On considérait l'Angleterre et les Etats-Unis comme deux des berceaux majeurs du mouvement Hardcore, et on avait bien raison. Mais depuis que ce style musical est devenu vecteur privilégié d'une rébellion parfois mal maitrisée, il s'est répandu aussi vite que la misère dans des contrées qu'on soupçonnait hermétiques. Aujourd'hui, le Hardcore dont on parlera nous vient d'Italie et c'est finalement très peu surprenant de nous heurter à un mur contestataire comme STRAIGHT OPPOSITION quand on connaît les inégalités qui répandent le chaos social de l'autre côté des Alpes. Pescara, ville des Abruzzes surtout connue pour avoir cédé Marco Verratti au PSG, nous présente avec ce quatuor un visage qu'on ne connaît que trop bien : celui qui exprime hargne, agressivité et caractère teigneux. Sale moment en perspective.

Avec Step By Step, les ritals font plutôt le contraire de ce qui était promis. Eux qui annonçaient l'amorçage d'une évolution progressive, élémentaire, "pas à pas", n'y vont pas par quatre chemins. Ce Hardcore est définitivement radical, expéditif, révolté. Il est porté dans la propagande par les aboiements d'Ivan Di Marco (qui pour le coup font presque Death Metal). Rythmiquement, c'est beaucoup moins hésitant et j'ai envie de dire meno male. Avec l'entrée en scène (re)marquée de "Revolt", STRAIGHT OPPOSITION affirme son appartenance. Si les voix s'emmêlent un peu les pédales et n'usent quasi-jamais de chœurs scandés façon NYHC ("Manifest Of Integrity"), les instruments sont totalement dans le sujet, notamment via ce jeu de batterie typé avec ces fameux "tchuka tchuka" qui empruntent énormément au Punk. Boules d'énergie ou pelotes de nerfs, l'essentiel est finalement que ces garçons se désinhibent au fil des minutes. Plus le temps passe et plus on s'acclimate à l'ambiance ultra-belliqueuse de ce disque. Un bon point pour eux qui contrebalance avec certaines aspérités négatives, comme cette trop forte dépendance au Hardcore basique et musclé, qui empêche STRAIGHT OPPOSITION de l'illustrer autrement que dans l'authenticité de leur attitude et dans leur engagement. Aussi virulent qu'on puisse l'envisager, ça reste de la musique, et à ce petit jeu les italiens ne proposent malheureusement pas grand-chose. Gardons en mémoire qu'un groupe expérimenté comme KNUCKLEDUST par exemple, tout en préservant soigneusement les racines viriles de son Hardcore, est néanmoins parvenu à se renouveler d'album en album. Une capacité, un don qui n'est vraisemblablement pas promis à ces mecs, qui font le travail avec intensité et conviction mais qui ne sont pas vraiment aidés par cet esprit de contradiction obtus. Leurs visières pénaliseront surtout l'auditeur cherchant dans le Hardcore traditionnel une catharsis de fond et de forme.

Amputé de 50% de son intérêt primaire, Step By Step n'en est soudainement que plus fantomatique. Et si STRAIGHT OPPOSITION passe à un cheveu de nous convaincre de partir en guerre avec eux, une fois le silence revenu, la pression retombée, on n'éprouve pas spécialement le besoin de reprendre une part de ce gâteau un peu trop calorique. Pire encore, on en vient même à penser que ces 25 ridicules petites minutes sont amplement suffisantes. Limité et donc dispensable.