DURAZIS (usa) - Curse (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : France
Genre : True Black Metal
Type : Démo
Playtime : 6 Titres - 22 Mins
Back to the roots…
Oui, parfois, ça fait du bien de se replonger dans l’underground… Parce qu’il est actif, authentique, parce qu’il me rappelle les fanzines des années 80, Slayer Mag, les mecs passionnés qui vivent à fond leur truc, peu importe que leur bureau soit situé dans leur chambre chez leurs parents, dans une vieille cave ou une foret.
Et là, ce soir, samedi soir, jour emblématique des sorties en boite, du karaoké, ou des fêtes chez les potes, je suis chez moi, et comme d’habitude depuis ces dernières semaines, je fouine…
Tiens, comme quand j’avais quinze ans… Je lisais les mags, les catalogues de distro, la rubrique « Et pourtant ils tournent » d’Enfer Mag, « Les Brutes » de Hard Force, à la recherche des ces groupes improbables ayant définitivement abandonné toute volonté d’uniformisation, et de fait, rejetés de (presque) tous.
Gageons que si DURAZIS avait existé à cette époque, il se serait mangé une bonne louche de poix sur la gueule pour avoir osé enregistrer un truc aussi nihiliste, cacophonique et mal produit.
J’imagine – à posteriori – la chronique du pauvre gus chargé du boulot…
Version académique et polie :
« Ce genre de démo décrédibilise toute une scène extrême, de par son amateurisme, sa volonté d’annihiler tout effort de construction, et sa production qui le confine au brouet le plus indigeste. »
Version « Je me veux super branché » :
« Oui, allez, j’avoue c’est drôle. Ma voisine qui en ce moment est en pleins travaux de rénovation de ses chiottes est venue me voir et m’a demandé si moi aussi je jouais de la ponceuse électrique. La conne… Mais en fait, elle n’avait pas tort. »
Version Hervé Guégano :
« C’est un truisme d’affirmer que la réverbération entre le bidet de ma salle de bain et la porte du vasistas, les jours de grand vent, produit plus ou moins le même son dégagé par ces clowns. »
Voilà, ça me parait un bon résumé. Mais moi, que voulez vous, d’une, j’ai l’esprit de contradiction, et de deux, j’aime assez les fouteurs de merde bruitistes. Et j’ai l’esprit professionnel. Alors je vais vous parler de DURAZIS. Fondé à Ventura (USA) en 2008, DURAZIS est déjà responsable de pas moins de six démos, dont trois enregistrées en répétition.
Ils jouent ce qu’on appeler sans trop risquer de se tromper du Raw Black, mais en gardant bien en tête l’option « Raw », qui dans leur cas, ressemble à un doux euphémisme.
D’ailleurs une simple écoute à Curse, leur démo de 2011 suffira à vous en convaincre.
Honnêtement, il faut être rompu à l’exercice périlleux de l’écoute de cassettes mal enregistrées pour apprécier leur « musique », qui pour le commun des mortels se rapprochera plutôt d’une cacophonie infâme sortie tout droit d’un esprit dérangé.
Mais nous abordons là le cas épineux de l’éthique Black dans toute son essence, et il convient d’être attentif au choix des mots descriptifs.
En fait, cette démo en tant que telle est anecdotique. Elle n’est ni pire ni meilleure que la centaine d’autres qui inondent les HDD des chroniqueurs de webzines, mais elle représente quelque part la symbolique parfaite d’un style qui se veut véhément, et sans compromis artistique et/ou commercial.
Les chansons sont linéaires, sans surprise, rapides, avec un chant à la limite de l’humanité, le tout enrobé d’un « son » si atroce qu’il devient presque impossible de distinguer quoi que ce soit.
Du Black Metal originel, en gros, les premières démos de BEHERIT ou BURZUM, la créativité et l’esprit malsain en moins. Avec bien sur ce sentiment que l’ensemble des titres tient plus d’un collage de différentes époques qu’une réelle volonté de cohésion (le dernier titre semble sorti de nulle part et rajouté à la dernière minute…), Curse est représentatif de cet underground dont je parlais en début de rubrique, cette faune bigarrée qui héberge des milliers de sans labels courant après une reconnaissance, une connaissance, une exposition, biffez les mentions inutiles.
Et c’est pour cela que j’avais choisi de vous en parler ce soir. La musique est aussi, en très grande partie, une affaire d’amateurs passionnés, qui n’y trouvent qu’un exutoire à leur vie morne, leur ennui, ou leur envie d’ailleurs.
Et DURAZIS, dans ces moments là, est l’antidote parfait à une soirée insipide. Et me replonge dans ma quête, ininterrompue depuis vingt cinq ans. La boucle est bouclée.
Ajouté : Mercredi 28 Novembre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 8682
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