DESTRUCTION (de) - Spiritual Genocide (2012)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 23 novembre 2012
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 41 Mins
Vous êtes beaux avec vos « vieilles marmites » et vos « meilleures soupes ». Mais sans vos denrées fraiches, qu’adviendrait-il du plaisir des papilles ? Nous sommes en 2012 et deux des trois légendes du Teutonic Thrash Metal ont sorti un nouvel album. Phantom Antichrist pour KREATOR et Spiritual Genocide pour DESTRUCTION. Seul SODOM est resté raisonnable en pondant un best-of qui célèbre vingt années de bons et loyaux services. L’histoire retiendra que le 23 novembre 2012 est le jour où tout s’est définitivement équilibré puisque nos trois compères en sont désormais chacun à treize full-lenght pour deux décennies de carrière. L’égalité est aussi parfaite que surprenante et finalement, bien malin qui peut dire lequel cédera du terrain en premier. D’un point de vue qui m’est strictement personnel, mon cœur va à SODOM et définitivement, si Phantom Antichrist avait fait poindre en moi l’ombre d’une infidélité, ce Spiritual Genocide va remettre les choses au clair.
Loin de moi la volonté de mettre en évidence des scissions ni même une éventuelle concurrence entre ces étalons, mais DESTRUCTION est à mon sens le groupe le moins atypique des trois. Il est celui qui fait les choses trop vite et qui pêche par orgueil. Un an seulement après le quelconque Day Of Reckoning de 2011, le trio de Weil-am-Rhein (une ville frontalière à la France, soit dit en passant) s’est déjà remis à table. A peine le temps de digérer qu’on est déjà resservi. Et les bonnes manières dans tout ça ? Le désir d’être aux petits soins pour un public connaisseur et épicurien ? Aux oubliettes. Alors on repart pour un tour et on ressort tous ces vieux superlatifs qui réapparaissent, encore et encore, à chaque fois qu’on doit parler d’un album de DESTRUCTION. Le chant de Schmier est criard, le riffing de Mike est véloce et insatiable, les rythmiques galopent et ça cogne dans tous les sens. C’en est presque lassant de devoir se répéter mais il n’y a rien de plus à en dire, si ce n’est en évoquant des détails qui ne rendront pas cette sortie meilleure. Ce Thrash Metal classique, très efficient sur la forme, procurera certainement une forme d’enthousiasme, peut-être d’euphorie, aux puristes qui n’aiment pas vraiment quand ça se renouvelle. J’ai failli me faire avoir par cette belle et courte intro (« Exordium ») qui instaure un climat assez solennel et sérieux, en décalage total avec une pochette inhabituellement grotesque. J’ai failli croire qu’enfin, Schmier allait sortir de sa torpeur artistique et qu’il allait fluctuer un peu son timbre éraillé sur les solos hyper originaux de Mike. Oui, je suis un Bisounours. Et un Bisounours déçu. Parce que derrière cette très grosse intensité, derrière ces compositions concises et frénétiques (« Cyanide », « City Of Doom », « Riot Squad »), il y a la facilité. DESTRUCTION est un groupe capable d’écrire de grands morceaux, on le sait. Mais depuis plusieurs années maintenant, c’est pépère, linéaire, sans folie, sans renouveau. Je vais remettre ça sur le tapis mais il y a quelques mois, KREATOR a sorti un album qui ne ressemblait à aucun autre de sa vaste discographie. Ce qui n’est définitivement pas le cas de Spiritual Genocide, un opus transparent dont l’utilité artistique est limitée et dont le rôle se cantonne à une treizième ligne sur un C.V. On aurait aimé retenir de cet album des hymnes Thrash à la pelle, mais l’unique chose qui mérite un peu d’attention, c’est « Legacy Of The Past », parce que ses paroles évoquent de grands albums de Thrash et que l’Oncle Tom de SODOM et Gerre de TANKARD viennent pousser la chansonnette. Des détails, vous dis-je.
Oui, malgré un équilibre idyllique dans les chiffres, il y a un fossé qui sépare désormais DESTRUCTION d’avec ses pairs. Spiritual Genocide, et je le dis avec beaucoup de respect pour le groupe et ce qu’il a apporté au Thrash Metal, n’est pas un album digne d’une formation qui fait partie du « Big Three Of Teutonic Thrash Metal ». On avait déjà eu quelques indices sur Day Of Reckoning, on se retrouve maintenant face à l’évidence : ces Allemands là tournent sérieusement en rond pendant que d’autres continuent leur travail d’investigation. Début de la fin ? J’aimerais répondre que c’est juste la fin d’un cycle et le début d’un autre, mais franchement, je n’y crois plus.
Ajouté : Mercredi 06 Mars 2013 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Destruction Website Hits: 8166
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