KILLSWITCH ENGAGE (usa) - Disarm The Descent (2013)
Label : Roadrunner Records
Sortie du Scud : 2 avril 2013
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 41 Mins
Si KILLSWITCH ENGAGE était un film, il s'appellerait Dix Ans Après. Quel beau symbole, après une décennie d'atermoiements, de palabres, de turbulences, que le retour de Jesse Leach au micro. Il n'est pas question ici d'être méchant ou salopard avec Howard Jones. La décence voudrait même qu'on ne parle pas des absents. Seulement, il y a clairement eu un avant et un après Jesse Leach et ça, personne ne saurait être assez fou pour le nier. Alors le retour de l'enfant prodige au sein de son groupe de cœur n'est pas qu'un coup marketing. Il est aussi un fabuleux flashback pour tous ceux qui, comme moi, considèrent KILLSWITCH ENGAGE comme un fier représentant de ce que j'appellerais « les années collège ». Les poils qui poussent, la voix qui mue, le sébum qui déborde et Alive Or Just Breathing. Tout ça parlera forcément à certains. Dix ans après, ceux-là sont même peut-être en passe de devenir parent ou bien en instance de divorce. Et nul doute que de revoir les mêmes sur le devant de la scène avec dix ans dans la gueule fait un petit quelque chose. L'actualité pour eux, elle consiste désormais en Disarm The Descent, un sixième album studio qui sera en rupture totale avec la relative médiocrité des trois précédents, The End Of Heartache en 2004, As Daylight Dies en 2006 et Killswitch Engage II en 2009.
Il n'est pas inutile de relativiser. KILLSWITCH ENGAGE a toujours été et sera probablement toujours un nom, une institution. En cela, ses choix n'ont jamais vraiment été discutables. Il y avait juste trop de désordre dans leurs idées et trop de déchet dans leur jeu. Disarm The Descent a la bonne idée de purger tous ces souvenirs froissants. L'image du phœnix qui renaît de ses cendres est facile, mais dans cette situation, elle convient. Jesse Leach, qui incarne parfaitement cette renaissance, souffle un vent frais sur cette sortie. Les Américains ont retrouvé du jus, de l'inspiration, de la précision, de l'efficacité. Dans un registre plus remuant qu'Howard Jones (qui, avec le recul, a toujours fait le boulot correctement), il apporte des solutions nouvelles aux problèmes créatifs du groupe. On se retrouve torchon chiffon carpette dès l'arrivée de la pachydermique « The Hell In Me » et de son refrain mémorable. Dans le genre retour triomphant, difficile de faire mieux. Pourtant, les KILLSWITCH ENGAGE n'avouent jamais cette volonté de renouer avec la hargne de Alive Or Just Breathing. Ils se rapprochent, tâtonnent, tournent autour du pot tout en incrustant des éléments plus modernes, moins techniques. Disarm The Descent progresse dans sa logique de règne retrouvé, fort de morceaux poignants comme « The New Awakening », « You Don't Bleed For Me » ou la pesante « No End In Sight ». Des cris teigneux font constamment écho aux lignes vocales épurées, ce qui aboutit logiquement sur des refrains très AS I LAY DYING dans l'esprit, sans jamais entrer en concurrence avec l'œuvre de Tim Lambesis. En plus d'avoir ces nuances vindicatives, Disarm The Descent a également le don d'être cohérent du début à la fin. Seule la mielleuse « Always » incarne un peu trop à mon goût le côté « crêpe au Nutella » qu'on n'aime pas forcément entendre à chaque coin de rue, surtout quand il s'agit d'un groupe de Metalcore. Mais mis à part cette imperfection qui était, il faut bien le dire, inévitable, KILLSWITCH ENGAGE revient avec l'image d'un groupe rayonnant, serein, à la flamme ravivée. Et de les retrouver à ce niveau, c'est assez inespéré.
Il ne serait de raccourci plus facile que d'affirmer que la grande richesse de ce sixième opus est l'unique fruit du retour de Jesse Leach. Plus loin, si loin de ce raisonnement minimaliste, les Américains ont juste prouvé à tous ces teenagers, tombés en amour pour l'éponyme de 2000, que la ténacité paie tôt ou tard. Ça coïncide avec un remaniement important, certes, et c'est tant mieux. Pourquoi ne pas simplement en profiter ? Pourquoi toujours chercher des excuses ? Contentez-vous de foncer sur Disarm The Descent et de savourer. Ce sera déjà pas mal.
Ajouté : Mardi 16 Avril 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Killswitch Engage Website Hits: 9622
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