THE BRIDAL PROCESSION (2006 – 2013)

Merci, au revoir. Six ans après avoir vu la lumière du jour, THE BRIDAL PROCESSION découvre la lumière de la nuit. 2013 a sonné le glas d'une des formations les plus prometteuses en matière de Death Metal moderne. Pour être franc, on sentait depuis longtemps que ces garçons filaient mauvais coton mais pas au point d'en déduire, trois ans après sa parution, qu'Astronomical Dimensions était un cache-misère. The next big thing était sur la voie du carton plein quand il y a eu dysfonctionnement. Une belle réputation étatsunienne commençait à se mettre en place, sans parler d'une France forcément un peu aigrie devant tant de vista et de talent. Puis 2013, l'imbroglio, le chaos. Un second album, Descent Into Arcologies repoussé puis repoussé encore pour finalement sortir sous format digital. Entre temps, un split célébré sur les réseaux sociaux par un communiqué en anglais (toujours bien vu pour un groupe français) et quelque part, le sentiment d'une fatalité pour une formation à l'existence tumultueuse, presque maudite des dieux.

On ne saura jamais véritablement ce qu'il s'est passé et peut-être est-ce mieux ainsi. En tout cas, cette séparation n'empêchera personne de jeter une oreille sur ce second effort, qui aurait véritablement mérité de sortir dans de meilleures conditions. Sur la lancée d'Astronomical Dimensions, cet album démarre avec comme de coutume, des dispositions très théâtrales et grandiloquentes. Le Death Metal de THE BRIDAL PROCESSION est comme ça. Epique, orchestral, composé, musical et teinté d'une sombre symphonie entre macabre et futurisme. Le piano a toujours une place plus ou moins centrale dans cette cacophonie surréaliste, lui et les arrangements très cinématographiques (l'introduction de "Birthing Of The Sick" est un modèle du genre, l'arrivée de l'orgue rappelle un peu l'arrivée de Fantômas dans son ascenseur) font sombrer Descent Into Arcologies dans un univers composé de grands espaces. Il ne fait pas bon être agoraphobe, car ce disque est dense. Les ambiances sont changeantes, peut-être un peu trop à la longue mais c'est aussi ce qui fait la personnalité du projet. Ne basculant jamais dans la surenchère symphonique grotesque, n'employant jamais de moyens démesurés pour parvenir à ses fins, maintenant toujours un drôle d'équilibre entre violence, Death Metal et orchestrations, THE BRIDAL PROCESSION ne fait finalement que confirmer le potentiel entendu sur Astronomical Dimensions. Ainsi, les participations d'Aaron Matts (BETRAYING THE MARTYRS) sur "Divine Enlightenment" ou de Nick Arthur (MOLOTOV SOLUTION) sur "Universal Secrecy" attestent du changement de dimension du combo, qui a(vait) trouvé son chemin et sa crédibilité. Pratiquement deux fois plus long que son prédécesseur (68 minutes contre 39), Descent Into Arcologies est certes d'une longueur enivrante, mais également d'une subtilité rare, à l'image d'un "Coalescing Destinies" d'abord Rock N' Roll puis planant (avec il est vrai un brin de chant clair) ou d'un "A Solar Symbiosis" instrumental, technique, à forte teneur en mathématiques. On pourra en dire ce que l'on veut, mais les efforts fournis pour pondre cette galette prouvent en quelque sorte le sérieux dont les mecs faisaient preuve et leur profond respect pour un public qui, niveau consistance, s'est retrouvé gâté.

C'est donc avec un brin de regret que l'aventure s'arrête. Il apparaît plus ou moins évident que "Coalescing Destinies" marque bel et bien la fin de l'entité TBP dans la forme qu'on lui connaissait. Et si une formation de ce potentiel n'avait pas d'avenir, je ne vois pas qui d'autre en aurait eu. Mais il y a eu des choix, des paramètres, des décisions et tout un tas de choses qu'on ne soupçonne pas. Et encore, ces mots doivent être bien en-dessous de la réalité. Ils auront en tout cas eu raison de THE BRIDAL PROCESSION, en dépit du courage consenti.