Désormais connu et reconnu en dehors des frontières hexagonales pour la qualité de ses prestations au sein de MNEMIC, l’hyperactif Guillaume Bideau n’en oublie pas pour autant ses racines. Petit à petit, son autre projet majeur, ONE-WAY MIRROR fait confortablement son trou dans le paysage Metal français. Accompagné dans sa tâche des frangins Potvin aux guitares, de Vincent Perdicaro à la basse et de Clément Rouxel à la batterie, on pourrait alors croire que ONE-WAY MIRROR n’est qu’un LYZANXIA bis avec un chanteur de luxe qui jouerait sous un autre nom. Que nenni ! Ce projet français n’a jamais été aussi indépendant et singulier. Et il l’est encore plus depuis Destructive By Nature, un second opus qui succède à l’éponyme de 2008 et qui bénéficie de la meilleure équipe technique qui soit, à savoir le groupe lui-même, et plus spécifiquement David Potvin et Guillaume Bideau qui se sont relayés aux commandes des sections production, enregistrement, mixage et mastering.

On peut donc affirmer sans trop se mouiller que cette nouvelle galette sera une matérialisation quasi-parfaite de ce que représente aujourd’hui l’entité ONE-WAY MIRROR. La précédente avait jouit, je le rappelle, des services de Tue Madsen. Pour le coup, on démarre ici avec un vrai hit en puissance. Rythmiques cadencées, terriblement entrainantes, guitares lourdes mais suffisamment accessibles, batterie martelante et vocaux parce-que-je-le-vaut-bien, « One-Way Mirror » a vraiment tout du tube de l’été. Pour ceux qui ne savent pas encore très bien dans quelle direction voguent nos frenchies, qu’ils se rassurent, ils ne sont pas les seuls. L’enveloppe est assurément moderne. C’est un Metal alternatif contemporain, parfois robotisé, parfois Néo et Electro dans ses enrobages. Progressif, surement. Death mélo, également. Mais jamais avare en générosité. Parce que oui, on peut éprouver de la méfiance pour ce type de projet qui sonne quand même très synthétique, avec moult effets spéciaux, mais il y a un point sur lequel on ne trouvera rien à redire, c’est l’énergie que dégage cet opus. Destructive By Nature est un condensé technologique et très actuel d’un Metal lorgnant discrètement sur le Rock « popisé ». Son côté « easy-listening » est certes discutable. La qualité des compositions l’est moins. ONE-WAY MIRROR délivre des créations variées, travaillées, peut-être à l’exagération, mais qu’importe. Guillaume Bideau guide ses collègues sur des chemins escarpés avec son chant clair d’adolescent qui se mue parfois en grognements intempestifs ou en murmures (« Straight Into The Wall »). Il reste globalement fidèle à ses prestations danoises, même si l’on peut observer un feeling variant, certainement dû à son évolution aux côtés de partenaires différents. Cependant, malgré la présence de certaines compositions majeures (« Hypnotized By Utopia », « Yes But No ») et de refrains espiègles, cet album a bien du mal à s’extirper de son emballage futuriste et clinquant, qui trahit une formation pourtant pleine de bonnes idées. C’est cruel, mais je suis persuadé que beaucoup renonceront à comprendre cet effort à cause de son aspect Metal touche-à-tout et imprévisible. Alors que dans le fond, la débauche d’énergie et le dynamisme qui foisonnent au cœur même de cette œuvre suffiront à masquer quelques redondances dans les sonorités modernes.

Destructive By Nature est de loin un album qu’on peut qualifier d’abouti. Il s’adresse ouvertement à une génération qui n’a pas peur du progrès et des avancées technologiques. Assez hermétique malgré quelques fuites vers l’Electro et l’Indus, il renonce clairement à suivre un quelconque mouvement, quitte à s’enfermer dans une boite que les amateurs de Metal old-school auront du mal à ouvrir. Du coup, il a aussi les défauts de ses qualités, sans que ça gêne vraiment sa progression. Un joli coup, assurément.