HAUT&COURT (FRA) - La Vie (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 29 octobre 2012
Pays : France
Genre : Mathcore / Crust
Type : EP
Playtime : 6 Titres - 11 Mins
Je ne comprends pas et je crois que je ne comprendrais jamais. Quel est cet état d’esprit qui pousse des âmes chastes et innocentes à une pareille violence sonore ? Ces âmes ne seraient-elles pas au final moins immaculées que prévu ? Ou est-ce simplement le domaine de l’imaginaire qui est stimulé par des formations de la trempe d’HAUT&COURT ? A l’instar des Transalpins de la fondation THE SECRET, nous voilà en présence d’esprits malades qui refusent tout constat réaliste. Leur musique est indescriptible mais assurément, elle est faite de tripes, de sang et de sueur, avec pour seul horizon le chaos musical. Formé en juin 2012 dans la richissime région alsacienne, HAUT&COURT est une énigme qui aura mis moins d’une demi-année pour concrétiser ses rêves d’effraction anale post et ante mortem. La base. La Vie. Un premier EP vaporeux qui se fera une joie de vous pénétrer spirituellement. A moins que la sentence ne soit d’ordre physique ?
Puisqu’il fallait étiqueter le produit, on a parlé un temps de « Mathcrust ». Un néologisme bien loin de toute réalité artistique. Contradiction pour contradiction, HAUT&COURT prône la vie, la vraie. Ne vous y trompez pas. Et même si cet EP revêt parfois des apparats d’ébène, avec ces guitares très sombres qui rappellent évidement la tournure fuligineuse prise par WAR FROM A HARLOTS MOUTH sur son dernier album (Voyeur), le trio croque dans le gros son à pleines dents. Les courbes s’inversent quand HAUT&COURT se délecte de l’énergie qu’il soutire à son auditorat, au travers de compositions précises et expéditives. D’ailleurs, plus que l’inventivité de cette déflagration, on retiendra le professionnalisme de la bête, qui a tout d’un projet expérimenté. Les voix sont massives et menaçantes, un peu monocordes avec le recul, mais en fin de compte, y’avait-il une alternative plus crédible pour accompagner ce jeu de guitare tantôt autoritaire (« Krokodil »), tantôt voluptueusement débile (« Colision ») ? Assurément que non. Derrière cette schizophrénie latente, il y a la réalité d’un mariage de déraison, célébré un jour de grand beau temps, rien que pour faire chier le dicton. On n’est pas vraiment malheureux, mais La Vie est trop dérangé pour nous combler de bonheur. Situé quelque part entre GAZA, THE DILLINGER ESCAPE PLAN, ION DISSONANCE et un tas de merde, HAUT & COURT fait l’apologie d’un bruitisme intelligent, schématisé avec précision et exécuté sans aucune finesse pour conclure sur un malentendu avec le final jusqu’au-boutiste de « Wasted Time For Wasted Mind ». Surement plus Mathcore que Crust dans l’écriture, La Vie est finalement cohérent d’incohérence et c’est cette ambivalence qui désarçonne. Onze minutes, à peine le temps de tringler un vieux paralytique dans les caves du service pédiatrie que cette vie s’achève déjà. On ne peut pas vraiment affirmer avec certitude qu’elle avait des airs de boite de chocolat, bien que son contenu fort en… émotions, mériterait bien une croix sur le Calendrier, à trois semaines de l’Avent. Comme un cadeau avant l’heure, La Vie joue des coudes au cœur d’une scène aux coudées franches. Et c’est réussi.
Qu’on me pende à leur manière si cet EP est la révélation de l’année. Rien de plus ni de moins qu’un essai brillant et courageux, La Vie ne véhicule assurément pas de belles valeurs. Mais dans ce monde ingrat ou le fort crève le faible, ubi maior, minor cessat, HAUT&COURT a pris les devants et a déjà su imposer son franc-parler, a défaut de pouvoir faire parler franchement sa délicatesse. Cachée ou inexistante, on ne demande pas mieux que de ne jamais en entendre parler, si la suite des évènements est du même acabit.
Sénèque ne disait-il pas que « la vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n'est pas sa longueur, mais sa valeur » ? Au fond, il devait être un sacré bon chroniqueur.
Ajouté : Jeudi 29 Novembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Haut&Court Website Hits: 13108
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