HELLMOUTH (usa) - Gravestone Skylines (2010)
Label : Paper + Plastick
Sortie du Scud : 2012
Pays : Etats-Unis
Genre :Crossover / Thrashcore
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 33 Mins
Des fois, j’écoute un disque. Et des fois, je me demande pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt. Je vais même vous avouer un secret. Parfois, je me trouve con de ne pas écouter plus de Crossover que ça. Il y a les noms : CORROSION OF CONFORMITY, BLUNT FORCE TRAUMA, NUCLEAR ASSAULT et il y a un nom : HELLMOUTH. Découvert en 2009 par l’intermédiaire de son premier album, Destroy Everything, Worship Nothing, ce combo américain a eu le mérite de ne pas sombrer dans cette vague Revival Thrash, pas franchement à mon goût alors même que c’eut été la logique. Voilà peut-être l’unique formation qui évolue ouvertement dans ce style métissé a qui je donne instinctivement une chance. Parce que pour être franc, je suis toujours plus ou moins sous le choc de l’album susnommé, et écrire pour leur Gravestone Skylines n’est rien de plus que l’évidence même. Bien sûr, l’attente était grande, à la hauteur de la surprise d’un titre comme « The Master Have Poisoned The Slaves ». Mais conformément à mon intime conviction, HELLMOUTH n’est pas un groupe capable de décevoir.
Il suffira d’un « Funeral Drenched » vraiment visqueux et bien en chair qui s’ouvre dans le fracas d’un tocsin (toute ressemblance avec le « Hell’s Bells » d’AC/DC ne saurait être que fortuite) pour me faire reprendre mes repères. Psychédélique, névrosée, bouillonnante de vices, la musique d’HELLMOUTH est un pugilat qui tourne bien vite à la raclée. Une fois encore, les titres sont courts et brulants, à l’une ou l’autre exception près. C’est parfois tellement viscéral et expéditif (« Hands Like Spiders », 21 secondes) qu’on pense instinctivement à des nuances Crust qui n’ont même pas lieu d’exister. C’est efficace, mais là où ça devient franchement palpitant, c’est quand le quatuor dédouble sa personnalité. On ne sait jamais vraiment sur quel pied danser. Un coup c’est le riffing qui est Thrash, un autre ce sont les tempos qui font Sludge. Un coup ce sont les guitares qui deviennent Heavy, un coup c’est la voix du génial Jay Navarro qui verse dans le Hardcore. Sans compter cette multitude de nuances et d’atmosphères, parfois Punk (dans le jeu de batterie de Malek), parfois Grind et globalement catchys et groovys. Comme vous pouvez le constater, HELLMOUTH est un enfant bâtard, un autodidacte des quartiers pauvres de Detroit. On a envie de le féliciter pour sa réussite, de le chouchouter pour son application. Mais ces mecs nous pissent au cul. Parce que leur musique ne doit rien à personne. Elle est tellement engagée, malsaine, organique et belliqueuse qu’on en oublie les bases de la politesse. Bordel, ça c’est un putain de bon disque ! Et j’ai beau accorder épisodiquement ma confiance à des groupes qui auraient dû être pour ces loubards une source d’inspiration, il n’y a qu’eux qui parviennent à me faire frissonner. Sans faire de bruit, dans l’anonymat le plus total, Gravestone Skylines a fait son œuvre. On n’en a pas entendu parler, mais ce fait-divers se résume a bien plus qu’une simple boucherie entre amis. Amoncellement grossier de carcasses froidement exécutées, de membres maladroitement démembrés, de tripes comme s’il en pleuvait, avec en son centre un pot-pourri au placement plus que cynique, ce charnier attire encore les vautours.
Le métalleux se nourrit bien volontiers de viande mortifiée. L’odeur de ce Gravestone Skylines devrait vraisemblablement vous en dire plus sur son état de fraicheur. Loin des strass et des paillettes d’une scène prétendument dominée par SUICIDAL TENDENCIES, HELLMOUTH est cette force de l’underground capable du pire comme du pire. Il n’y a rien qui puisse être meilleur en la matière que ce second opus. Et ça, je suis prêt à le déclarer sous serment.
Ajouté : Mercredi 19 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Hellmouth Website Hits: 8860
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