonnerre de violence contenue trop longtemps, à l'occasion d'une courte coda crescendo en forme d'exutoire de clôture.
Il est certain que beaucoup d'entre vous resteront impassibles devant cet étalage de ciselages en tous genres, qu'ils jugeront surfait et trop précieux pour être sincère. Les autres, fans de TOOL principalement, seront happés dès les premières notes et entraînés dans un voyage cosmique, humain, qui développe tout au long de ses étapes des émotions palpables, parfois évanescentes, laissant une trace profonde.
Il est concevable de parler aussi du Devin TOWNSEND d'Ocean Machine, ainsi que celui de la tétralogie sur les addictions, pour cette pureté immaculée soudain tâchée de souillures alternatives et cette clarté vocale enchanteresse, semblant venir d'un autre monde.
Et lorsque l'hommage est à ce point parfait, impossible de parler de plagiat. Juste de musique qui vous touche l'âme et le coeur.
Et après avoir écouté ce disque, vous pourrez peut être répondre à cette question.
Quel animal êtes-vous ?
Ajouté : Jeudi 12 Février 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Sumer Website Hits: 6038
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