INCANTATION (usa) - Vanquish In Vengeance (2012)
Label : Listenable Records
Sortie du Scud : 26 novembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 52 Mins
Il y a plus grave dans la vie qu’un silence de six ans. Bien sûr, j’ai une pensée pour tous ceux qui ne sont plus parmi nous pour se secouer le ciboulot au rythme de Vanquish In Vengeance. Je pense à eux parce qu’ils auraient surement apprécié ce bel et grand album de Death old-school qui a le mérite de sortir en 2012, soit plus de deux décennies après la parution des Scream Bloody Gore, Altars Of Madness, Cause Of Death, Seven Churches, tout ça sans avoir le teint blafard ni même l’ombre d’une patte d’oie au coin de l’œil. INCANTATION, c’est la guerre. Eux auront survécu au poids des années, à ces articulations rouillées et verrouillées qui les suppliaient d’arrêter. Logique, ils prennent Phytalgic. Six ans après Primordial Domination, les Pennsylvaniens déterrent donc la hache de guerre et repartent au combat contre l’évangélisation sur fond de contexte historique. Que vous le croyez ou pas, ce bon vieux Charlemagne a fait bien pire que d’inventer l’école. C’est en l’an 782 que, vexé par le refus du peuple saxon de se laisser convertir, il fait décapiter 4500 d’entre eux sans autre forme de procès. Un saint homme.
Il n’en fallait pas plus à John McEntee pour se sentir concerné par ce détail de l’Histoire et écrire tout un album sur le sujet, le neuvième de leur discographie. Ça ne va pas leur plaire, mais je remercie le ciel d’avoir fait de cette œuvre ce qu’elle est. Quand je vois la façon dont MORBID ANGEL a perdu pied sur Illud Divinum Insanus, je rends grâce à Dieu pour ce Vanquish In Vengeance d’une sobriété presque emmerdante. Avec Dan Swanö aux manettes, INCANTATION assume jusqu’à la moelle son autisme musical. Hors de question de céder un pouce de terrain à une production fraiche et moderne. L’intérêt d’un tel groupe est justement de le voir s’arcbouter dans sa propre caricature, de l’entendre refuser, album après album, toute orientation nouvelle à tel point qu’au fil du temps, le folklore se change en respect. Il n’y a pas de divertissement sur ce full-lenght. C’est froid, c’est pataud, c’est flegmatique et on peut toujours crever la gueule ouverte en attendant une microseconde d’originalité. Le seul truc qui change un peu de d’habitude, ce sont des nuances Doom dans les tempos qui s’invitent sur les « Profound Loathing », « Legion Of Dis », fermeture longue de onze minutes (à la GRAVE-style) et autres « Transcend Into Absolute Dissolution », cette dernière bénéficiant d’ailleurs sur les premières secondes d’un « solo » de batterie qui trahit le peu de technicité dont fait preuve Kyle Severn derrière ses futs. Les Américains se vautrent avec allégresse dans le confort d’une réputation qui n’est plus à faire, sans pour autant renier des racines Brutal Death qui jaillissent de terre épisodiquement (« From Hollow Sands », « Haruspex » et ses vocaux inimitables à 3’10). D’ailleurs c’est simple, Vanquish In Vengeance aurait été publié par n’importe quel autre groupe, c’aurait été un flop, un manque d’intérêt flagrant pour l’énergie communicative propre au Death Metal. Mais ces mecs s’appellent INCANTATION et ce nouvel album est une peccadille pour eux. Ce sera là son seul et unique défaut. On connaît leur aisance, leur aptitude à écrire du Death Metal efficace sans avoir à trop se fouler. Mais après six ans d’absence, six ans d’un pesant silence, on aurait forcément apprécié d’avoir à lutter avec un album qui ne soit pas qu’une simple formalité, un album qui nous ramasse la gueule et qui nous achève dans la barbarie et pas d’un simple coup de fusil bien placé.
Ne croyez pas que les onze lettres de leur patronyme suffisent à justifier la défection (pour le moins attendue) de toute pertinence artistique. Vanquish In Vengeance est une sortie facile, pas moins efficiente, mais diablement prévisible. Du INCANTATION tout craché. Je persiste et je signe, c’est donc un bel et grand album. Il a juste vingt ans de retard pour coller au contexte. Alors on le regardera forcément d’un œil amusé, parfois méprisant, parfois admiratif. Mais ça reste, et ça restera à jamais, la matérialisation la plus épurée qui puisse encore exister du vrai Death Metal.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: http://www.incantation.com Hits: 8322
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