BIOHAZARD (usa) - Bobby Hambel et Scott Roberts (Juin-2012)
Hellfest 2012. C’est ici que j’ai eu la chance de réaliser une interview avec Bobby Hambel et Scott Roberts de BIOHAZARD, un groupe connu pour être l’un des premiers à avoir osé mélanger Rap et Hardcore, tout en y incorporant des éléments Punk, Heavy et Hip-Hop. Et quel honneur de pouvoir discuter un moment avec une formation qui est devenue une influence pour tant de groupes de Hardcore et de Metalcore ! Voici donc les éléments de réponses que le duo apporte quand on évoque avec eux leur carrière et leur dernier album en date.
Line-up : Billy Graziadei (chant et guitare), Bobby Hambel (guitare), Scott Roberts (basse et chant), Danny Schuler (batterie)
Discographie : Biohazard (album – 1990), Urban Discipline (album – 1992), State Of The World Address (album – 1994), Mata Leao (album – 1996), No Holds Barred (live album – 1997), New World Disorder (album – 1999), Tales From The B-Side (compilation – 2001), Uncivilization (album – 2001), Kill Or Be Killed (album – 2003), Means To An End (album – 2005), Live In San Francisco (live album – 2007), Reborn In Defiance (album – 2012)
Traduction : Stef.
Metal-Impact. Après toutes ces années, j’aimerais simplement savoir comment vous vous sentez, maintenant, à l’instant T, vis-à-vis de BIOHAZARD ?
Bobby Hambel. On remercie Dieu d’être toujours capables de jouer. Après toutes ces années, on a gardé le même feeling qu’il y a 20 ou 24 ans. La vie est belle et peu importe les épreuves, nous sommes toujours présents pour jouer. C’est tout ce qui compte. Tu sais, être capable de continuer est une chose merveilleuse.
Scott Roberts. Je me sens très bien en ce moment. Honnêtement, c’est une bonne période pour moi et je suis en train de vivre les meilleurs moments de ma vie.
MI. Vous avez lourdement influencé de nombreux groupes de Metalcore, Hardcore et Crossover !
Bobby. C’est la musique qui veut ça. Quand tu regardes en arrière, tu constates que BIOHAZARD a joué un rôle dans cette évolution musicale. Ce que je veux dire, c’est que les groupes qui font de la musique le font à leur façon. Chaque groupe apporte des éléments uniques dans un style musical bien précis. Chaque groupe qui essaie de créer quelque chose d’unique voit ses influences aller quelque part et c’est une progression naturelle. Avoir été un acteur de la révolution de ce style musical à nos débuts a aidé BIOHAZARD à avoir du crédit. Je ne pense pas qu’on mérite cet honneur mais c’est un honneur.
MI. Mais que s’est-il vraiment passé ? Je veux dire, comment avez-vous eu l’idée de mélanger du Hip-Hop et du Heavy Metal ?
Bobby. Il y avait de tout à New-York. Dans la même rue, on entendait du Hip-Hop qui sortait des Boombox et un peu plus loin, du SLAYER. Pour nous, c’était un environnement pluriculturel. Au début, les gens nous ont dit qu’on ne devait pas faire ça. Et du coup, on s’est plutôt rapproché du Hip-Hop que du Heavy Metal parce qu’à cette époque, le Heavy Metal c’était chanter les louanges de Satan, tuer des putains de chèvres et tout ce bordel. Ok, c’est cool… Mais on a aussi vu des arrestations, des trucs qu’on ne voit que dans la rue. Et on voulait parler de ça, pas de l’enfer en flammes et de trucs de Fantasy. On parle de choses réelles dans nos paroles. Quand on a collaboré avec ONYX, c’était comme si on avait eu une idée venue d’ailleurs. Au début, tout le monde nous a dit « NON » (rires) ! A l’époque, tu pouvais seulement entendre ce genre de mélanges dans AEROSMITH ou RUN-D.M.C qui étaient pour nous des trucs qui venaient d’Hollywood. Alors on a pris l’énergie du Hardcore et on l’a mise dans notre musique pour voir ce que ça allait donner.
MI. Et ça c’était à l’époque de la chanson pour la bande-originale de « Judgement Night » ?
Bobby. Ouais ! Pour ce film, beaucoup de groupes ont été invités à participer, à mixer et c’était cool tu sais. Après ça, y a eu LIMP BIZKIT et KID ROCK, tout un tas de trucs. Oh ouais, y’avais ANTHRAX et PUBLIC ENEMY aussi.
MI. Vous avez pensé que ce style deviendrait si important à vos débuts ?
Bobby. Non. Quand le groupe a été monté, au tout début, les gens nous ont dit de ne pas le faire. C’était très différent de maintenant. Il n’y avait pas d’Internet. Il y avait juste nous et le public pendant les lives. On a simplement voulu faire notre propre truc et ça a payé. On n’a pas démarré le groupe dans l’espoir de le rendre grand. Simplement, si tu sens que c’est une bonne idée, fais-le. Tu ne dois pas avoir peur. On ne s’est jamais dit qu’on ne devait pas le faire parce que ça ne marchera pas ou quoi que ce soit. Pour moi, ne pas prendre de risques, rester dans son confort, c’est se tromper d’objectif et gaspiller son temps de vie.
MI. Vous avez splité en 2003… Vous êtes toujours en contact avec Evan ?
Scott. A cette époque, je jouais de la guitare. Evan a voulu faire son truc dans le porno, plus personne ne suivait, je pense que c’est la raison pour laquelle chacun a voulu se couper de ça.
Bobby. On n’est plus vraiment en contact avec lui. Il a fait son choix, il a voulu quitter le groupe et ne plus en faire partie. Donc bonne chance, c’est tout ce qu’on a à lui dire. Tu sais, la vie est courte donc rien que le fait d’être ensemble nous rend heureux. La vie continue et on ne sait pas ce qui arrivera demain. Il n’y a pas de garanties.
MI. J’ai entendu parler d’un nouvel album ? Reborn In Defiance, c’est ça ?
Bobby. Exactement. C’est la première fois qu’on refait un album ensemble depuis 17 ans.
MI. Super ! Donc vous avez décidé que l’album Means To An End de 2005 ne serait pas le dernier. C’est une super nouvelle que ce nouvel album ! Vous pouvez nous en dire plus à son propos ?
Bobby. Le premier truc qu’on s’est dit, c’est « la règle d’or de cet album, c’est qu’il n’aura pas de règles » ! On a simplement fait un jam ensemble et on a retenu le meilleur pour figurer sur l’album. On a ainsi composé 30 chansons et on a sélectionné les plus puissances. Cet album n’était pas vraiment prévu.
MI. Qui a produit ce nouveau disque ?
Bobby. Nous avons travaillé avec un très bon producteur, Toby Wright. Il nous a constamment encouragé. Il nous a dit de ne pas nous arrêter, que si on sentait un truc, une mélodie, on se devait de la travailler, sans nous soucier de faire exactement ce que les gens attendent de nous. Le prochain enregistrement sera probablement encore différent.
Scott. Tout le monde a fait des démos dans son coin et après la tournée, on s’est réunis pour travailler là-dessus ensemble. On a écrit dès que l’inspiration venait, peu importe où c’était, dans le bus ou autre. On a aujourd’hui plus de temps pour tourner ensemble que pour jammer. Donc quand on était en répétitions, on a jammé ou alors on a noté nos idées dans un bouquin et on a fait le tri par après.
MI. Un peu comme un puzzle ?
Bobby. Exactement ! Exactement !
MI. J’ai regardé un peu votre setlist et c’est intéressant parce que vous avez choisi de jouer de vieilles chansons !
Bobby. C’était son idée (ndi : il désigne Scott) de jouer des morceaux du premier album et ça fait du bien de jouer des titres qu’on n’a plus joué depuis longtemps.
MI. Parlez-nous de la situation aux Etats-Unis, de vos fans là-bas ? Vous sentez des changements par rapport au public européen ?
Bobby. Venir en Europe a toujours été une bonne chose pour BIOHAZARD. On se sent toujours bienvenus et l’Europe nous offre beaucoup de support. Aux Etats-Unis, c’est plus étrange pour nous mais on va y retourner et l’attaquer ! L’Amérique, c’est plus comme avant. Un tas de groupes ressentent le même feeling tout au long de leurs tournées américaines. Ce n’est plus ce que c’était.
Scott. Les kids sont plus “trendy” ici. Chez nous, ce n’est pas une communauté comme ici. Ici, quand tu joues dans ce type de festivals, tu vois les campeurs, tout y est vivant. Il y a trop de monde aux Etats-Unis.
Bobby. Les gens viennent toujours nous voir, comme il y a 20 ans. Ils sont loyaux envers leurs croyances et c’est super. Voir tous ces t-shirts de BIOHAZARD qui datent de 1990… wow ! Les gens ont toujours ces vieilleries. Et c’est pareil pour les autres groupes. Je vois des gens de 40 ou 50 ans qui viennent à nos spectacles. C’est cool. En Amérique, à 50 ans, c’est fini. Ils disent “ce n’est plus de mon âge”.
MI. Quel est votre avis sur Internet et le téléchargement ? Ça vous manque les cassettes et les vinyles ?
Bobby. Oh oui ! Ça nous manque beaucoup. On regrette l’époque où, quand tu n’étais pas à un concert, tu ne pouvais pas le revoir sur YouTube ou ce genre de sites. Tu devais aller au concert ! Maintenant, en jouant, je regarde la foule et je vois une caméra pointée sur ma gueule et 10 minutes plus tard, c’est sur YouTube. C’est un sentiment très étrange tu sais. Ce n’est plus comme avant.
Scott. J’aime le téléchargement mais je paie pour ça. Je vais sur iTunes et j’achète mes musiques favorites. J’adore ça, c’est super. Pour moi, c’est beaucoup plus simple que d’aller chez un disquaire et fouiller pour trouver un CD. J’adore ça mais je n’ai jamais volé aucune musique.
Bobby. Moi j’en ai volé avant de pouvoir télécharger (rires). Je volais des cassettes. J’étais dans une mauvaise période tu sais (rires) mais au final, non, je ne crois pas que le téléchargement illégal soit quelque chose de bien.
MI. Je vous remercie les mecs pour cette interview. Vous avez un dernier message pour nos lecteurs ?
Bobby. Je ne sais pas… Je n’ai aucun message. BIOHAZARD, c’est simplement se relever, croire en soi-même et ne jamais renoncer. BIOHAZARD, ce sont les choses qui nous entourent et qu’on décrit dans nos chansons. Ce n’est pas nous mais c’est quelque chose qui compte. Ce groupe nous a été bénéfique parce que nous étions jeunes et qu’au lieu de sortir, de prendre des drogues et de nous autodétruire, de nous perdre dans la violence, on a préféré écrire des chansons sur ça, en parler et essayer de ne pas nous laisser détruire. Nos messages sont dans nos chansons. Croyez en vous et ne vous laissez pas abattre.
Ajouté : Mardi 19 Mars 2013 Intervieweur : Nelly Lien en relation: Biohazard Website Hits: 13628
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