Oui allé, on rentre dans le vif du sujet direct, pas la peine de tergiverser pendant des heures. Tous grands amateurs de Prog’ qui se respecte et surtout de Metal Progressif aura reconnu l’invraisemblable ressemblance avec OPETH mais surtout avec TOOL. Alors qu’on se le dise dors et déjà SOEN, groupe Suédois OF COURSE, tout nouveau dans le milieu, va nous régaler d’un Cognitive à la technicité des grands du genre. Bon ne nous leurrons pas, nous n’avons pas ici des amateurs, mais bien des baroudeurs qui ont de la bouteille. Comptez donc sur le savoir de Martin Lopez (ex OPETH, ex AMON AMARTH) à la batterie, de Steve Digiorgio (ex TESTAMENT, ex DEATH) à la basse et bien oui rien que ça. Je vous présente donc le bien beau projet murement cogité, durant une décennie pour être exact, d’un homme qui entre autres s’est octroyé le droit de pouponner et c’est bien normal, et de ses compères qui ont fortement mit la main à la pâte.

Dès la première piste « Fraktal » aussi courte soit-elle, les ptits malins riront d’un air narquois en prônant fièrement qu’ils ont reconnus les influences Tooliennes. Et bien en effet, mais pas besoin d’avoir fait science po pour en être persuadé. C’est vrai qu’ici comme dans chaque titre qui va suive on oscillera de TOOL à OPETH avec délectation. C’est d’ailleurs dès « Fraccions » qu’on va atteindre le vif du sujet. Une musicalité pointue dont les rythmes vacillent techniquement avec une aisance déconcertante. Et puis que dire d’un morceau qui s’achève sur un somptueux chant à cappella et à plusieurs voix si ce n’est qu’il clôture le premier joyau de cette galette à la perfection, telle une extinction en douceur.
L’errance se poursuivra sur des épreuves tantôt aériennes, mais pointilleuses, tantôt sur des verves de hargnes retenues mais percutantes.

« Last Light » aura, par exemple, l’audace vaporeuse dans l’intro pour laisser s’installer insidieusement un climat de plus en plus poignant en déversant un jeu assez sec aux vibrations pourtant bien palpables dans les accords de guitare.
Et comme SOEN semble ne rien se refuser, il nous emmènera en voyage sur un « Oscillation » aux accents africains dans les percussions. Un tantinet féru malgré tout il se déploiera en gratte plus lourde sur des séquences plus démonstratives.

Il me paraît important de noter la qualité du chant de Joel Ekelöf qui entonne de manière extrêmement naturelle. Une aisance qui frise le parlé. Des vocalises souvent hypnotiques qui se fondent à merveille au jeu lancinant de ses acolytes, comme dans « Ideate » pour ne citer qu’elle. Et là une fois de plus la comparaison avec OPETH est évidente, tant sur la voix, mais aussi sur cette lenteur aiguisée.

Et puis là s’amorce ce qui est pour moi le meilleur de l’album qui reste pourtant exquis dans sa globalité. Les trois dernières compositions se révèlent être de véritables pépites d’or fin. « Purpose » d’abord, usera de charmes complexes, à la portée d’oreilles initiées au style, « Slithering » ensuite et son panache de couleur qu’on aura plaisir à pénétrer nos chairs jusqu’à nous en donner des frissons. La langueur dominante agira tel un narcotique et son envoûtement ne se fera pas attendre. Ici d’ailleurs on notera l’envie de se détacher de leurs influences en se démarquant avec une originalité qui leur est propre. Nul doute à présent qu’on va les attendre au tournant et que nos exigences quant au prochain opus seront élevées.

« Savia » clôturera l’œuvre dans une déchirure et une explosion des sens.

Voici Cognitive, fruit du bouillon de culture qui mijotait dans l’anatomie cérébrale d’un combo en passe de s’installer fermement au beau milieu des maîtres du progressif. Cognitive ou la naissance d’un premier essai déjà culte.