WRATH AND RAPTURE (usa) - Wrath And Rapture (2010)
Label : Tragic Hero Records
Sortie du Scud : 15 février 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 31 Mins
Avez-vous déjà rêvé d’un featuring entre WINTERSUN, RHAPSODY OF FIRE, ALL SHALL PERISH, THE DEVIL WEARS PRADA, John Carpenter, Mike Oldfield, Klaus Badelt, Antonin Dvorak et Sergueï Rachmaninov ? Probablement que non. Pourtant, parmi les plus étranges combinaisons d’influences, celle proposée par les américains de WRATH AND RAPTURE dépasse de loin l’entendement. Pour vous faire une petite idée, la pétulance de leur Metal est à la hauteur de la pochette de leur premier album éponyme paru en 2010 : cosmique et fantaisiste. Formé par Dan Briggs, le brillant bassiste de BETWEEN THE BURIED AND ME en 2007, ce projet farfelu propose une relecture inhabituelle du Deathcore, maquillé, arrangé, truqué, falsifié, décoré et travesti en musique extrême symphonique. Ma main à couper que la combinaison entre breakdowns typiquement DxC et enluminures orchestrales ne vous laissera pas indifférent ! Pour la simple et bonne raison que personne n’a encore cherché à atteindre ces extrêmes.
Bien sûr, je citais avant THE DEVIL WEARS PRADA. Eux sont des habitués du Deathcore à synthés. Mais ils n’ont jamais cherché à pousser la performance dans ses ultimes retranchements. WRATH AND RAPTURE le fait, avec une telle confiance et un tel culot que ce premier album, s’il balbutie encore pas mal, n’en demeure pas moins globalement réussi. On a tendance à croire que plus c’est gros, plus ça passe. Pas faux. Les américains se basent principalement sur un Metalcore / Deathcore assez trouillard, qui ose peu de choses dans ses parties les plus brutes. Les riffs sont souvent mastocs, très violent mais pas très originaux. Par contre, dès que Jay Thullbery pianote ses claviers, la musique des américains change totalement de dimension. Elle devient alors un voyage au travers du temps, rappelant coup sur coup les grandes heures du classicisme et les plus grands compositeurs de films. Une proposition comme « Disembodiment » par exemple nous accueille froidement, façon CARNIFEX avant de partir dans un délire Funk / Jazz à la NEW MASTERSOUNDS et de se terminer dans le décor cheap d’un film de sci-fi style « Solaris » de Tarkovski. En une poignée de secondes, WRATH AND RAPTURE nous transporte dans des paysages improbables, toujours avec le souci du détail et de la composition. Cet album pourrait très bien être une bande-originale de jeu vidéo, de film fantastique, de péplum. Et justement, cette facette résolument « kitsch » et « vintage » dans les arrangements, coupée avec ce Deathcore rugissant, apporte à l’ensemble un décalage générationnel complètement saisissant. Plusieurs périodes artistiques entrent en collision dans un feu d’artifice d’expérimentations toutes plus réussies les unes que les autres. On n’aura de cesse de regretter que les parties vraiment burnées ne soient pas à la hauteur du reste, en termes d’originalité et de composition pure. Les américains se sont véritablement concentrés sur les décorations, délaissant un peu leur fond de commerce au profit d’une belle vitrine. Un choix qui peut se discuter, pour peu qu’on préfère des mélanges moins fantaisistes. S’il est vrai que cet album est parfois un peu « too much », on ne peut pas lui en tenir rigueur, car pour une fois, on est en face de quelque chose qui sort réellement de l’ordinaire. La reprise de « Cold » d’AT THE GATES, très plastique, est le reflet de cet aplomb démesuré, qui passerais presque pour de l’effronterie.
Votre perception personnelle de l’originalité fera le reste. Pour ma part, je ne trouve rien de choquant dans cette sortie. Cet opus est totalement bancal, déséquilibré et culotté. Mais c’est ce qui fait sa force. WRATH AND RAPTURE s’inscrit dans une logique de construction artistique qui cherche à renverser les codes. Et même si on ressent encore un peu trop ce côté amateur, sympho pouêt-pouêt et claviers Bontempi, cette œuvre (puisque c’est le nom qui lui convient le mieux), a de sérieux atouts dans sa besace. Un essai convaincant qui, apriori, sera transformé avec Relinquish All Desire, un second opus qui devrait voir le jour peu avant 2013. Si les Mayas avaient raison, on se mordra les doigts d’être passé à côté de ça…
Ajouté : Mercredi 13 Juin 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Wrath And Rapture Website Hits: 7116
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