THE AIR I BREATHE (usa) - Great Faith In Fools (2011)
Label : Velocity Records
Sortie du Scud : 7 juin 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 32 Mins
Ce n’est un secret pour personne, une traversée du désert, c’est long et pénible. Celle de THE AIR I BREATHE sera particulièrement éprouvante. Brandissez slims, sculptez choucroutes, avec ces américains (what else, George ?), l’apparence est tout aussi soignée, si ce n’est plus, que la musique. Moi, le farouche défenseur de la modernité, l’avocat de la nouvelle scène, protecteur du Deathcore contre vents et marées, soutien des mèches-qui-tombent-sur-la-gueule, je réalise depuis quelques temps que mon discours est en train de changer. Pourquoi ? L’explication la plus probable est celle de l’accumulation. A l’endroit même où, pour des raisons générationnelles, j’avais plus de résistance que d’autres pour soutenir le mouvement, me voilà contrit d’avouer que ce type de groupes atteint (et parfois franchit) certaines limites. Avec son premier album, Great Faith In Fools, THE AIR I BREATHE n’aura même pas mes encouragements, alors que je suis plutôt du genre à les distribuer facilement.
On atteint clairement un point de non-retour avec ces garçons, qui dans un souci de facilité aberrant, ont choisi de vendre leur âme au Diable. Un comble pour un groupe de Christiancore… A la sortie de cette expérience, ce n’est pas de la colère ou de la rage qui nous habite. C’est du dégoût, de la déception d’entendre ce genre de gâchis. L’EP Anathema avait été prometteur, car il y avait un début d’identité. Et ces mecs sont indéniablement doués. Très doués. Mais on ne trouvera pas de plus grand vide ailleurs, si ce n’est dans les caisses de la Grèce. Naviguant avec arrogance entre STIGMA, ASKING ALEXANDRIA, I AM ABOMINATION, THE DEVIL WEARS PRADA, ATTACK ATTACK ! et tout le gratin, THE AIR I BREATHE est d’une constante hésitation entre chiader ses parties mélodiques et foutre du gros breakdown un peu partout, le tout nappé par une sauce grumeleuse avec de vrais morceaux de chant clair dedans. Je ne vous fais pas un dessin. Ce n’est ni inaudible, ni infect, ni quoi que ce soit de repoussant. Au contraire, la sensation va plutôt au magnétisme. Mais j’ai beau me retourner les pensées, toucher le fond et creuser encore en quête d’une réponse, qu’est-ce qui différencie THE AIR I BREATHE des autres ? Sur cet album, strictement rien. Ces américains sont arrivés en retard sur le marché. Probable que cinq ans plus tôt, j’aurais crié au génie. Mais l’affichage éhonté de toutes ces concordances, du jeu de guitare stéréotypé versant dans les solos larmoyants (« Desolate And Disowned ») à la doublette chant clair / chant guttural qui n’affiche aucune complémentarité, des patterns de batterie convenus aux interludes ambiancés, des refrains passe-partout à la veine recherche de technicité sur les ponts, tout ici est un frein bien trop important à l’épanouissement de cette musique. Je le répète, ces gamins sont doués et ce n’est pas impossible qu’après cette demi-débâcle, ils prennent conscience de l’importance de se forger une personnalité. Aussi, ce n’est pas leur rendre service que de les couvrir d’éloges ou d’appuyer leurs points forts, même si cet opus n’est pas une infamie totale. Ceux qui s’en sont à peu près sortis dans le style en ont aussi chié. C’est un peu le lot de tout groupe qui se lance dans l’aventure.
Alors oui, ça ne m’est pas arrivé souvent mais aujourd’hui, je me refuse de glorifier une formation qui a choisi de proposer un disque aussi minimaliste, même si j’ai la conviction que je m’en souviendrais encore longtemps. THE AIR I BREATHE risque bien de devenir malgré lui la référence ultime, quand il s’agira de trancher un avis sur de futurs groupes qui, à leur instar, n’arrivent pas à se décider entre le bon et le mauvais.
Ajouté : Mardi 20 Mars 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Air I Breathe Website Hits: 8698
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