DOGS FOR BREAKFAST (it) - he Sun Left These Places (2013)
Label : Subsound Records
Sortie du Scud : 26 avril 2013
Pays : Italie
Genre : Hardcore / Sludge
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 50 Mins
Il y a dans les formes, dans la chaleur de cette pochette, un tout petit côté GOJIRA période The Link. Imperceptible. Un je-ne-sais-quoi qui évoque le métissage. Peut-être cette main illustrée, comme tatouée au henné, est-elle le prolongement d'un bras tendu vers l'autre ? On se plait à envisager cette hypothèse, comme pour se rassurer devant l'inconnu. Car DOGS FOR BREAKFAST, c'est le plongeon vers l'underground, le grand saut dans la campagne piémontaise. Enfin, je parle d'inconnu mais rassurez-vous, ça n'a rien d'un no man's land non plus. Il vous suffira de parcourir une quinzaine de kilomètres vers l'Ouest pour atterrir dans notre bon vieux parc national du Mercantour. Et c'est finalement avec un brin de soulagement qu'on accueillera ce trio comme des voisins un peu paumés, un peu marginaux, mais remplis d'une bonne volonté évidente. C'est à peu de choses près la seule véritable qualité de ces garçons qui déboulent en ce printemps 2013 avec leur nouvel effort studio, The Sun Left These Places.
Car on a beau en faire le tour, l'analyser sous toutes ses coutures, le démonter et le remonter dans des sens divers et variés, le décortiquer avec hésitation telle une gamba visqueuse, cet album n'offre pas de véritables réponses quant à sa véritable nature. Il y a et il y aura toujours un froid entre DOGS FOR BREAKFAST et nous. Une distance. Pourtant, les choses avaient plutôt bien commencé avec un "January 21" éthéré, grimpant progressivement les étapes pour aboutir à une astucieuse distillation de Post-Hardcore nuageux. Le groove est bon, l'atmosphère est moite, l'intro de "Cypress Grove Blues" est fabuleuse, "Father Sea" est juste flippante mais c'était finalement un écran de fumée. Plus The Sun Left These Places avance et plus l'image du groupe sympa s'effrite. On finit par ne plus bien comprendre la direction musicale de ces garçons qui marient sous un ciel ensoleillé Hardcore, Metal et Sludge. Certes, la combinaison n'a rien d'incongrue. Que ce soit les lignes Black de "Vision" ou le hachage rythmique de "The Lady" à partir de 3'13'', pas mal de compromis sont consentis pour élargir un champ de vision loin d'être étriqué. Ce qui gêne finalement, c'est l'inefficacité globale de cet album et sa non-inventivité. Des formations de ce calibre, on en a désormais à la pelle chez nous, et des meilleures. Ce type de Post-Hardcore chaotique est devenu l'exutoire spirituel des artistes cocaïnés et il est franchement désolant d'en entendre un aussi stérile. Là où c'est généralement oppressant, apocalyptique, hiroshimiesque, The Sun Left These Places est simplement mimi-tout-plein, pas super dérangeant et relativement facile. A l'image de ce chant totalement étouffé, bien dans le style Noise Rock, la musique de DOGS FOR BREAKFAST rame terriblement à la seule idée de devoir s'imposer en jouant des coudes. C'est timide, ça parait facile (et finalement, quand tu écoutes une compo comme "Red Flowers", ça ne l'est pas !), finement cousu de fil blanc. Quelques coups de pieds au cul se perdent et je pèse mes mots, car il en faudrait peu pour que les Italiens se réveillent un peu mieux basculent dans un univers vraiment glauque et angoissant.
C'est donc avec un sentiment mitigé que s'achève cette œuvre inégale. Au mieux, DOGS FOR BREAKFAST tenait à démarrer en douceur. Au pire, ils n'ont pas les moyens de tenir leurs promesses. Beaucoup trop réfléchi, banalement déstructuré, pas assez spontané, The Sun Left These Places est un coup d'épée dans l'eau. Quitte à bouffer du chien au petit-déjeuner, autant faire l'impasse sur les lévriers, trop rachitiques, et passer directement aux molosses.
Ajouté : Mardi 11 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Dogs For Breakfast Website Hits: 5752
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