SECRETUM (de) - Happy Happy Killing Time (2013)
Label : Metal Age Productions
Sortie du Scud : 2013
Pays : Allemagne
Genre : Death / Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 41 Mins
C'est drôle. En découvrant la dégaine des mecs de SECRETUM, je me suis dit que ce trio ne ferait pas tâche à l'entrée du KitKat Club berlinois. Voyez-vous, le hasard fait plutôt bien les choses puisque ces excentriques nous arrivent tout droit de la capitale teutonne avec dans leurs bagages ; lunettes de soleil de kékés, cigares, chevalières en contreplaqué et un peu de Death / Thrash sehr sehr kompliziert à analyser. L'origine du projet remonte à 1999, quand Centrox, Maeztro et Evil.e décident de croiser la rigueur teutonne à la percussion métallique de la San Francisco Bay Area. SECRETUM est né, proposant dans la foulée de deux démos (Bloody Battle Berlin en 1999 et Stronger Than You en 2001) un premier effort savoureux nommé Happy Happy Killing Time. Toute la difficulté de l'affaire consiste ici à considérer cette œuvre comme sérieuse et légitime alors que tout réfère constamment au second degré, à la grossièreté, à l'humour pipi-prout-caca-dans-le-slip. Pourtant, vous allez comprendre pourquoi SECRETUM est loin d'être un simple groupe folklorique qui n'inspire rien de crédible au premier abord.
Happy Happy Killing Time s'introduit tout seul dans l'absurde avec pour ouverture, un sample du barjot Blue Velvet de David Lynch. Baby wants to fuck, you fucker's fucker, you fucker. Le malaise est palpable, pour peu qu'on se laisse porter par la voix sanglotante de Dennis Hopper. Mais SECRETUM rompt très vite avec la lourdeur de ce passage en débitant soudainement son Death / Thrash corrompu et agressif, copulant, partouzant même avec les grands KREATOR, SODOM, CARCASS et SLAYER. Je ne croyais sincèrement pas ce trio capable d'une telle ergonomie mais force est de constater qu'entre les rythmiques galopantes, les voix écorchées et brûlées par le bourbon, les mélodies en fibres synthétiques et les patterns de batteries simplistes mais perspicaces, le fan de Metal lambda y trouve son compte. SECRETUM est un groupe musicalement sobre et efficace qui véhicule une image de fous furieux mais qui se satisfait de sa simplicité technique. Du coup, Happy Happy Killing Time ressemble davantage à un bon album de Death / Thrash qu'à un disque farfelu, extravagant et irrespectueux des codes. Certains morceaux font même un tabac, comme ce "Axis Of Evil" ravageur, qui a eu le mérite d'exister trois ans avant celui de SODOM sur leur album éponyme de 2006. Par contre, la basse n'a pas d'impact. Et rien n'est plus regrettable que ce fait de jeu quand on entrevoit le volume qu'elle donne à cet album en soutien de la guitare sur "The Metalpyromaniac" par exemple. En cela, SECRETUM rappelle aussi son amateurisme, son manque de réflexion à des moments clés de l'opus. Ce qui serait un reproche pour n'importe quel groupe mainstream ne l'est pas pour ce projet extrêmement underground qui est finalement bien malin d'être imparfait. Ce qui est moins malin par contre, c'est ce remix de leur propre "Don't Look Down", une parodie de bruitisme artificiel, de techno-machinerie hystérique, de Cyber Breakcore que même THE PROCESSUS n'oserait pas. A gerber.
Heureusement, pour le bonheur de chacun, cet album se pliera en quatre. Cette dernière péripétie dégueulasse ne suffira pas à gâcher la qualité d'un véritable concentré de Death touffu et de Thrash vicié. SECRETUM était un dessein avec de la suite dans les idées et si aujourd'hui je termine cette chronique en utilisant l'imparfait, c'est simplement parce que leur split en 2012, dans la foulée d'un Management sKills encore plus encourageant, met un point final à l'histoire de promesses tuées dans l'œuf. Danke und viel Glück.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Secretum Website Hits: 6168
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