NVRVD (de) - Coma (2013)
Label : Hummus Records
Sortie du Scud : 1er juin 2013
Pays : France
Genre : Post Hardcore
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 22 Mins
Forcément, quand tu choisis d'intituler ton EP Coma, tu génères une attente. Les Allemands de NVRVD ont été plus malins sur ce coup. Principalement connu pour avoir tapé un split avec les Suisses de COILGUNS, le trio teuton n'est pas qu'un concentré putassier de bleusaille flirtant avec quelque chose de très à la mode : le Post-Hardcore. Abandonnant volontiers ses aspérités Crust au profit d'une musique moins instinctive, le projet ne perdra rien au change. Pas cette fois. Depuis bientôt dix ans, les énervés de NVRVD, contraction primaire de Nevervoid, officient dans ce Metal sombre et torturé qui triture la pensée humaine, la conditionne, la façonne, pour n'en faire qu'un sujet d'avilissement. Et Coma ne sera guère un renouveau mais tout juste un très léger virage artistique qui mérite bien, lui aussi, son quart d'heure de gloire universel. Ils sont nombreux à y prétendre mais rares à le mériter. Eux le méritent. Il suffit de voir leurs tronches pour s'en convaincre.
Composé dans le trou du cul du monde, à Oberohe (Basse-Saxe), sorte de Creuse allemande qui donne même du fil à retordre à Booking.com pour y dénicher un hôtel et pas une gargote, Coma porte bien mal son nom. A l'issue de l'expérience, ce n'est pas sous respiration artificielle ni même dans un quelconque état comateux que l'on se trouve mais plutôt dans une sorte de no man's land cérébral. On est conscient, conscient d'avoir pris un gros coup de poing dans le ventre, groggy également, mais certainement pas coupé du monde. Le regard vide et inexpressif, parce que des compositions comme "Oberohe" qui touche un peu au Post-Black Metal, "Niederohe", à la fois village mitoyen et conclusion épique ou encore la subtile "Impartial Eyes" viennent de faire effet. Des relents Crust, oui, il y en a. Encore une fois, ce mélange finaud de mathématiques et de bestialité, cette boucherie un peu binoclarde, cette autopsie en gants de velours est à la mode et on ne sera donc pas étonné de retrouver en NVRVD un peu d'originalité, tout du moins du chaos. Post-Hardcore chaotique. Le mot est lâché comme une balle à pointe creuse qui parvient à entrer mais pas à sortir de la boîte crânienne. Les frères Braunschmidt (respectivement Christian à la guitare et Stefan à la basse) distillent une panoplie de notes écorchées vives qui savent exprimer la douleur ("We Are") tout en restant dans le délire j'suis-jeune-et-j'me-prends-pas-trop-la-tête-non-plus. A chaque morceau son apparence, sa silhouette. Et si le cœur de l'EP est plus expéditif sur la forme, ce n'est que pour mieux retenir l'embrassade effectuée par le placement initial et final du duo "Oberohe / Niederohe", qui semble clamer à la fois le désespoir d'être seul dans ce lieu extrêmement reculé mais également le côté inspirant, spirituel de la chose. Je n'ai aucun doute sur le fait que Coma n'est pas cette machine à tubes Post-Hardcore qui te donne envie d'en reprendre encore et encore. Au contraire, il y a un sentiment d'écœurement assez poignant et en cela, je pense que NVRVD a tenu son pari.
Il en va donc de votre santé. Un simple regard posé sur leurs visages suffit à vous faire comprendre que tout cela n'est pas bien méchant. Et pourtant, c'est un tout autre scénario qui se développe au fil de cet EP, convaincant, certes, mais avec les lacunes inhérentes à ce style qui n'a jamais trouvé de définition valable. Ce début de schizophrénie augure éventuellement le meilleur, probablement le pire.
Ajouté : Dimanche 23 Février 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Nvrvd Website Hits: 6034
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