GOTHMINISTER (no) - Anima Inferna (2011)
Label : Danse Macabre Records
Sortie du Scud : 25 mars 2011
Pays : Norvège
Genre : Indus / Electro / Gothic Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
Une vie de chroniques, comme quoi, ça change un homme. Je n’irais pas jusqu’à dire que je me souviens du jour où j’ai écrit pour le Happiness In Darkness de GOTHMINISTER comme si c’était hier, mais presque. Premiers émois refoulés, premiers pas dans le négationnisme et avec le recul, un album pas si dérangeant que ça. Si « Emperor » reste à mon goût une des balades les mieux écrites du style, il en va peut-être de même pour les « Mammoth », « Dusk Till Dawn », « Darkside » et autres « Freak ». Ce n’est certainement pas la créativité qui étouffe Bjorn Alexander Brem, fondateur du projet en 1999, mais après être passé sur 700 disques, je pense désormais être en mesure d’affirmer qu’en la matière, on fait largement pire. Trois ans après la sortie de ce troisième rejeton, finalement digne successeur d’Empire Of The Dark Salvation (2005) mais surtout de Gothic Electronic Anthems (2003), le ministère est revenu sur le devant de la scène avec un Anima Inferna plutôt… déconcertant.
Pour vous dire la vérité, je n’ai pas apprécié cet album outre-mesure. Ni à la première, ni à la seconde, ni à la énième écoute. Quel curieux hasard. GOTHMINISTER semble être ce groupe qui a besoin qu’on lui donne maintes chances avant de séduire et j’espère bien pouvoir être plus élogieux quant à cette sortie lors d’une éventuelle future chronique. Mais sur l’instant, oui, c’est une déception. Le premier constat à faire est que les Norvégiens ont considérablement réduit l’impact de leurs arrangements électroniques. Ceux présents sur Happiness In Darkness jouaient à fond la carte du grand-guignolesque, à tel point que je m’étais jadis permis l’un ou l’autre rapprochement avec David Guetta. Incontestablement, ce mariage de synthés parfois futuristes et de refrains imparables était la botte secrète du précédent effort. Plus rangé, plus mature, Anima Inferna rentre dans le rang. Le placement de « Stonehenge » en pôle position dans la tracklist n’est pas innocent. Cette composition, probablement la meilleure de tout le disque, s’ouvre avec des guitares martiales et Heavy, des claviers très kitsch et des cadences machinales, avant que Gothminister, de sa voix ultra-trafiquée, ne vienne poser le décor. Malgré son synthétisme, cette entrée en matière est encourageante. On connaît de toute façon la bestiole et sa passion pour la démesure. Je regrette seulement qu’ici, tout soit débité sur un ton monocorde avec un riffing qui fasse davantage dans l’hypnose, des frasques vocales moins envolées et des arrangements très aléatoires. On passe de « 616 », une vulgaire copie de « Your Savior » à un carnaval fantaisiste comme « Anima Inferna » en passant par « Solitude » et ses arrangements farfelus que la nouvelle Mylène Farmer n’aurait pas certainement pas renié. Certes, GOTHMINISTER n’a jamais été très cohérent dans ses choix, mais sur ce coup, après avoir revu mon jugement concernant Happiness In Darkness, je pensais qu’Anima Inferna allait m’emporter plus facilement. Au contraire, j’ai beau revivre l’expérience sous toutes ses coutures, je ne trouve pas cette faille qui faisait jaillir la lumière sur les « Darkside » et autres « Emperor ». J’ai même la curieuse impression que Bjorn Alexander est resté enfermé dans son personnage de dandy gothique flirtant avec le culte de la personnalité, usant et abusant de structures qui balancent entre Gothic et Indus Metal, le tout sous couvert d’un Electro-romantisme flétri. On ne retiendra finalement de ce quatrième projet que « Stonehenge », qui aurait eu toute sa place sur Happiness In Darkness.
Le proverbe doit dire vrai. L’indifférence est le plus grand des mépris. Et justement, Anima Inferna laisse de glace, à l’endroit même où son prédécesseur était énervant d’extravagance. J’aurais préféré m’emporter, tempêter, jurer mes grands dieux. Ça aurait au moins eu le mérite de dire que cet opus provoque l’un ou l’autre ressentiment. Or là, après avoir désespérément tendu l’oreille à la recherche d’un peu de réconfort, c’est la fatalité qui l’emporte. L’heure des réformes est peut-être venue pour ce ministère devenu malgré lui, très amer.
Ajouté : Mercredi 19 Décembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Gothminister Website Hits: 7258
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