DEATH AGONY (FRA) - Tout le groupe (Déc-2012)
Il est de notoriété publique que le métalleux est crasseux, difforme et grossier. DEATH AGONY en est un exemple quasi-parfait. Si proche d’un Death Metal traditionnel et pourtant si loin de sa poésie caractéristique, le groupe valenciennois perce doucement ses boutons de pus au cœur de la scène française. Son premier album, Carcinogenic Memories est un chou-fleur. Puant dans sa version brute et tellement raffiné dans sa version cuisinée. Ils sont comme ça chez DEATH AGONY. Et à l’occasion de ce dépucelage aussi sanglant que réussi, c’est le groupe tout entier qui a ouvert pour la première fois un dico pour tenter de répondre à mes quelques questions. Une interview pleine de promesses et placée sous le signe du second degré pour une formation ambitieuse et talentueuse. Entretien.
Line-up : Matt (chant et guitare), Phil (guitare), Fiston (basse), Olivier (batterie)
Discographie : Reprieved (démo - 2007), Resilience (EP - 2009), Carcinogenic Memories (Album - 2012)
Metal-Impact. Salut les gars, je suis Stef pour le webzine Metal-Impact ! Entre Noël qui approche et la sortie récente de votre premier album, Carcinogenic Memories, j’imagine que la vie est plutôt agréable pour DEATH AGONY non ? Dans quel état d’esprit se trouve le groupe en ce moment ?
Fiston. L’état d’esprit est plutôt positif puisque nous avons pas mal de bons retours sur l’album et les concerts.
Matt. Nous avons également de nombreux projets pour la suite et sommes impatients de commencer 2013 et de remonter sur scène.
MI. Peux-tu faire une rapide présentation du groupe et nous expliquer la raison pour laquelle il faut absolument écouter votre premier album avant de crever le 21 décembre ?
Phil. Le groupe existe depuis l’été 2005. Nous évoluons dans un Death Metal old-school teinté d’influences à la SLAYER, CANNIBAL CORPSE, SIX FEET UNDER. Il faut écouter l’album parce que tu retrouveras en partie ces influences alors bouge ta tête tant que tu le peux !
Matt. Cet album propose un univers assez sombre, qui colle parfaitement avec l’ambiance du moment, idéal pour se préparer à cette fameuse date !
Fiston. Si tu n’as pas acheté de bunker, tu es foutu !
MI. Vous êtes dans le circuit depuis l’été 2005, pourquoi avoir attendu autant de temps avant d’accoucher de ce premier bébé ?
Matt. Ce premier album est le fruit d’une évolution. Suite à l’EP de 2009, nous avons pris le temps de bien le préparer. C’est une étape importante et nous ne souhaitions pas réaliser cette galette à l’emporte-pièce.
MI. Quelles sont les principales évolutions musicales par rapport à votre dernier EP, Resilience, sorti en 2009 ? Peut-on dire qu’enfin, DEATH AGONY s’est « professionnalisé » ?
Fiston. C’est l’album de la maturité (rires) ! Nous avons pris le temps de faire la part des choses entre envies et nos possibilités. La professionnalisation est effectivement un objectif pour nous.
Olivier. D’une manière naturelle, les morceaux de l’album font preuve de plus de technicité que ceux de l’EP, des suites de nos diverses expériences scéniques, de studio et de notre complicité qui ne cesse de croître.
Matt. Musicalement, de nouvelles influences sont apparues dans notre vision de la composition. On a toujours fait un Death ouvert à d’autres branches, et plus le groupe évolue et gagne en maturité, plus les nouveaux morceaux dégagent des ambiances intenses.
MI. Vous jouez un Death Metal très sérieux, très viril, complètement authentique et pourtant, pas très original même si on peut ressentir des influences Thrash ou même Black. C’était quelque chose d’important pour vous de garder cet esprit « rétro », ce son assez malpropre qui sonne comme une production Death du début des nineties ?
Olivier. Notre authenticité part de toute la scène des nineties et elle est notre principale source d’inspiration.
Matt. Cependant nous ne renions pas la scène actuelle. Mais c’était une réelle volonté d’obtenir un son qui nous ressemble. Ce premier opus est un parti pris et reflète notre identité.
MI. Je vais même oser un parallèle avec INCANTATION parce que j’ai chroniqué leur dernier album hier et j’ai ressenti pratiquement les mêmes émotions. Très peu de prises de risques mais un effort incroyable sur la densité et l’efficacité. Est-ce qu’ils font partie des groupes dont la régularité musicale vous inspire ?
Phil. Merci, c’est très flatteur d’être comparé à un groupe aussi influent de la scène Death.
Matt. Certains membres en écoutent, ce n’est pas le groupe auquel nous faisons spontanément référence. On aurait tendance à citer d’avantage les premiers opus de groupes comme DEATH, HYPOCRISY… Ta remarque est juste, il est vrai que ce dernier album d’INCANTATION peut avoir un côté un peu « linéaire », cependant il faut se laisser prendre dans l’ambiance et écouter le disque en entier. Il y a une réelle intensité qui se dégage au bout du compte. C’est ce vers quoi nous aimons tendre lorsque nous composons, essayer de donner une petite touche à chaque morceau, une ambiance qui complète la dureté de certains riffs. On nous fait souvent remarquer qu’il existe une empreinte Black Metal dans certains riffs et c’est vrai qu’on apprécie également des groupes Black / Death tels que BEHEMOTH, AZARATH, BELPHEGOR…
MI. Comment se déroule la composition d’un titre chez DEATH AGONY ? A quel moment précis vous vous dites « ça y’est, on tient une putain de compo ! » ?
Matt. De manière générale, les guitares amènent d’abord la base des compos.
Fiston. Après un long travail de recherche de riffs et de mise en commun, d’écriture et d’arrangements. Au bout de quelques tours du morceau et réarrangements, nous pensons tenir la composition sous la forme la plus efficace.
MI. C’est toi Matt qui a écrit les textes de cet album. Quels sont les sujets qui t’inspirent ? Y a-t-il un fil conducteur dans les thématiques abordées par Carcinogenic Memories ?
Matt. Sans être un concept album, les 9 titres du disque sont liés. Carcinogenic Memories signifie « souvenirs cancérigènes ». Chaque morceau est un souvenir cancérigène, le récit d’un vécu traumatisant qui d’ailleurs peut être empreint de fiction. Cette épreuve ne te lâche plus et grandit en toi comme une gangrène, jusqu’à annihiler ta propre identité. Nous aimons inverser les codes et interpréter toute sensation par son contraire. Par exemple, les tendances suicidaires sont forcément négatives pour les personnes en dehors de ces tendances. Mais si je me mets à la place de quelqu’un de suicidaire, cet acte est un acte positif, on recherche une solution, une délivrance. Le groupe ne prend aucun parti sur ce qui est bien ou mal, nous évoquons juste des épisodes de vie, chacun peut en faire sa propre interprétation. Les thèmes abordés évoquent la mort, la fatalité, etc... C’est également un véritable parti pris d’aborder le Death sous l’aspect de la violence psychologique, plutôt que de donner directement des images crues à la CANNIBAL CORPSE, cependant idéales à l’heure du repas (rires).
MI. Le titre de l’album évoque ouvertement le cancer… Cet album est-il justement comme une maladie qui refuse de nous lâcher, quelque chose de torturé dont on a du mal à se défaire ?
Matt. On a vraiment cherché à créer une ambiance dans tout le disque, de manière insinuée. On l’a composé comme ça. De titres en titres, tu subis un peu toutes ces violences que j’ai évoquées précédemment. Symboliquement c’est le but.
MI. Un mot sur la collaboration avec Forcas de DARK MANAGARM sur « Tormented By Shadows » ?
Fiston. C’était une volonté de notre part et nous en profitons pour le remercier pour sa participation et son implication sur ce titre. Nous sommes très liés avec DARK MANAGARM et nous aimons beaucoup leur Black Metal.
Olivier. Lors de la composition du morceau, c’était une évidence de lui proposer d’y participer, à l’écoute des sonorités Black qui s’en dégagent.
MI. Et un autre sur « Taste Of Poison » qui revient avec récurrence sur chacune de vos sorties ? En quoi est-ce un titre phare de votre répertoire ?
Phil. « Taste Of Poison » représente le point d’évolution dans la musique de DEATH AGONY. Il marque le changement dans la continuité. Il reste le même morceau, mais a subi des refontes dans la façon de l’aborder. Vous pourrez le retrouver sur le prochain album (rires) !
MI. Vous avez ouvert pour beaucoup de groupes, et pas des moindres, je pense à DEBAUCHERY, DISGORGE, DARKNESS, DESTINITY, MERCYLESS. Que vous ont apporté ces différents concerts ?
Fiston. Comme nous l’avions dit au début, ces concerts nous ont permis de faire des rencontres mémorables et d’apprendre à mieux gérer certains aspects de la vie d’un groupe. C’était un réel plaisir d’avoir partagé l’affiche avec de telles renommées. D’ailleurs nous remercions au passage tous les organisateurs qui nous ont offert la possibilité de participer à tous ces évènements.
Matt. Ce sont des opportunités que tout groupe aimerait se créer et dont tu rêves à l’instant même où le projet musical prend forme. C’est une sacrée expérience que nous avons hâte de réitérer ça le plus rapidement possible.
MI. Une tournée est-elle prévue pour défendre ce premier album ? Si oui, sera-t-elle française ? Européenne ? Mondiale ? Et qui parmi VADER, SIX FEET UNDER et CANNIBAL CORPSE sera votre première partie (rires) ?
Phil. Tous, évidemment (rires) ! La tournée est un de nos grands projets pour 2013 et nous y travaillons actuellement, donc on vous tient informés !
MI. Thrufel, guitariste de MASACHIST et ex-membre de la maison YATTERING m’a récemment déclaré en interview que « les meilleurs albums [de Death Metal] ont déjà été écrits ». Etes-vous d’accord avec son propos et si oui, a quoi bon continuer à jouer du Death Metal ?
Fiston. Non, tous les meilleurs albums ne sont pas encore écrits puisque nous attaquons notre deuxième album (rires).
Olivier. La scène ne s’essouffle pas. J’en prends pour exemple les derniers albums de VADER, SIX FEET UNDER et CANNIBAL CORPSE, pour ne citer qu’eux…
Matt. Le Death est en effet dans une période intéressante de son histoire. A l’heure d’aujourd’hui, il y a un retour aux sources associé à des productions faites avec les moyens techniques actuels. Il en résulte des groupes comme ASPHYX ou MASTER par exemple, toujours présents, qui refont parler sérieusement d’eux. Les prochaines années seront à mon avis très prometteuses.
MI. Quelle est la suite du programme pour DEATH AGONY ? Quelles sont vos ambitions et que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Phil. Comme dit précédemment, la tournée est un de nos grands projets. Nous travaillons également à la réalisation d’un clip, l’enregistrement du deuxième album, la recherche active de dates… Bref, nous ne chômons pas dans DEATH AGONY !
Olivier. Nous ne sommes pas prêts de lâcher !
MI. En tant que Valenciennois, vous n’avez pas pu louper ce fantastique début de saison de VA en Ligue 1 qu’on compare déjà au Barça pour son jeu léché ! Alors la question la plus importante de cette interview est la suivante : VA a-t-il les moyens d’aller décrocher une place en Europa League cette saison ? Daniel Sanchez peut-il conduire son groupe au sommet ?
Fiston. Depuis l’arrivée en Ligue 1 de Zlatan Ibrahimovic, la physionomie complète du championnat s’est vue modifiée et se pose alors LA véritable question : « la Ligue 1 est elle trop faible pour Zlatan Ibrahimovic ? ». Quant aux performances du VAFC, elles sont, selon moi, directement imputables à la présence indéfectible, inaltérable et intemporelle de sa célèbre mascotte, le bien nommé Valencygne. Merci pour lui.
Olivier. Comparer Valenciennes aux Los Angeles Galaxies avec Zlatan Ibrahimovic en attaque revient à dire que Lionel Messi joue à Barcelone… C’est impossible.
Phil. Tu parles de quel sport ? L’équipe de curling se porte bien, je t’en remercie et nous la saluons.
MI. Messieurs, on arrive au terme de cette interview. Je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé. Je sais désormais que vous êtes spécialistes en insanités alors je vous laisse conclure cet entretien de la manière la plus fleurie qui soit. Merci à vous et à bientôt !
Phil. Une sodomie Orloff, ça te dit ? Envoie « chie-branle » au 81212.
Olivier. Si je colle mon anus sur ton nez, sauras-tu deviner ce que j’ai mangé ?
Fiston. T’avais les boules, j’avais les glandes, tu criais « du pain ! du pain ! y a trop de viande ».
Matt. Je dirais juste un grand merci à toi, Stef, ainsi qu’à toutes les personnes qui nous suivent, nous soutiennent, nous aident. Et puisqu’il faut rester dans l’esprit « floral », mange mon coquelicot !
Ajouté : Samedi 09 Mars 2013 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Death Agony Website Hits: 13486
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