WHITECHAPEL (usa) - A New Era Of Corruption (2010)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 8 juin 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 42 Mins
Vous avez remarqué comme c’est marrant ? Il y a quelques jours, c’était le jubilé de diamant de la reine Elisabeth II. Du coup, on ne parlait que de ça. Cette sombre cougar qui est plongée dans l’oubli toute l’année est devenu l’espace d’un week-end le centre du monde. Il est d’autant plus amusant de constater un fonctionnement un peu similaire avec certains groupes, dont l’actualité éphémère oblige soudainement à un coup de projecteur et à une rétrospective dont on se passerait bien. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, le quatrième album des ricains de WHITECHAPEL est sorti depuis cinq jours. Et comme sur Metal-Impact, on parle davantage de la formation de Metal prog’ française du même nom, je me suis dit qu’il ne serait peut-être pas si mal de mettre un peu d’ordre dans les priorités. Avec CARNIFEX et JOB FOR A COWBOY, WHITECHAPEL fait partie de cette génération dorée qui a donné ses lettres de noblesse au Deathcore, tel qu’on le connaissait il y a encore cinq ou six années.
Nul doute qu’A New Era Of Corruption est encore aujourd’hui à considérer comme un tournant, une pierre angulaire du mouvement. Succédant au terrible This Is Exile de 2008, il imposera définitivement la bande de Knoxville comme une référence. Et pour cause, si cet album n’est pas le plus ambitieux de leur discographie, il est assurément le plus construit et le plus mature. WHITECHAPEL n’avait que quatre années d’existence à sa sortie, mais déjà beaucoup d’autorité. On y retrouve ce son typiquement Deathcore, avec des boucles de guitares huileuses et saccadées, guidées par les gargarismes canins de l’emblématique Phil Bozeman. La recette ne change jamais beaucoup, mais dans l’assemblage, on a passé un cap. Il y a désormais de vraies ambiances, vicieuses, dignes d’un snuff movie. Une forme d’oppression permanente fait effet, entre le harcèlement moral, le confinement et la souffrance physique. « Unnerving », du haut de son intro un peu glauque et de son déroulement décadent en est l’exemple le plus théâtral. Mais il n’est pas le seul. On assiste fréquemment à de véritables boucheries, parfois pleines de groove et de finesse, comme sur « Breeding Violence » ou alors beaucoup plus axées sur l’impact des lignes vocales, avec par exemple « Reprogrammed To Hate » sur laquelle apparaît Chino Moreno des DEFTONES. Dans sa globalité, A New Era Of Corruption fait preuve de beaucoup de cohérence et s’inscrit dans une certaine continuité vis-à-vis de This Is Exile. On retrouve sur les deux la même intensité, le même sens de la lourdeur et du riff « in your face ». Néanmoins, cette sortie contient une quantité beaucoup plus appréciable de « tubes », par rapport aux pistes de « remplissage ». On y trouve une composition comme « End Of Flesh », qui tombe comme un cheveu sur la soupe entre deux bombes et qui, à force de réécoutes, s’imposera comme un moment clé de l’opus, avec son entrée en matière juste fracassante. La deuxième partie de l’œuvre est peut-être un peu plus discrète et passe-partout, bien que Vincent Bennett (THE ACACIA STRAIN) vienne pousser la chansonnette sur « Murder Sermon ». WHITECHAPEL s’exile dès lors dans une forme de caricature, avec « Necromechanical » qui pousse à bout les plus gros clichés sur le Deathcore, parmi lesquels l’usage abusif des breakdowns.
A me relire, A New Era Of Corruption a tout de l’album Deathcore de la dernière décennie. C’était vrai il y a deux ans, au moment de sa sortie. On atteignait alors un degré de puissance peu commun. Mais tout va tellement vite, en particulier dans les scènes modernes... Avec le recul suffisant pour émettre un avis à froid, il apparaît clair que si cet opus est de (très) bonne facture, il souffre désormais de l’évolution fulgurante de la sphère Deathcore. Puisse son successeur fraichement sorti avoir la même qualité, à savoir posséder toujours un coup d’avance sur son époque.
Ajouté : Mardi 03 Juillet 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Whitechapel Website Hits: 7456
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