NOTURNALL (br) - Noturnall (2014)
Label : Metalville
Sortie du Scud : 13 février 2014
Pays : Brésil
Genre : Power Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 47 Mins
Même si ce nom ne vous dit rien, sachez que NOTURNALL est loin d'être composé de manchots en la matière. Ce quintet brésilien... Attendez, ça me fait penser à une blague qu'on m'a racontée cette semaine. Ce sont sept footballeurs brésiliens qui rentrent dans un bar, et qui demandent à boire un Coca Light chacun. Alors le barman leur répond : "J'ai plus de Coca Light .... Je vous mets 7 Zéro ?". Bon OK, elle est facile et puis on ne va pas tirer sur l'ambulance, d'autant qu'ils ont quand même réussi à en marquer un quand même, sans éviter l'humiliation totale.
Alors un peu à l'image de sa Seleção (l'équipe de foot brésilienne pour les non-initiés), NOTURNALL se cherche un peu en termes de style (les mauvaises langues diront que l'équipe de Scolari n'en a pas, mais j'arrête les douloureuses comparaisons). Pour y voir plus clair, dites-vous que les 3/5 de l'actuel SHAMAN (groupe monté à l'époque par l'ex-ANGRA André Matos) se retrouvent à jouer sur Noturnall, à savoir Thiago Bianchi (chants), Fernando Quesada (basse) et Leo Mancini (guitares). On ne présente plus Thiago Bianchi, frontman de KARMA et producteur très occupé ces dernières années pour REVOLUTION RENAISSANCE (le groupe de Timo Tolkki), ANGRA, TUATHA DE DANNAN et même la diva finlandaise TARJA. Quant aux deux membres restants, il s'agit du fameux Aquiles Priestler à la batterie (pour rappel, il officia au sein d'ANGRA de Rebirth à Aurora Consurgens) et du Juninho Carelli aux claviers, même si ce dernier joue un rôle très mineur... On y reviendra.
Je vous disai donc que NOTURNALL manquait un peu de style propre. De ce côté-là, sans se mentir, c'est le bordel. Imaginez que le chanteur est un gros fan de PANTERA, que le bassiste et le batteur adorent IRON MAIDEN, que le clavier n'a d'yeux que pour DREAM THEATER, et que le guitariste fait ce qu'il peut pour combiner tout ça. Vous y êtes ? Non ? Ah ben ça tombe bien parce que moi non plus. Et puis le gigantesque Russell Allen – frontman de SYMPHONY X – étant venu filer un coup de main à la production (monstrueuse, soit dit en passant), on s'y perd un peu plus... Ne croyez pas que NOTURNALL soit un clône de SYMPHONY X, loin de là, ou alors peut-être un clône de SYMPHONY X qui se prendrait pour PANTERA : réécoutez certains passages de The Odyssey (2002) ou de Paradise Lost (2007) et vous comprendrez.
Le résultat se synthétise très facilement : Noturnall semble coupé en deux. La Face A serait constituée de 5 titres au profil identique : un enchainement de couplets très techniques, où l'empreinte de Dimebag Darrell s'avère criante, et des refrains plus mélodiques où Bianchi cesse de se prendre pour Phil Anselmo. Aquiles Priestler est déchainé et perd tout le monde en route avec ses contretemps et autres changements de rythme torturé ... La démarche atteint son paroxysme sur "Zombies", les saccades succédant aux subtilités improbables du métronome. C'est également le cas sur "Master Of Deception" où l'on est à deux doigts de décrocher. Mais il y a du très bon dans ce métissage, à commencer par "Noturnal Human Side" où Russell Allen s'invite au micro, et même si Thiago Bianchi s'en sort toujours avec les honneurs, le chanteur de SYMPHONY X écrase tout le reste avec un charisme vocal inégalé. Un petit mot sur Leo Mancini : ses rythmiques panteresques forcent le respect et ses soli l'imposent comme un virtuose à suivre de très près dans les années qui viennent.
Quant à la Face B, comment dire ? Déjà qu'il n'est pas évident d'enchainer après un "Saint Trigger" technique au possible, mais alors quand arrive "Sugar Pill"... Quel rapport avec le reste ? Certes, il fallait bien qu'on distingue un peu les claviers de Juninho (il était bon aux coup-francs, lui, non ?) et que Leo Mancini nous envoie encore un solo du tonnerre, mais de là à s'adonner au Metal mélodique digne de SHAMAN justement, ce virage brutal trahit un manque de cohérence incompréhensible. On parle d'une bonne chanson, très agréable, mais qui n'a pas sa place avec le répertoire proposé jusqu'ici. D'autant que deux ballades, "Last Wish" (assez belle) et "The Blamegame" (dispensable) complètent cet imbroglio. Passée la déclaration d'amour au Neo-Metal américain ("Hate") et ses allusions insupportables, on retrouve bien quelques riffs menaçants ("Fake Healers"), mais le mal est fait et NOTURNALL n'est plus crédible pour un sou.
Venant de la part de musiciens comme ceux-là, aux projets multiples et aux CV longs comme le bras, on s'interroge sur l'utilité réelle d'un combo comme NOTURNALL. ANGRA ne va pas bien, SHAMAN en est la parodie parfaite, André Matos a disparu de la circulation et les autres pointures comme ce Thiago Bianchi ne savent plus franchement où aller. A l'image de son football, on est en droit d'exiger beaucoup plus du Metal brésilien.
Ajouté : Samedi 26 Juillet 2014 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Noturnall Website Hits: 12008
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