KHROMA (fi) - Collapse (2014)
Label : Inverse Records
Sortie du Scud : 28 mars 2014
Pays : Finlande
Genre : Deathcore Industriel
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 35 Mins
De deux choses l'une. Ou vous avez les oreilles et les enceintes/casque solides, et vous pouvez vous envoyer Collapse de KHROMA, ou vous avez les pavillons sensibles et les woofers usés, et il vaut mieux passer votre chemin. Voilà, cet avertissement donné, vous savez à quoi vous attendre, cette chronique peut donc commencer.
Les finlandais savent se réchauffer. Il est vrai que la bas, la température tombe vite, bas, et longtemps. Alors, plutôt que de se vautrer dans un alcool de pomme de terre ou de fruit local, il vaut mieux se remplir les esgourdes, les caler bien au chaud, pour pouvoir passer un hiver supportable.
Et puis il faut bien s'occuper aussi. Les jeux de cartes c'est sympa, la télé aussi, mais la musique c'est mieux.
Alors, tant qu'à faire et dans le but de privilégier la production locale, les finlandais fabriquent aussi leur mélodies. Et non, tout n'est pas à base de folklore local, les musiciens ne sont pas tous en peau de bête une hache à la main.
Ils savent être cyber aussi. La preuve avec ce premier album de KHROMA.
KHROMA c'est simple. Electronique poussée + Inclinaisons Deathcore = boucan du tonnerre. En gros, si Bill Leeb de FRONTLINE ASSEMBLY se plongeait dans la discographie de FEAR FACTORY ou de WHITECHAPEL, et décidait de mixer leurs albums avec la production et les arrangements de son groupe, ça donnerait Collapse.
Mais pas de tromperies, et n'inversez pas l'équation je vous prie. Car KHROMA est avant tout un groupe électronique, qui a injecté une bonne dose de Metal dans sa musique. On y retrouve un peu de tout d'ailleurs. Du Trip Hop venimeux, un peu de Dubstep bien féroce, beaucoup d'arrangements dynamiques, et bien sur, pas mal de Metal, bien velu aussi.
Pour un premier album, les finlandais ont mis les petits plats dans les grands, avouons le. Production énorme, morceaux calibrés, tout est là pour s'imposer. Mais ce qui rend cet album si prenant, c'est son utilisation des sub-basses profondes, à la limite du Drone, et qui confèrent à l'ensemble une puissance hallucinante qui vous laisse scotché au siège. De plus, les musiciens ont eu l'intelligence de ne pas laisser traîner leurs morceaux en longueur, ce qui apporte à un ensemble très compact la cohésion et la force de frappe indispensables.
Au niveau des titres en eux mêmes, on pense parfois à du CROSSBREED poussé à l'extrême, du KILLSWITCH ENGAGE qui se serait pris de passion pour un Indus/EBM torride, voire du BRING ME THE HORIZON dopé aux anabolisants digitaux et défaits de ses oripeaux les plus systématiquement Core. Et lorsque le quartette décide d'alléger le menu, et de privilégier des arrangements électroniques plus light, il n'en demeure pas moins passionnant. Ainsi, l'hermétique et lourd "A Vessel To Steer" développe des sonorités vraiment étouffantes, et brise la courbe ascendante du monolithe pour l'entraîner sur un terrain plus nuancé, mais tout aussi suffocant.
Sur les chapitres les plus saignants, KHROMA à opté pour des rythmiques et des riffs saccadés à outrance, dont il résulte un sentiment assez étrange de "production industrielle", comme si nous nous trouvions dans une usine, à la fin d'une chaîne de montage. Le très régulier "Panopticon" est même le parangon de cette optique, et nous ramène aux plus grandes heures de FRONTLINE justement, lorsque des motifs répétés à l'envi nous hypnotisaient pendant quelques minutes. A l'opposé de ce choix, on trouve aussi des idées intéressantes, comme l'adjonction d'une voix féminine sur le final "The Martyr Acts", qui multiplie les gimmick synthétiques pour se retrouver à l'orée d'un onirisme séduisant.
Le spectre de MESHUGGAH période Chaosphere / Catch 33 pointe même le bout de son nez sur "Exif Data", à la construction asymétrique et hachée symptomatique des suédois. Même guitare en suspens, même pattern rythmique décalé, la ressemblance est troublante, et le fait d'y avoir ajouté des pointes électroniques rend la recette encore plus parfaite. Chapeau !
Si de prime abord Collapse à des airs de bloc incompressible et indivisible, il révèle ses richesses au fur et à mesure des écoutes, et les détails de sa composition émergent petit à petit pour au final révéler sous son meilleur jour une oeuvre ambitieuse et complexe. Je n'ose imaginer ce que pourrait donner un tel coup de poing en concert, mais je n'ai qu'une chose à dire. J'ai hâte d'y être !
Ajouté : Dimanche 27 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Khroma Website Hits: 10004
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