THE OSIRIS CLUB (uk) - Blazing World (2014)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 2 juin 2014
Pays : Angleterre
Genre : Progressive Horror Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 39 Mins
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Cette devise, de nombreux groupes l'ont faite leur, et se contentent du strict minimum. Compositions standard, inspiration usée jusqu'à la corde, influences ressassées ad vitam aeternam, ou bien choix délibéré de s'en tenir aux classiques, par inclinaison naturelle, manque de moyens, ou facilité. Le constat n'est bien sur pas générique, et ne verse pas dans la fatalité, loin de là. Mais lorsqu'on fouille sur le net à la recherche de nouveautés, on tombe invariablement sur un cortège de déjà entendu, de redite inintéressante et maladroite, d'absence de prise de risques, et... On s'ennuie !
Alors, lorsqu'un groupe tente, et réussit quelque chose d'un tant soit peu novateur, la satisfaction est grande.
Je ne prétend pas ici encenser à outrance et gratuitement pour le simple amour de la formule, car tel ne sera pas le cas. Je n'essaierai pas de faire passer THE OSIRIS CLUB pour des sauveurs, ce qui serait péjoratif puisque telle n'est pas leur ambition. Je vais simplement vous dire que face à la qualité, l'inventivité, et le désir d'innovation d'un tel album, l'enthousiasme est de mise. Rien de plus.
Blazing World de THE OSIRIS CLUB est un projet qui a nécessité quatre ans de préparation, et qui à la base devait être exclusivement instrumental. Après mure réflexion, et l'entame du processus de composition, le chant à trouvé sa place, et l'entité abstraite est devenue un groupe à part entière. Composé de vieux routards, parmi lesquels des anciens ANGEL WITCH, WINTERS, ELECTRIC WIZARD ou ZOLTAN, auxquels s'ajoutent pour une participation ponctuelle Sarah Anderson de CHROME HOOF et des membres de THE ACCUSED, THE OSIRIS CLUB peut être vu comme un hommage moderne à la musique de films d'horreur et au progressif des années 70. Les musiciens citent volontiers dans leurs influences musicales et cinématographiques des artistes comme Georges Romero, les firmes Amicus et Hammer, Lovecraft bien sur, mais aussi VOÏVOD, RUSH, KING CRIMSON, les CARDIACS, et même Dario Argento.
Et vous savez quoi ? C'est assez pertinent. Mais surtout, ce mélange qui pourrait au prime abord sembler passéiste et risqué s'avère finalement payant, tant leur album ressemble à un film pour les oreilles, dans la grande tradition des concept albums d'il y a trente cinq, quarante ans. Conçu pour être écouté dans son ensemble, Blazing World est un disque qui révèle toutes ses richesses après plusieurs écoutes, sans être pompeux ni redondant. Basé sur les nouvelles de Margaret Cavendish, écrivaine anglaise de renom, spécialisée dans l'occulte, comme Edgar Allan, caché dans une pochette sublime signée par Andrew Prestidge, Blazing World n'est rien de moins qu'une porte ouverte sur un monde parallèle, comme ses auteurs l'avait imaginée.
Musicalement, il n'y a rien à dire, c'est carré, propre, inventif, proposant toujours une idée originale et efficace. On y trouve un peu de tout, selon les morceaux, et j'avoue surtout y avoir trouvé mon compte. J'y ai senti de fortes réminiscences de la scène progressive anglaise des 70's bien sur, école de Canterbury en tête, en plus cinématographique que théâtral toutefois. J'y ai entendu des sonorités que n'auraient pas reniées les GOBLIN de la grande époque, en moins synthétique, des petites touches plus modernes, à la CHROME HOOF justement, dans ce désir de faire revivre le psychédélisme d'antan à la sauce moderne, et de développer des ambiances sur la durée.
Et de petites touches éparses, comme cette voix qui prend parfois les accents de Peter Elbling annonçant la naissance de Beef dans Phantom of the Paradise de De Palma, ou comme ce Hard Rock de l'espace striant "Undoing Wrong" de rai lumineux glacés dans la lignée du Krautrock le plus formel... Can rencontrant KISS ? Possible, mais peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! Car on pourrait aussi citer la rigueur du Post Punk des early 80's, la Pop froide allemande...
Seul pièce à être restée complètement instrumentale, "Miles and Miles Away" est l'illustration parfaite de la volonté des musiciens de proposer leur propre melting-pot des sources déjà énoncées. Structure alambiquée, segments indépendants multiples, la base est saine et éprouvée. Ajoutez à cela des claviers fantomatiques dans la plus grande tradition des BO gothiques anglaises des seventies, des riffs sombres et tendus, des cocottes de guitares éparses et inquiétantes, des arrangements surnaturels, et vous obtiendrez la bande son d'un cauchemar en boucle, qui demande à être rejoué indéfiniment. Et ce, malgré un final en cul de sac...
Le mixage de Randall Dunn, qui a déjà travaillé avec SUN O))), rend de plus parfaitement hommage à l'enregistrement purement analogique accompli au studio Orgone de Londres, et offre une patine presque d'époque au travail global des musiciens. Même avec un format mp3 compressé, le son est ample, les basses girondes, les guitares surfent sur des mediums confortables, et l'écoute numérique prend des airs de tours de vinyle vraiment appréciables.
Comme je le disais en introduction, pas de superlatif excessif, ni de dithyrambe déplacée dans cette chronique. Juste la vérité, rien que ça, vérité qui place THE OSIRIS CLUB parmi les meilleures découvertes de ce premier semestre 2014. Musique soignée, aventureuse, qui se sert du passé pour se projeter vers l'avenir, jouée par des musiciens passionnés, c'est une recette sans faille qui fait de Blazing World un album à ne manquer sous aucun prétexte, pour peu que les années 70 soient pour vous une référence autant cinématographique sur musicale. Si vous avez la chance de voir le groupe lors d'une de leurs rares apparitions scéniques, vous profiterez en plus de l'image, plaquée sur les sons.
Et puis, brodons pourquoi pas.
A quand un film les gars ?
Ajouté : Lundi 28 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Osiris Club Website Hits: 13622
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