IMPIA (usa) - Our Failures Become Us (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 24 août 2012
Pays : France
Genre : Doom Drone Metal
Type : EP
Playtime : 3 Titres - 36 Mins
La vie parfois, c’est une succession d’épreuves. Qui vous atteignent en propre, ou qui touchent les êtres que vous chérissez.
Et à un certain moment, les destinées se fondent en un seul avenir qui parait irrémédiablement sombre, chargé, qui prend des allures de sprint qu’on ne peut courir qu’au ralenti. On essaie de se dépasser, d’extirper ses pieds de la boue du hasard malveillant, mais on n’y parvient pas. Vous savez, ces rêves désagréables, dans lesquels le panorama change de séquence en séquence, devenant toujours plus étrange, jusqu’à révéler les créatures les plus hideuses des entrailles de la terre.
On suffoque, on tremble, on transpire, mais rien n’y fait. On ferme les yeux dans son propre rêve, en priant Dieu de nous réveiller, mais la scène se déroule quand même…
Qui est en fait le Freddy Krueger de nos songes ? Notre propre Némésis ? Nous même ? Nos actes manqués ? Ce futur qu’on ne sait choisir, parce qu’il implique des changements et qu’il nous effraie ?
Un peu tout ça en même temps. Un monde onirique où tout est possible. Le meilleur, mais surtout le pire. On sait que nos rêves sont des façons détournées qu’a notre inconscient de nous mettre en face de problèmes que l’on se refuse à affronter. Mais si l’on se refuse à les affronter, n’a-t-on le droit d’accéder à une sorte de refuge mental, havre de paix qui nous offre une pause, le temps de respirer, pour retourner en bas, dans la réalité, et finalement, essayer de corriger nos erreurs et de pardonner à ceux qui nous ont offensé ?
De panser des plaies ouvertes, d’accepter la rigidité d’un monde qui continue à avancer, sans notre consentement, et ainsi, à nous consumer vivant, sans espoir de retour en arrière ?
Je ne sais pas, et je pense que seuls les morts le savent.
Mais de leur au-delà, ils ne peuvent que nous faire entrevoir notre sombre destinée, par petites touches, par petits mots, par petits témoignages.
D’autres, bien vivants et évoluant sur le même plan que nous, tentent avec leurs propres moyens de nous faire appréhender cette vie, ce futur qui glisse sous nos pas, ces choix que l’on a plus.
Par des mots, des ambiances, des voix, et surtout, des notes, choisies, des climats, âprement dessinés.
Ainsi soit-il.
Et c’est le cas d’IMPIA, dont le second EP - après un premier effort éponyme – représente peut être la meilleure preuve de tous les arguments que j’ai énoncés plus haut. Leur synthèse, leur aboutissement sonore.
Et ce titre, prémonitoire, en est aussi une solution possible, ou, au contraire, une impasse.
Nos échecs font partie de nous. Cela peut se prendre personnellement, ou s’étendre à un bilan de l’humanité, depuis l’aube des temps.
Les guerres, la souffrance, les injustices, les coups du sort, les persécutions, la purification ethnique, l’égoïsme… Et tant d’autres actions/concepts qui font ce que nous sommes.
Des êtres pétris de contradictions, une sorte d’antithèse de la perfection divine, alors que Dieu est censé nous avoir créés à son image.
Mais peu importe.
La musique d’IMPIA, est comme notre destin. Lourde, emphatique, répétitive, encombrée d’arrangements poisseux, d’itérations cauchemardesques. Les guitares semblent enchaînées, tentant vaguement d’émettre des sons plaintifs, d’une diction lente et pénible.
Le rythme martèle le même motif, destiné à guider les galériens que nous sommes sur le bateau de l’ennui.
De ci de là, des voix se font entendre. Enfantines parfois, sépulcrales aussi, qui collent la chair de poule. Qui trouent la nuit de notre espoir de leurs intonations macabres.
Il faut être dans un état d’esprit particulier pour apprécier le Doom/Drone d’IMPIA. On n’écoute pas Our Failures Become Us, si l’on est sain de corps et d’esprit.
Il faut avoir déjà couru le long des couloirs de la folie et de la solitude pour en apprécier les méandres, et pouvoir en assumer la pesanteur et le manque d’empathie. C’est une claustrophobie volontaire, un enfermement affectif qui laisse des traces. Une blessure que l’on s’inflige.
Une cage. Une grotte. Une parcelle de notre mémoire qui fait défaut. Une suffocation psychologique.
Le contraire d’un refuge mental qui nous offre une protection, le temps de respirer.
Ajouté : Mardi 18 Décembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Impia Website Hits: 11206
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