STEAK NUMBER EIGHT (be) - The Hutch (2013)
Label : Indie Recordings
Sortie du Scud : 22 avril 2013
Pays : Belgique
Genre : Néo Post Core
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 74 Mins
Un EP introductif, puis un album auront suffit aux jeunes belges de STEAK NUMBER EIGHT pour asseoir leur réputation en Europe. Un style aisément reconnaissable, une pratique instrumentale solide auront tôt fait d’eux les espoirs d’un style à bout de souffle pour certains.
Et ce deuxième effort longue durée ne décevra personne. En effet, The Hutch ne représente rien de moins que la concrétisation pratique de toute la foi placée en ce combo hors norme.
Et la preuve qu’avec une moyenne d’âge de seulement une vingtaine d’année, ils ont acquis la maturité nécessaire pour envoûter l’auditeur avec leurs lignes mélodiques sombres et leur puissance de feu hors du commun.
The Hutch n’est toutefois pas un album facile d’accès. Avec plus d’une heure dix de musique au compteur pour seulement onze morceaux compacts comme l’acier, il est assez difficile à apprivoiser pour peu que l’on aime les plaisirs faciles.
Un peu comme l’ensemble de l’œuvre de MASTODON, il faut se laisser amadouer, ne pas se laisser rebuter par ses côtés les plus abrupts et abstraits, pour finalement en saisir le propos et se laisser emporter dans un tourbillon d’émotions contradictoires.
Et veuillez faire abstraction s’il vous plaît du fait qu’ils aient remporté le Humo's Rock Rally à quinze ans à peine. Ce n’est qu’un gimmick juste bon à agrémenter une bio. Même si ce triomphe est assez révélateur de leurs qualités.
The Hutch, en l’état, n’est qu’une avancée de plus sur la route de la progression. Qui dans leur cas semble exponentielle. On y retrouve ces guitares bavardes et abrasives, ce chant qui se complait dans sa dualité émotionnelle. Ces longues digressions laissant la part belle aux ambiances diverses et captivantes.
Je parlais de MASTODON il y a quelques lignes, et évidemment, la comparaison semble pertinente. Même désir d’explorer une ligne directrice jusqu’à son achèvement, même envie de ne pas se contraindre au minimum, de laisser les notes s’exprimer jusqu’au dernier souffle.
Mais l’image des DEFTONES vient souvent hanter le spectre sonore des jeunes belges. Dans cette recherche permanente d’émotions, complémentaires, associatives, contradictoires. De juxtaposer des ressentis antagonistes qui résument pourtant si bien ce qu’un être humain peut éprouver, quel que soit son âge justement.
Adulte est le mot. Car si la rage juvénile est bien là, au détour d’un riff un peu ténu, d’une explosion de percussions, d’une bribe vocale fragile, le passage de l’adolescence à la maturité s’est effectué par glissements, sans encombre. On retrouve d’ailleurs des traces évidente de cette mutation naturelle dans des morceaux comme « A Shore », qui laisse pratiquement tout son développement s’animer sur des expressions automnales, presque doucereuses, comme une journée de repos après une semaine de travail, avant d’exploser d’une rage enfantine dans ses derniers instants, pour bien montrer que sous la raison se cache souvent la frustration d’avoir perdu quelque part ses instincts gratuits de jeunesse.
Et pour bien affirmer et mettre en avant cet état de fait, STEAK NUMBER EIGHT choisit de clôturer son album sur deux pièces long format, « Rust » et « Tearwalker », qui prouvent s’il en était besoin à quel point ils maîtrisent maintenant leurs compositions et la façon dont ils désirent que celles-ci sonnent. Alors les couches de guitare s’empilent, les arrangements sobres soulignent la profondeur du travail accompli, et les dissonances le disputent aux harmonies amères…
On parle de Post Rock, voire de Post Hardcore, mais les raccourcis sont trop réducteurs tant la musique de The Hutch s’enrichit d’éléments disparates qui se retrouvent au final amalgamés dans un ensemble très cohérent.
On peut évoquer le Post Seattle de la mi 90’s, les aspects les plus sobres de DEP, voire même la scène indépendante US des 80’s, pour cette façon d’aborder les choses sous un angle inverse.
A savoir, exposer d’abord un sentiment, et trouver la manière de le reproduire, et non l’inverse. Car rien n’est facile ici comme je le disais.
Alors oui. MASTODON, DEFTONES, ALICE IN CHAINS, ISIS. On peut tous les citer sans avoir l’air hors propos, mais ils ne sont que référence. Ils ne sont que base, pour étayer un propos personnel, captivant en diable.
Car STEAK NUMBER EIGHT n’a besoin de personne pour enrichir sa musique, et la développer comme bon leur semble.
Ils sont jeunes, c’est un fait, mais ils ont l’intelligence et la pertinence hors du temps.
Ils sont eux-mêmes, comme d’autres l’ont été avant eux.
Laissez les vous parlez et écoutez leur discours.
Il n’y a pas d’âge pour apprendre.
Ajouté : Mardi 27 Août 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Steak Number Eight Website Hits: 8398
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