ASIDEFROMADAY (FRA) - Chasing Shadows (2012)
Label : Division Records
Sortie du Scud : 5 octobre 2012
Pays : France
Genre : Post Hardcore
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 46 Mins
Il existe des groupes qui dès le départ, choisissent d’évoluer dans un style assez hermétique, dont ils parviennent à repousser les barrières, sans forcer, à leur rythme, et qui finissent par acquérir une réelle identité que personne ne peut plus leur nier.
Originaires de Besançon, les musiciens d’ASIDEFROMADAY font partie de cette catégorie de musiciens qui progressent sans cesse, au point de devenir de véritables références.
Et Dieu sait pourtant à quel point l’écueil du troisième album est un passage dangereux pour toute formation.
C’est pourtant crânement que le quintette nous offre aujourd’hui Chasing Shadows, faisant suite aux déjà excellents Divine Proportion et Manufactured Landscape. Et dire qu’ils ont encore évolué est d’une lénifiante évidence. Ils maîtrisent maintenant à la perfection leur univers, multiplient les sonorités et les ambiances, sans paraître le moins de monde roboratifs ou usants.
Pour les néophytes, les influences/goûts personnels de ASIDEFROMADAY vont de BOTCH à NEUROSIS, en passant par BURST, BREACH ou ZOZOBRA. Autrement dit, la crème des combos Post Hardcore, les figures imposées d’un genre qu’on croit toujours en bout de course et qui pourtant, ne cesse de nous surprendre.
Et Chasing Shadows, c’est un peu une nouvelle révélation en bout de route, un chemin qu’on aperçoit du coin de l’œil alors qu’on croit que l’aventure est terminée.
A la manière des aînés d’ISIS et de leur Oceanic culte, ASIDEFROMADAY souffle le chaud et le froid, alterne les ambiances, avec bien sur une emphase particulière sur la violence assumée, sans pour autant négliger les climats plus doucereux.
La force des Bisontins, outre leur musique bien sur, est d’utiliser une rythmique sèche, compacte et versatile en appui de guitares épaisses au son réellement impressionnant. Avec le chant écorché de rigueur qui n’est pas sans rappeler celui de Greg Puciato (DILLI NGER ESCAPE PLAN), le tout enrobé par une production impeccable, acide, aride et mettant parfaitement en relief les diverses voies choisies.
Débutant l’album (disponible en vinyle) par des sons de cordes semblant venir d’un lointain passé, « Process of Static Movement » se place d’emblée au centre des débats et annonce la couleur. Riffs tendus, chant rude, rythmique en rupture, le mobile s’anime d’un mouvement instable, et nous place en porte à faux. Avec un long break central sobrement soutenu par quelques arrangements synthétiques, le quintette mélange la rigueur du Post Hardcore avec les libertés du progressif pour aboutir à une hybridation personnelle qui évoque autant NEUROSIS que HYPNO5E.
Si « Death, Ruins & Corpses » reste dans les mêmes tonalités, son évolution emphatique à quelque chose de fascinant. Tension morbide, son énorme, arrangements épars mais pertinents, c’est une évolution interne mesurée et calculée qui est l’apanage des plus grands.
« Wolf's Tears are Falling Stars » est le premier titre à offrir une légère accalmie, avec son intro juxtaposant un clavier aux sonorités héritées des 70’s et son riff lancinant. Mais tout explose très rapidement dans une irruption de haine délicieusement teintée de nostalgie.
« Endless Prophecy » laisse place aux digressions si chères aux cadors du style, tandis que « Chasing Shadows » propose le riff le plus ample de l’album, élargi si tant est possible par une batterie lourde et extrêmement heurtée. Véritable traquenard musical, proposant en parallèle des segments écorchés et des parties en son clair uniquement perturbées par quelques murmures, ce morceau est sans doute la conclusion la plus parfaite à offrir à un album quasi parfait.
Avec Chasing Shadows, ASIDEFROMADAY confirme tout le bien qu’on pensait d’eux, et s’affirment en tant que groupe de premier plan, dans l’univers pourtant surpeuplé du Post Hardcore. Ils prouvent avec brio qu’ils ont encore une marge de progression impressionnante, malgré deux albums antérieurs déjà brillants, et laisse augurer du meilleur pour un futur qu’on souhaite long et aussi captivant. Et que la scène française de ces dix dernières années est décidemment une terre bien fertile sur laquelle les jeunes pousses n’ont pas fini d’éclore.
Ajouté : Mercredi 03 Juillet 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Asidefromaday Website Hits: 8026
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