DEVIL SOLD HIS SOUL (uk) - Empire Of Light (2012)
Label : Small Town Records
Sortie du Scud : 17 septembre 2012
Pays : Angleterre
Genre : Heavy / Post-Hardcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 52 Mins
J'avais achevé la chronique d'A Fragile Hope, le premier essai de DEVIL SOLD HIS SOUL, en évoquant avec insistance le sentiment de peur. Je suis conscient que j'ai pris un retard énorme avec ce groupe et que reconnaître que ledit essai est un diamant brut six ans après sa sortie est, en filigrane, une faute professionnelle. Il aura fallu la parution d'Empire Of Light pour remédier à ça. Hélas, comme je le soulignais plus haut, au-delà de sa dimension musicale à couper le souffle, ce premier album n'a pas que des atouts. Son plus gros défaut est en fait sa plus grande qualité. Il fallait qu'il soit moins brillant, moins impressionnant, pour laisser une chance d'exister aux autres enregistrements. Cinq ans après A Fragile Hope, deux après Blessed & Cursed, ce nouveau bébé va devoir avoir les coudées franches pour pouvoir espérer rivaliser avec ses grands frères. D'avance, je sais qu'il n'y aura pas de grand suspens. Parce qu'une évolution trop flagrante m'aurait vexé. Parce qu'un A Fragile Hope 2.0 m'aurait déçu. Alors, que fallait-il donc à Empire Of Light pour séduire ? En réalité, si peu.
DEVIL SOLD HIS SOUL est de ces groupes qui n'ont pas besoin d'épiloguer pour aller droit au cœur. A l'image de toute la progression affichée depuis l'EP Darkness Prevails de 2006, cet album est bourré de mièvreries, de séquences larmoyantes, de déclarations solennelles, d'atmosphères stellaires. Oui, vous avez bien lu. Cette liste non exhaustive de sucreries est du genre à rebuter. Pourtant, les Londoniens sont à une galaxie de l'image rébarbative, effrontée et juvénile que les gens ont généralement du Post-Hardcore à tendance Screamo. Ainsi, cet empire de lumière s'impose comme un indispensable, simplement parce qu'il transporte une musique d'une délicatesse absolument insoupçonnée. Croyez-moi, on est vraiment très loin des standards du style. DEVIL SOLD HIS SOUL, sans être nonchalant, affiche une tranquillité et une maturité déconcertante. Dès les premières secondes de « No Remorse, No Regrets » jusqu'aux dernières d'« End Of Days », il y a une histoire qui est racontée, une logique musicale qui est respectée. D'abord chagriné par l'uniformisation des vocaux d'Edward (qui évoquent de but en blanc les irrégularités d'un Oli Sykes vieille cuvée) ainsi que par la vilaine tournure prise par le chant clair, j'ai ensuite laissé Empire Of Light faire son œuvre. Et finalement, écoute après écoute, on réalise toute la pertinence de ces quelques évolutions techniques. Les Anglais ont viré vers quelque chose de plus tranchant, peut-être de plus agressif, tout en conservant la pureté d'arrangements lumineux. Il n'y a plus la même délicatesse et plus la même naïveté. Etrangement, l'opus démarre à partir d'« It Rains Down », maladive, qui embraye sur « The Waves And The Seas » aux contours un peu New Wave. C'est à ce moment précis qu'on rentre vraiment dans l'œuvre, « A New Legacy » et « VIII » passant au final pour des pistes d'acclimatation. Dès lors, on n'en sortira plus. Grâce à l'intelligente (et émouvante selon les sensibilités) cassure du nom de « Salvation Lies Within », DEVIL SOLD HIS SOUL prouve aussi qu'à côté d'un Post-Hardcore rocailleux se love une multitude d'effets de surprise, qui font de cette sortie une création majeure, réfléchie, désintéressée et avant tout, surprenante.
Sans jamais égaler la déification imposée par A Fragile Hope, ce troisième jet matérialise tout le talent de ces jeunes Anglais qui sont légitimement devenus des têtes d'affiche au fil du temps. Leur musique ne souffre d'aucune contestation. Elle prend aux tripes, vide l'auditeur et lit dans ses entrailles, tel un haruspice qui doutait de son art. Symbole d'une génération dorée, DEVIL SOLD HIS SOUL a su construire son propre succès, provoquer sa réussite. A tel point qu'aujourd'hui, avec Empire Of Light, le Post-Hardcore a retrouvé un tribun en qui se fier. Au bout de trois fois, on n'a plus le droit de parler de simple exploit.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Devil Sold His Soul Website Hits: 7026
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