GRACE DISGRACED (ru) - Enthrallment Traced (2013)
Label : More Hate Productions
Sortie du Scud : 1er mars 2012
Pays : Russie
Genre : Brutal Death Metal technique
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 44 Mins
Quelque chose n'était pas tout à fait net. J'ai écouté et réécouté Enthrallment Traced sans même chercher à faire connaissance avec GRACE DISGRACED. Je me suis demandé ce qui faisait réellement le seul charme de ce groupe de Death Metal mi-technique, mi-brutal, mi-figue, mi-raisin. La réponse était si simple. Leur chanteur est une chanteuse ! Ok, on est d'accord, en faisant un peu plus attention, on pouvait le deviner. Comme on pouvait très bien deviner que le chanteur d'ARCH ENEMY n'avait pas ce deuxième organe, fier, masculin, à l'époque de Black Earth ou Stigmata. Combien de fois avez-vous déjà entendu la phrase "tu vas être sur le cul, c'est une chanteuse, elle s'appelle Angela !" ? Même combat. Ici, la différence s'appelle Polina Berezko, moscovite, née le 14 septembre 1988. Avec elle, rien de notable, un guitariste, un bassiste et un batteur, sorte de Rogga Johansson à chapka, Dom Juan des baguettes, impliqué 10 projets, batteur live pour deux groupes et passé dans pas moins de 21 autres groupes.
La distillation de ce concentré de testostérone (et d'un peu d'œstrogènes) a abouti en 2012 à un premier disque, dont l'odeur franchement nauséabonde ferait presque passer la culotte de Polina après un concert pour un sapin sent-bon. Niveau visuel, rien à redire, GRACE DISGRACED est déjà profondément enraciné dans le vrai. Couleurs chaudes, saignantes, du logo aux visages pétrifiés, on devine vite la nature du groupe, en lui accordant de ce fait un très grand crédit. "Prophecy Of The Somnambulist" se lance. C'est violent, assez brouillon avec très tôt, une chute rythmique mal fagotée. Un choix précoce qui dénote d'emblée la trop grande impatience de ce combo russe qui semble vouloir exposer sa palette technique sans aucune forme de préméditation. Erreur de jeunesse ? A ce moment précis, on peut encore y penser. Mais à l'arrivée d'"Hypocritical Oath", de son sample piteux digne de la scène la plus tendue d'un épisode de la saga Saw, de son premier riff en papier kraft, on commence à comprendre que GRACE DISGRACED est soit un groupe qui a voulu brûler les étapes, soit un groupe qui a bâclé les finitions, soit un groupe limité. Personnellement, plus cet opus déroule, plus je vais avoir tendance à éliminer les premières propositions pour ne garder que la dernière. Non seulement les compositions sont longues (6 minutes en moyenne) mais en plus, et c'est là le plus grave, elles sont totalement inoffensives. Paradoxalement, si on pouvait penser, dans un élan de machisme éhonté, que Polina est à l'origine de ce manque de mordant, de cette brutalité très machinale, on réalise que ce sont surtout ses musiciens qui n'assurent pas. Les morceaux sont squelettiques, décharnés, bricolés avec les moyens du bord. Du ruban adhésif, de la colle non-homologuée, juste bonne à couper la drogue chez un dealer de supermarché, des clous rouillés. Rien ne semble stable, solide, encore moins cimenté. Assumant totalement la pression exercée sur eux par un groupe comme SUFFOCATION, les Russes ne rendent pas vraiment hommage à Frank Mullen et aux siens. Tout au plus, GRACE DISGRACED est une vague contrefaçon de DEVOURMENT touchée par le bruitisme technico-stérile de BRAIN DRILL. Aucune composition ne se démarque, ni par un riff, ni par une cadence, ni par un break ("Villain" ? Faites moi rire). Tout est bêtement prévisible, très amateur dans l'esprit. Certes, l'image de la petite troupe de Brutal Death UG roots jusqu'à la moelle est omniprésente, mais elle ne suffit pas à combler les nombreuses carences qui émaillent Enthrallment Traced. Dans ce fourbi inconfortable à l'arrière goût de mayonnaise qui a pris le soleil, seule Polina s'en sort finalement avec un minimum d'honneur. Ses vocaux, censés faire toute la différence, remplissent leur rôle, mais pas dans le sens qu'on espérait. Au lieu de donner le coup de grâce, ils sauvent l'album d'une noyade totale, d'une mort absurde. Je suis sûr que la belle se serait très bien entendue avec les PUTREFIED BEAUTY, contrairement à ses collègues qui auraient vraisemblablement pris une leçon de Death vaginal.
Quelque chose n'était pas tout à fait net, en effet. Et après avoir pris en compte chaque paramètre, chaque facteur, la seule chose qui n'est pas net chez GRACE DISGRACED, c'est leur Death Metal. Non seulement, Enthrallment Traced n'a jamais su trouver son chemin entre Death technique et Death brutal mais en plus, les nombreux moments qui assument cette impersonnalité sont d'une fadeur assez extrême, au point d'en réduire cet album à une œuvre très anecdotique, qu'il fait bon écouter chez soi, volets fermés, en décuvant tranquillement devant Confessions Intimes.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Grace Disgraced Website Hits: 6600
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