STRYPER (usa) - To Hell With The Devil (1986)
Label : Enigma Records
Sortie du Scud : 24 octobre 1986
Pays : Etats-Unis
Genre : Christian Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 41 Mins
Non mais vraiment, vous me connaissez bien mal bande de petits païens…Vous croyez vraiment que j’allais me vautrer dans la fange, me rouler dans le stupre, abandonner mes principes et rejeter le Seigneur, pour me tourner vers le(s) malin(s) ?
Hum ?
Tout ça parce que c’est ma 666ème chronique pour Metal Impact ?
Vous aviez tort, n’oubliez pas, je suis un fouteur de merde.
Six ans, 666 chroniques, le compte est bon. L’heure est à la rédemption.
Je n’ai que trop écouté, je n’ai que trop écrit sur des hérétiques, il me fallait revenir à la lumière, et psalmodier, jusqu’à m’en scier les cordes vocales.
Hallelujah mes frères et sœurs, Hallelujah !!!! Saluons le retour du messie, Amen !
Oui, c’est vrai, le Metal, depuis ses origines est voué à Satan, tout comme son père le Rock N’Roll le fut en son temps, et son grand père, le Blues.
Oui, le premier groupe estampillé « Heavy Metal », que fut BLACK SABBATH avait choisi un nom idoine (alors que, paradoxalement, le seul véritable musicien porté sur l’occulte à cette époque était le frère ennemi Jimmy Page…), et offert un premier morceau éponyme dont le tocsin funèbre et lointain résonne encore dans bien des mémoires. Le Sabbat Noir. Tout commençait dans les ténèbres.
Et puis, KISS montra le bout de son nez. Bien maquillé, comme le reste. Et quiconque les ayant vu à cette époque aux USA se souviendra de ce bassiste démoniaque, langue de vipère en avant, crachant du sang, comme un goule.
Alors, le rusé Gene Simmons, puisqu’il faut bien le nommer, au risque d’être damné sur cent générations, eut une idée. Puisque son groupe était censé pactiser avec le malin, et propager ses idées hédonistes sur terre, avec force métaphores sexuelles subtiles, il fallait lui trouver un adversaire à combattre. Un adversaire/doppelganger positif, tout acquis à la cause de la pureté, de la droiture, de l’immaculée conception.
Et ainsi, naquit ANGEL, avec Greg Giuffria aux – horreur, malheur – claviers. Malheureusement pour nos chers blondinets tout de blanc vêtus, l’affaire fit très vite naufrage. Car si le concept était intéressant, le résultat était musicalement parlant moins convaincant. Et Dieu de retourner dans son infini, la tête basse et la prière modeste, tout en se jurant de revenir un peu plus tard…
Ce qu’il fit.
Mais il attendit pour ça les années 80… Souvenez vous, cette décade rongée jusqu’à l’os par le capitalisme, le consumérisme, le fluo, Miami Vice, les Golden Boys, Michael Douglas, la coke et autres vices dignes de l’enfer.
Les groupes paillards se multipliaient dangereusement. Le Glam Metal répandait ses effluves et avait trouvé un haut parleur de la luxure par l’entremise de combos comme WASP, MÖTLEY CRÜE, RATT, POISON, KISS encore, et tant d’autres…
Sans compter ceux qui se réclamaient ouvertement sataniques, les légions de la haine, les vociférateurs de l’enfer…VENOM, SLAYER, HELLHAMMER, BATHORY, MERCYFUL FATE, et j’en oublie.
Il fallait que le grand barbu réagisse. L’ange déchu essayait d’asseoir définitivement son emprise sur terre via cette musique forte en décibels, et l’injure était intolérable. Même les moins pervertis s’y mettaient. Prenez MAIDEN… The Number Of The Beast ?
C’était intolérable.
Alors, Dieu envoya quatre preux chevaliers sur Terre, aussi beaux que purs d’intentions (enfin beaux… Disons que pour trois sur quatre c’était vrai…), et déterminés à rendre sa couronne au roi suprême.
Et s’il fallait passer par des « Ho, oh, oh, la, la », ils n’hésiteraient pas. Ils étaient magnifiques dans leurs costumes en poussière d’étoile noire et jaune. Et surtout, ils avaient les cheveux propres, et les pieds aussi. Ils honnissaient les groupies, l’alcool, la drogue, bannissaient le moindre gros mot de leur lexique, et jetaient des bibles en concert, pour convertir les athées.
C’était un spectacle émouvant.
De leurs instruments, ils tiraient des psaumes musicaux, des prières Metalliques, propres à séduire les jeunes demoiselles perdues à jupes trop courtes, et les adolescents boutonneux et complexés. Nous étions tous superbes, nous étions tous leurs frères, leurs sœurs, il nous fallait juste expier nos fautes et confesser nos pêchés pour rejoindre la grande famille de Dieu.
Leurs clips étaient chamarrés, emplis de couleurs sorties du Paradis, cet endroit magnifique et apaisant dont ils nous parlaient tant.
Ils livraient le combat, le seul.
Celui qui allait renvoyer l’infâme Satan dans son antre surchauffée au gaz de ville, l’enfer qu’il n’aurait jamais du quitter, surtout sans fermer la porte.
To Hell With The Devil.
They were rockin’ the world for him. And his son.
Avouez que pour une troisième épître, ça sonnait quand même. Nous étions en l’an de disgrâce 1986, en pleine vague Thrash Metal, ce brouhaha indigeste et néfaste. SLAYER sortait Reign In Blood, et son ennemi juré STRYPER répliquait fougueusement avec son To Hell With The Devil.
Et il y avait de quoi douter.
La pochette des quatre adorateurs du grand cornu était toute vilaine. En tons verdâtres, avec des personnages tout moches, alors que celles de nos quatre preux chevaliers était brillante, on les voyait illustrés en anges musclés comme les messieurs de MANOWAR, encerclant le Diable pour le faire frire comme une vulgaire côte de porc. Sans même écouter la musique, ça donnait la foi. La force de se lever le dimanche et manquer Gym Tonic pour aller à l’église du coin brûler un cierge pour honorer nos nouveaux protecteurs.
Et lorsque le diamant, qui se reflétait sur leur sourire éclatant de blancheur, se posait sur les sillons, le doute n’était plus permis.
Hallelujah mes frères, Dieu est grand, Dieu est amour, et ses disciples sont garantis pur guimauve !
Ca faisait mal aux dents. Trop de glue cause.
Et pourtant, ils maniaient leur épée céleste avec conviction.
Et après une intro aussi belle qu’une tonnelle de rosiers grimpants, leur discours emplit les enceintes de notre chaîne hi-fi usée par trop de mauvaises habitudes diaboliques.
Robert Sweet (non, là sérieusement, que pouvait il faire d’autre avec un nom pareil ?) avait une voix puissante comme la colère de Dieu, cristalline comme une source d’eau fraîche, et chantait ses psaume avec dévotion et abnégation. Lui et ses apôtres redonnaient son essence à cet instrument maudit qu’était la guitare. Et il faut avouer, au milieu de ce torrent d’ironie, qu’ils ne sont pas passés loin de leur objectif…
Car noyés dans un excès de compassion duquel suintait des bondieuseries aussi mielleuses et fourbes qu’un télévangéliste, on trouvait sur cet album de petites pépites dorées Heavy assez délicieuses.
« More Than A Man », « The Way », « Rockin’ The World », c’était quand même fumant pour un groupe aussi délicat.
Mais malheureusement, tout ceci était écrasé par des ballades sirupeuses (« All Of Me », « Honestly »), et des mid tempo mous du genou (« Free », « Calling On You », « Holding On »)…
Quel dommage…
Car il faut admettre que frère Robert Sweet était certainement une des plus belles voix que le Heavy Metal ait connu. Que le travail sur les chœurs angéliques valait le détour. Mais était-il sérieux d’oser chanter une abomination telle que « Sing-Along Song », et ses chants investis qui faisaient passer n’importe quel groupe de Gospel pour des chantres d’un Black Metal torride ?
Non.
Alors, il ne nous restait plus qu’à nous en retourner dans la fournaise ardente de la bête aux sabots, et de nous repasser Reign In Blood pour la énième fois… Quel dommage quand même… Nous aurions bien aimé nous aussi porter des costumes aussi chatoyants, et avoir les cheveux et les pieds aussi propres.
Fourbe démon, qu’as-tu fait de nous ? Ne connaîtras-tu donc le repos que lorsque la dernière âme chaste sera tombée dans tes filets ?
Je te honnis autant que je te respecte vilaine chèvre poilue.
Mais l’erreur de STRYPER, outre ses errances musicales un brin édulcorées (et ses aveux tardifs d’abus de groupies et de farine blanche qui décolle les naseaux…Vilains petits hypocrites...), fut d’avoir douté de notre foi. Car si en 2012, nous écrivons encore pour Metal Impact mes frères, c’est que nous l’avons.
La foi.
Alors je dédicace cette 666ème chroniques à mes frères et sœurs de décibels, CyberIF., JB, Julien, Le Comte de la Crypte, Le Patriarche, Line44, Loki, Metalrom, Mystic Laurëa, NicoTheSpur, Oncle Machin, Stef., Warloghe, Wong Li, et bien sur, à notre père à tous, qui est bien plus modeste que Dieu, mais aussi irradiant et aux cheveux aussi propres, notre vénéré Blasphy de Blasphèmar.
Allons-y mes frères, restons les hérétiques que nous avons toujours été, et crions tous ensemble :
At War With Sataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !!!!
Amen.
Ajouté : Jeudi 25 Octobre 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Stryper Website Hits: 9344
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