CATTLE DECAPITATION (usa) - Monolith Of Inhumanity (2012)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 8 mai 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Death / Grind Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
Il était une fois la vie. Et pour nos amis à poils ou à écailles, elle tourne généralement court. Face aux besoins grandissants de l’industrie agro-alimentaire, face aux transgressions multiples qui ruinent le patrimoine naturel légué par Mère Nature, on peut compter sur CATTLE DECAPITATION pour remettre un peu d’ordre. Certes, la musique résolument engagée de ces Californiens aura un impact minime à l’échelle mondiale, mais si elle peut faire évoluer quelques mentalités, ce sera déjà un pari gagné. Voilà pour le plaidoyer introduisant Monolith Of Inhumanity. Je n’ai pas réussi à faire plus long, je n’ai pas réussi à meubler, pour la simple et bonne raison que ce cinquième album studio est tellement explicite qu’il se passerait bien de tout commentaires.
On connaît les bestiaux, jusqu’à leur régime alimentaire. Ce qu’on connaissait moins, c’est cette propension à proportionner leurs travaux en fonction de la situation. Elle est catastrophique. Et à en juger la différence d’intensité comparée à The Harvest Floor, non seulement elle s’est dégradée, mais elle semble également irrattrapable. CATTLE DECAPITATION a toujours été connu et apprécié pour son Death / Grind frénétique. Alors affirmer que sur ce point, il y a une réelle évolution relève de la gageure. Seulement voilà, ce Monolith Of Inhumanity est d’une telle perfection dans sa composition et son exécution que les Américains peuvent pour la première fois prétendre à entrer au Panthéon de la Musique extrême. Ce disque est un tombeau brulant et sombre, garni d’ombres narquoises qui défilent sur des murs qu’on devine à peine. C’est le côté absurde d’une profanation nécrophile déguisé en Ronald McDonald. C’est la matérialisation physique d’un combat quotidien et le moins que l’on puisse dire, c’est que les excès répétés de la société de consommation moderne ont mis en pétard nos vegans. Furieux, gonflé à bloc, profitant de la moindre seconde pour gicler son Grind bovin à la face de l’auditeur, cet opus est de loin le meilleur dans sa catégorie depuis bien des années. La frénésie atteint vite son paroxysme sur « Dead Set On Suicide », qui met en scène des vocaux véritablement horrifiants, à côté des traditionnels grognements et autres gruiks de Travis Ryan. Un travail particulier a été effectué là-dessus, puisqu’on atteint véritablement un point de non-retour sur « Lifestalker » et son refrain planant en chant clair-hurlé. CATTLE DECAPITATION revient également à des choses plus Grind, notamment sur « Do Not Resuscitate » malgré quelques sorties en mid-tempo. Monolith Of Inhumanity réussit la prouesse de caser un peu de diversité au cœur de l’opacité. L’angoissante et lymphatique « The Monolith » ainsi que la progressive « Kingdom Of Tyrants » en sont deux preuves supplémentaires. Et si vous cherchez encore le moindre défaut à cet album qui s’imposera illico-presto comme un modèle du genre, tournez-vous vers d’autres cieux. Car si CATTLE DECAPITATION n’est pas au sommet de la chaîne alimentaire, il est aujourd’hui au sommet de son art. Et rien ni personne ne saurait, en toute honnêteté intellectuelle, remettre en cause ce fait avéré.
Au moment d’établir le traditionnel bilan de l’année 2012, il y a fort à parier que cette rondelle tutoiera de très près les cimes. A vrai dire, je suis plutôt réfractaire à l’idée de distribuer beaucoup d’étoiles, et l’historique est là pour en témoigner Mais quand on est en présence d’un album qui porte un message aussi important et qui, par-dessus le marché, redessine au détail près les contours d’un style aussi singulier d’où il est souvent difficile de tirer un peu d’excellence, pardonnez-moi, mais c’est une modeste récompense.
Ajouté : Mercredi 16 Mai 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Cattle Decapitation Website Hits: 10924
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