GOLDEN VOID (usa) - Golden Void (2012)
Label : Thrill Jockey
Sortie du Scud : novembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Stoner Rock
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 36 Mins
Si vous êtes comme moi, un peu trop jeune pour avoir connu la formidable explosion créatrice des 70’s, il y a de quoi regretter en effet…
Mais il y a toujours moyen de se rattraper. Avec les disques bien sur… Ces vinyles inévitables, ces incunables que sont les Machine Head, Tarkus, Led Zep IV, Cactus, Doremi Fasol Latido, j’en passe et des plus obscurs…
Ces amplis Orange, ces tenues chamarrées, cet état de transe, cette communion avec le public, et avec Dieu pourquoi pas…
Et si la nostalgie directe ne vous suffit pas, il vous reste l’art du revival… Cet art qui consiste à faire revivre les sonorités d’antan avec un matériel moderne, à rendre hommage aux grand anciens en jouant une musique personnelle certes, mais sous influence avouée…
Nombreux sont ceux qui ne se sont jamais remis de cette décade qui aura vu triompher bien des styles musicaux. Le Hard-Rock, le Progressif, le Punk, le Disco, les débuts de la New Wave… Il y avait de quoi choisir, et quoi d’autre depuis ?
Pas grand-chose.
Alors peut on en vouloir à ces musiciens, désireux de vivre à leur façon la fièvre des débuts des années 70, revendiquant ouvertement leur amour des riffs amples, des roulements de caisse claire métronomiques, des lignes de basse rondes et déliées, et d’un chant faussement lyrique, mais authentiquement lysergique ?
Non.
Le fantôme d’Ozzy, même vivant, plane au dessus de ces têtes abondamment chevelues… Et tant que des groupes comme GOLDEN VOID existeront, il n’est pas prêt de disparaître.
GOLDEN VOID est un quartet américain, composé de Isaiah Mitchell (Guitare, chant), Aaron Morgan (Basse), Justin Pinkerton (Batterie) et Camilla Saufley-Mitchell (Claviers), qui se connaissent musicalement depuis l’adolescence.
En se retrouvant, ils décident d’emprunter à HAWKWIND l’un de ses titres et en font leur nom de baptême. Ils unissent leurs forces autour d’un Hard rock touffu, digne de l’ex-bande à Lemmy justement, mais aussi héritier direct du PURPLE, et surtout, du SAB…
Un chant digne du Osbourne des grands jours, une rythmique élastique et volubile, et des interventions à la guitare pertinentes, mais aussi free, qui font parfois ressembler certains morceaux à des jam sessions plus ou moins ordonnées…
Free, oui c’est ça…C’est le mot juste.
Mais outre ces allusions au passé plus qu’évidentes, GOLDEN VOID louche parfois aussi du côté du SCORPIONS le plus ancien et psychédélique (« Atlantis », longue épopée qu’on croirait sortie de Lonesome Crow, avec en sus le spectre d’ULI ROTH…), et lorsqu’il assume son époque, fait aussi parfois penser à CORROSION OF CONFORMITY du début des années 90, par petites touches (« Shady Grove »).
Mais admettons quand même que les principales sources auxquelles les membres de GOLDEN VOID sont venus s’abreuver restent BLACK SABBATH et DEEP PURPLE, au point parfois de créer une hybridation parfaite, évoquant autant la pesanteur des premiers que le lyrisme des seconds (l’ouverture flamboyante « Art Of Invading », avec un chant proche de celui de Gillan, et la guitare de Iommi), tout en gardant à l’esprit le sens de l’ouverture et d’aventure des cadors des 70’s (le swing furieux de « The Curve » et sa construction à tiroir sentant bon les effluves de HAWKWIND justement, le riff gluant de « Virtue » et sa mélodie plaintive, sorte de mélange entre BLUE CHEER et COVEN…).
Si vous ajoutez à ça, un réel investissement des musiciens, avec un batteur qui n’a de cesse de tenter toutes les combinaisons possibles sur ses fûts tout en gardant le tempo, un bassiste qui décolle à tout moment, et un guitariste qui a su retenir de ses aînés la science du riff pataud mais entêtant, vous obtenez un mélange détonnant, captivant, qui vous enveloppe dans un nuage de fumée dès les premières secondes.
Certes, est-il vraiment question de Stoner ? Je ne sais pas, mais j’ai toujours détesté cette appellation, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, trop restrictive.
Non, je pense qu’il faut plutôt voir en GOLDEN VOID un réel amour d’une musique qui nous hantera toute notre vie, de par sa liberté de ton, ses excès, et son refus du conformisme.
Loin d’être un simple boeuf sans queue ni tête (malgré cette impression parfois, mais n’est ce pas le propre de cette musique de nous faire croire à l’improvisation ?), loin d’être un album enregistré à la hâte pour se faire plaisir, Golden Void est une entité à part entière, avec sa raison d’être et sa pertinence.
Dave Brock a de quoi être fier d’avoir composé un jour une chanson ayant servi de point de départ à une histoire comme celle-ci. Gageons qu’il écoute en cachette « Jetsun Dolma » et qu’il se replonge dans son passé, riche en décibels, en pilules, et en concerts spatiaux…
Tu payes tes smarties Dave ?
Ajouté : Jeudi 29 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Golden Void Website Hits: 11796
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