TOMMY TALAMANCA (it) - Na Zapad (2013)
Label : Nadir Music
Sortie du Scud : 8 avril 2013
Pays : Italie
Genre : Heavy Rock progressif psychédélique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 36 Mins
Na Zapad devait être un fantasme. Pas le mien, pas le tien, mais celui d'un seul homme. Tommy Talamanca. D'emblée, pareil processus me rappelle la démarche d'Herr Morbid, la tête pensante de FORGOTTEN TOMB qui s'adonne désormais aux plaisirs du Southern / Doom Metal avec TOMBSTONE HIGHWAY. Le personnage n'a jamais vraiment été Rock N' Roll mais c'est sa nouvelle lubie et il convient de la respecter. Pourtant, à l'endroit même où l'ouverture musicale organisée par FORGOTTEN TOMB sur ses derniers albums rend TOMBSTONE HIGHWAY un peu moins surprenant, le décalage entre le Talamanca groupe et le Talamanca solo est saisissant d'effroi. De jour guitariste pour SADIST, formation émérite de Death transalpine, le bonhomme devient de nuit un rocker junkie aussi désorientant qu'un caléidoscope. Et voici qu'en 2013, il pousse le vice jusqu'à publier un full-lenght, qui s'inscrit déjà dans une forme d'accomplissement personnel, un rêve de gosse qui se réalise et qui tourne au cauchemar.
Mais qu'est-ce qui cloche chez les artistes ? Ce sempiternel besoin d'extravagance ne cessera donc t'il jamais d'aboutir sur des œuvres peut-être décomplexées, mais tellement inaccessibles qu'elles en deviennent sournoises ? Oui, Na Zapad est assurément une œuvre sournoise. Le bonhomme commence par intellectualiser tout ça en citant Nietzsche dans le booklet, ce qui laisse envisager que ce disque aura surement la présence d'esprit philosophique suffisante pour ne pas aller trop loin. Et à la seconde où il démarre, c'est peine perdue. "Vostok", à mi-chemin entre le kitsch d'une bande-son pour Super Mario Bros 64 et la déminéralisation de dents gâtées par la consommation excessive de chichon, plante le décor. Tommy, fort de son statut de multi-instrumentiste, aura pour unique obsession d'enfumer ses galériens, pour ne rien leur faire voir d'un monde qui part à la dérive. Tout est prestidigitation, jeu de jambes, féérie, psyché-délire. Habile comme un marchand de voiture d'occasion, il monte de toute pièce un univers entre le Rock progressif de Steven Wilson et la musique avant-gardiste, le tout constellé de moments Heavy, Jazz et Fusion, d'acoustiques, d'expériences. Ce tableau, maintes fois dépeint par le leader de PORCUPINE TREE, a le désavantage d'être illisible dans sa forme brute. Il faut écailler sa peinture, creuser ses reliefs pour enfin en découvrir le sens, ce qui n'arrivera jamais sur Na Zapad, un album d'un très grand égoïsme et d'une richesse musicale très très relative. Sous couvert de minimalisme et aidé par la présence massive de djembés, maracas, buzuki, bodhran, darbuka, duduk, il fallait crier au génie ? En réalité c'est un peu plus compliqué. Puisque Tommy se démène pour qu'on ne rentre jamais au cœur de cette œuvre qui a au moins trois décennies de retard, autant avouer de suite que le seul moment valable consiste en cette réinterprétation Heavy et mastoc d'"In The Mouth Of Madness" du maître John Carpenter. C'est le seul morceau qui mérite vraiment cette appellation, le reste étant un flot volatil et psychédélique de notes censées vaguement rappeler du Rock progressif.
Il n'y a rien à faire. Na Zapad, du haut de son génie surement incompris, est un opus profondément inintéressant. Talamanca a simplement oublié de nous faire vibrer, de nous procurer de quoi se laisser rêver. Inconsistant, très approximatif et au final rasoir comme la mort, cet album est à conseiller à ceux qui ont pour but dans la vie de trouver des réponses à des questions existentielles. Qui suis-je ? Ou vais-je ? Et toutes ces conneries. Pour l'éclate, pour le fun, pour le plaisir, on repassera en mode SADIST.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Tommy Talamanca Website Hits: 5892
|