BAHT (tr) - In My Veins (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : Turquie
Genre : Death Metal progressif
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 44 Mins
Il est amusant de constater que parfois, l’inspiration n’a aucun mal pour venir. Je pensais qu’avoir le verbe facile dépendait surtout du génie des artistes qui sont analysés, mais BAHT me démontre le contraire. Techniquement parlant, il n’y a rien de fascinant dans ce premier album. Rien de transcendant, de déroutant, d’inhabituel. Ces Stambouliotes dégagent simplement une bonhomie qui contamine leur musique, même si le style ne s’y prête pas forcément. C’est surtout l’effet de surprise qui motive le panégyriste. Ici, il est plutôt important. Et si, sur le papier, BAHT fait très suédois (avec Dan Swanö aux manettes, excusez du peu), une écoute distraite d’In My Veins sera suffisante pour dégager des conclusions contraires.
Le sujet a été évoqué récemment avec LELAHELL, un groupe de Death algérien de très bonne facture. Force est de constater que la Scandinavie n’a pas le monopole de la qualité en matière de Death et qu’on trouve du bon et du moins bon un peu partout. L’ancienne Constantinople est donc le berceau d’un redoutable rejeton qui se situe du côté du « bon ». Son Death Metal alambiqué, ouvertement Progressif est un camaïeu de gris. Ni blanc comme neige, ni noir comme l’ébène, il oscille entre des parties très graves, très expressives, mélancoliques et d’autres, plus ouvertes sur le monde, plus aérées, plus contemporaines. Il ne sert à rien de chercher à esquiver cette vague déferlante qui vous emporte entre différents courants. Son impact est profond et inévitable. Mais comme je le disais plus haut, BAHT n’est pas un monstre de technicité, ni même l’ombre d’un Von Karajan du Death Metal. Ses structures sont assez simplistes et pas très finaudes, mais on ne se trompera pas en affirmant que les Turques dégagent un feeling assez unique en son genre. Astucieuse combinaison d’un Death Metal aux parfums scandinaves et d’un sens de la composition tirant vers des limites plus expérimentales, In My Veins n’oublie pas ses origines et rend aussi parfois un hommage discret au Proche-Orient avec deux ou trois pirouettes orientalisées. L’osmose est réelle et palpable, même si ces garçons renoncent d’une façon assez incroyable à l’idée de faire un grand disque. Certaines montées en puissance sont stoppées nettes au profit d’interludes planants sans qu’on ne comprenne trop pourquoi. Et à l’inverse, certaines parties pas franchement transcendantes paraissent interminables. BAHT prend son pied d’une toute autre façon que son auditeur et il serait intéressant d’en comprendre les raisons, d’autant que leur mode de fonctionnement demeure un vrai mystère. Mais bizarrement, si on ne fait pas attention, ils ne laissent rien paraître. Comme si leur Death était logique et fluide. Ce n’est pas le cas et c’est cette zone d’ombre, qui entoure cet enregistrement, qui fixe justement l’attirance.
Agréable surprise sans être un tour de force spectaculaire, In My Veins est un opus absolument admirable pour toutes les raisons citées ci-dessus. Teigneux mais diplomate, il joue des coudes avec un certain respect des règles du jeu. Et c’est tant pour l’ouverture d’esprit que pour le contenu qu’il ne sera pas vain de se laisser tenter.
Ajouté : Mardi 17 Avril 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Baht Website Hits: 14418
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