SODOM (de) - Epitome Of Torture (2013)
Label : Steamhammer / SPV
Sortie du Scud : 2013
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Le Knarrenheinz est comme un chien. Tous les deux ou trois ans, il faut l'emmener chier un coup. SODOM en avait surement marre de collectionner les étrons sur une moquette qui puait déjà la clope froide. Alors ils ont sorti le Knarrenheinz, juste pour l'aérer, le temps qu'il fasse la sale besogne. Militaire bodybuildé, macchabé lourdement armé, la mascotte du trio allemand va revenir hanter un petit moment les rayons de vos disquaires favoris, Angelripper et ses potes ayant choisi cette fin avril 2013 pour proposer un quatorzième full-lenght. A l'occasion de la sortie d'Epitome Of Torture, il convient de préciser que SODOM est officiellement passé devant KREATOR et DESTRUCTION, devenant le membre du Big Three Of Teutonic Thrash Metal le plus prolifique si l'on considère seulement ce qui sort du studio. Si vous n'avez pas ignoré la Sodomographie disponible plus loin dans nos colonnes, vous n'allez pas ignorer non plus la confidence que je m'apprête à vous refaire. Pour une raison qui m'échappe encore, ce trio allemand m'est familier, plus que ne l'est n'importe quel autre groupe de Thrash Metal, mouvance dont l'importance m'indiffère sauvagement. Peut-être qu'Onkel Tom a une bonne trogne d'ivrogne, peut-être que c'est moins dégueulasse que tout le reste, peut-être que le cœur à ses raisons que la raison ignore. Comme c'est beau.
Beau comme Epitome Of Torture ? Non, ça ne colle pas. Ces deux éléments sont antinomiques. Epitome Of Torture ne peut pas être beau. Il est sale, moisi, bourré de maladies, d'infections. Il sent la bière, la pisse, la cendre, le cuir d'un Perfecto que la naphtaline n'a pas su protéger des mites. Il est le teuton négligé dans toute sa décadence et accessoirement, il n'est pas spécialement un bon album de SODOM, ce qui est le plus affligeant. Trois ans après un In War And Pieces abouti, j'attendais les bougres au niveau qui est le leur depuis l'éponyme de 2006, peut-être leur meilleure sortie de ces deux dernières décennies. Mais l'étrange feeling qui te murmurait à l'oreille que SODOM serait comme un bon vin se détériore avec ce disque. Et pour cause, cet opus n'a pas vraiment d'accroche par rapport à ce que pouvaient être les "City Of Gods", "Buried In The Justice Ground", "No Captures", "Hellfire" et autres "Storm Raging Up". Je ne ferais pas l'injure de remonter jusqu'à "Ausgebombt" sinon on m'accuserait de ne pas faire la distinction entre l'avant et l'après Tapping The Vein. Alors si c'est ce qui est préférable, restons dans la période SODOM 3.0 ou peut-être 4.0 avec cet album qui rame véritablement pour démarrer et qui donne l'impression d'entamer une nouvelle ère. "My Final Bullet" s'ouvre avec une petite mélodie acoustique, comme ce fut le cas sur "Blood On Your Lips" ou "In War And Pieces", sauf que le déroulement de ce lever de rideau provoque à peine une demi-molle. Depuis quand Tom tente t-il d'anoblir la notion de chant sur les refrains ? Depuis quand y a-t-il ce type de musicalité dans une intro by SODOM ? Certains choix dans cette composition me laissent perplexe, d'autant que les Allemands avaient pris le pli d'ouvrir sur quelque chose d'habituellement plus mémorable ("Blood On Your Lips", je n'en démords pas). "S.O.D.O.M." est déjà plus dans cet esprit d'hymne Thrash qui me sied, même si l'ensemble est plutôt penaud, à l'image d'un "Epitome Of Torture" pépère, d'un "Katjuscha" folklorique qui fait péniblement écho au "Gisela" de 'Til Death Do Us Unite en reprenant des éléments de la chanson soviet de Matvei Blanter (en 1939 !) ou d'un "Stigmatized" ultra-conventionnel, même si l'on observe un durcissement dans la voix rocailleuse de Tom. Quant à la prestation de Makka, nouveau batteur qui remplace Bobby Schottkowski, je sens qu'il va avoir du mal à me faire oublier ce dernier. Son jeu est plutôt technique pour un disque de Thrash aussi simplet mais il lui manque une chose essentielle pour devenir indispensable comme l'était Bobby : la complicité avec Angelripper et Bernemann. On se rassurera en se disant que ça pourra venir avec le temps. Pour le reste, c'est un SODOM un peu essoufflé qui s'est présenté à nous. Certains moments de l'album sont très bons, à l'image de "Cannibal", de "Shoot Today – Kill Tomorrow", vraiment éléphantesque avec un break rythmique du tonnerre sur le refrain ou encore l'enchainement final entre "Into The Skies Of War" et "Tracing The Victim" qui vient achever la bête dans le sperme et le sang. D'autres sont plus anecdotiques et ils représentent hélas les deux tiers de ce Epitome Of Torture.
Après trente années de carrière, il était certain que SODOM ne pouvait pas être indéfiniment sur la pente ascendante. Ce quatorzième album est un couac regrettable à bien des égards. Le trio, qui misait de plus en plus souvent sur son expérience plutôt sur sa jeunesse pour continuer à écrire des pistes légendaires s'est momentanément arrêté d'être génial. Ce qui est surement une baisse de régime anecdotique après tants d'exploits serait surement mieux perçu si la descente aux enfers de DESTRUCTION n'avait pas débuté par un album du même acabit... Mais restons positif. Il a beau faire ses besoins partout, baver comme un épileptique, quelque chose me dit que le Knarrenheinz ne se laissera pas piquer sans un ultime tour de passe-passe made in SODOM !
Discographie Complète de SODOM :
In The Sign Of Evil (Mini Album - 1984),
Obsessed By Cruelty (Album - 1987),
Persecution Mania (Album - 1987),
Agent Orange (Album - 1989),
Better Off Dead (Album - 1990),
Tapping The Vein (Album - 1992),
Get What You Deserve (Album - 1994),
Masquerade In Blood (Album - 1995),
'Til Death Do Us Unite (Album - 1997),
Code Red (Album - 1999),
M-16 (Album - 2001),
Sodom (Album - 2006),
The Final Sign Of Evil (Album - 2007),
In War And Pieces (Album - 2010),
Epitome Of Torture (2013)
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Sodom Website Hits: 6960
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