LYFTHRASYR (de) - The Engineered Flesh (2013)
Label : Alive Vertrieb
Sortie du Scud : 29 novembre 2013
Pays : Allemagne
Genre : Electro / Black / Indus Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 41 Mins
On s'est connu, on s'est reconnu. On s'est perdu de vue, on s'est r'perdu d'vue. On s'est retrouvé, on s'est réchauffé. Puis on s'est séparé.
Voilà que l'autre jour, je flânais tranquillou sur la Toile quand mon regard fut directement happé par cet enchevêtrement improbable de lettres qu'on n'oserait tenter au Scrabble. LYFTHRASYR, qui rime avec souvenir. Un vieil amour de jeunesse, du temps où je pensais que BISHOP OF HEXEN pouvait être une alternative longue durée à DIMMU BORGIR et à son Black sympho tagada-tsoin-tsoin. Ces Allemands faisaient aussi bonne impression avec The Final Resurrection en 2005. La belle époque. Puis d'un seul coup, plus de nouvelles. On s'est perdu de vue. Il y a bien eu The Recent Foresight deux ans plus tard mais rien de fameux. Alors on s'est r'perdu d'vue...
J'ai presque du mal à croire qu'Aggreash, tête pensante du projet depuis sa création en 2002, soit toujours dans le circuit. Et pourtant, The Engineered Flesh en est une preuve marquante, d'autant plus marquante que le bonhomme solitaire s'est depuis entouré d'un certain Tomasz Janiszewski, plus connu sous le pseudonyme de... Nefastus. La batterie sur Pestapokalypse VI et Walpurgis Rites – Hexenwahn de BELPHEGOR, c'était lui ! Et la batterie sur Continue To Kill et Rockers & War de DEBAUCHERY, c'était lui aussi ! Sans parler de FLESHCRAWL, ZOMBIE INC, DISINFECT... Bref, le projet LYFTHRASYR semble armé pour renaître de ses cendres, et avec lui, leur Black / Death symphonique d'antan. Hélas, rien ne va se dérouler comme prévu. Si je retrouve dès le début mon amour de jeunesse (notamment grâce aux pianos endiablés de "The New Era Of Immortality"), je ne le retrouve pas exactement dans l'état où je l'avais laissé. Poussées de sébum sur le front, lunettes double-foyer, petit filet de bave en coin, 80kg dont 60 concentrés entre l'appendice xiphoïde et les rotules, réserves de graisses façon "camélidé" sur le cul, miss Playa 2005 est devenue miss Foire aux Asperges Carrefour 2013. Il ne manque plus que le tamagotchi et LYFTHRASYR battra un record de "geekitude". Si je suis un peu extrême et pas franchement sérieux, c'est parce qu'on va revenir maintenant à une analyse beaucoup plus terre-à-terre, avec son lot de constats consternants. Je suis très déçu de l'évolution des Allemands. Au-delà du fait que The Engineered Flesh n'est plus vraiment à considérer comme un disque de Black Metal, il rompt également avec la macabre musicalité des albums précédents. Ici, le duo s'investit à cor et à cri dans un concept qui est certes respectable, mais qui ôte toute humanité à ces quelques compositions. Exit les mélopées lugubres mais organiques de "Voices From Beneath", place aux arrangements futuristes et kitschouilles de "Soul Transition Interface". Le bon vieil esprit frappeur est remplacé par un fantôme 2.0 avec cyber drap blanc et chaines interface Bluetooth. LYFTHRASYR s'enferme dans un univers froid, mécanique, industrialisé, où la batterie triggée à en pleurer interfère sur des samples au charme plastifié ("Evolution"). Il demeure de leur Black symphonique passé ce sens spectaculaire de la mise en scène, puisque ce troisième opus est, comme les autres, extrêmement théâtral. Mais à mi-chemin entre Electro, Indus et Black Metal, il n'y a aucun autre rapprochement à faire avec The Recent Foresight. A peine le tempo modéré de "Mind Simulator" évoquera-t-il brièvement le flegme décadent de The Final Resurrection. Quant au reste, c'est comme un cœur artificiel. Performant mais incapable d'aimer.
Il y a donc diverses notions de froid. Le froid réel et le froid ressenti. Qu'importe la situation, les températures ne sont jamais bien élevées au cœur d'un album de LYFTHRASYR. C'est au moins une constante qu'il faut leur laisser. Mais qu'il est étrange de tomber sur un froid qui vous laisse... de glace ! The Engineered Flesh, après six ans d'absence discographique, devait forcément marquer les esprits, et finalement comment leur reprocher de ne pas se cramponner à d'ancestrales convictions alors qu'on se plait à dire qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ? Elément de réponse : en reconnaissant que ce nouveau virage, artificiel en diable, ne fonctionne simplement pas.
Ajouté : Vendredi 01 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Lyfthrasyr Website Hits: 6354
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