Verra !

"On saluera les idées, les efforts, car leurs présences combinées réconfortent et égaient considérablement La Règle Du Je, mais on attendra quand même sagement ce premier full-lenght pour se prononcer. Qui vivra..." (extrait de la chronique de La Règle Du Je). Verra !

Il est désormais temps pour DAGARA de connaître la vérité, tout le bien, tout le mal qu'on pense d'eux. C'est nécessaire, car on sait tous ici qu'un premier EP de 5 titres et 25 minutes, aussi louable soit-il, n'est qu'un maigre avant-goût. Qu'il est comme la fonction "aperçu" sur eMule quand tu télécharges Cum In My Ass, Not In My Mouth #3. A peine le temps d'avoir une demi-molle que c'est déjà fini. La version longue, c'est donc pour maintenant, en suivant La Route Du Chaos. L'occasion pour moi de relever trois détails.

1 – DAGARA semble toujours autant attaché à la complexité et à la richesse de la langue française.
2 – Cette pochette me fait étrangement penser à celle d'Idiocracy de VIOLENCE FROM WITHIN.
3 – Sauf qu'un manque de lumière flagrant éclipse tous ses détails.

Dans son déroulement, maintenant, il convient de constater d'abord que La Route Du Chaos est un album qui ne renie pas forcément La Règle Du Je mais qu'il s'en distingue à bien des égards. On est en présence d'une œuvre complète, brossée, grouillante, censée matérialiser les forces et les faiblesses de l'entité DAGARA. Comme j'avais déjà pu le remarquer dans le passé, certains paramètres font de ce groupe ce qu'il est aujourd'hui, et c'est avec pas mal de satisfaction qu'on les retrouve ici. Les percussions (plus probablement le djembé, lequel cognait déjà sur l'EP) qui font écho à la prestation proprette de Camille (successeur de Richard) et apportent une profondeur à ce Metal nimbé de Hardcore, Metalcore et rythmiques Thrash. Il y a aussi les textes en bon français. Certes, ça ne respire pas la joie de vivre, mais on est quand même loin de la prose chamallow d'un TESS. Et pour finir, il y a eux. Jim et Max. Deux chanteurs, deux coffres, deux timbres. Autant je trouvais leur entente approximative sur l'EP, autant le placement et la puissance sont deux éléments beaucoup plus travaillés ici. Deux éléments qui participent à la crédibilité de La Route Du Chaos, deux éléments qui départissent DAGARA de ce sentiment de relatif amateurisme régissant La Règle Du Je. Plus pro et surement plus mémorable, cet opus jouit également des faiblesses inhérentes au groupe n'ayant pas vingt ans de carrière derrière lui. Ainsi, j'ai tendance à trouver la formule proposée par le combo assez banale dans l'idée, même si sa mise en œuvre est foutrement dynamique, hargneuse et taillée pour la scène. Il y a l'esprit du Hardcore, la vitesse du Thrash, la modernité d'une production correcte, mais tout ça ne sépare pas vraiment les Parisiens de ce qui se fait ailleurs. DAGARA aura encore du mal à chasser cette image de jeunots, parce que leur Metal 2.0 croustillant à l'extérieur, est encore relativement cru à l'intérieur. Et il manque ce tube, ce hit en puissance qui rendrait l'album moins homogène, cette pièce centrale autour de laquelle graviteraient toutes les autres. Est-ce "Le Miroir" ? Est-ce "Le Meilleur Et Le Pire" ? Est-ce "Memento Mori" ? On ne le sait pas vraiment.

J'ai vécu, et j'ai vu. J'ai vu le chemin parcouru par DAGARA en plusieurs mois, et je l'approuve car il est de ceux qui font avancer le dialogue. Sans pour autant atteindre la transcendance par le biais d'une musique en laquelle je ne me retrouve de toute façon pas beaucoup, je peux décréter sans trop craindre pour ma vie que ces garçons ne sont assurément pas toute la sainte journée sur la route qu'ils dépeignent via ce premier effort. Heureux paradoxe.