Voilà une formation qui revient de loin. En effet, après des débuts encourageants et une première démo saluée par la critique, la carrière de WARATTAH a été stoppée net par un grave accident de la route de Khris (chant, guitare), le fondateur du groupe. Cette mésaventure a notamment retardé de près de trois ans la sortie de ce Hatred And Strenght enregistré en été 2009. Il aura donc fallu 6 ans aux Bordelais pour donner un successeur à Distorsion, avec ce premier LP pour le moins conséquent, qui affiche plus d’une heure au compteur.
« Blood Red Fury », le titre d’ouverture, nous ramène plus ou moins là où Distorsion nous avait laissé. Le combo propose toujours un Power/Thrash rageur, dans la lignée des premiers efforts de MACHINE HEAD, et n’a rien perdu de sa capacité à asséner des riffs puissants et sacrément efficaces. Bref, on se croit en terrain conquis, jusqu’à ce break marqué par plusieurs cassures rythmiques et un solo plutôt inhabituel pour le genre, qui dévoile une facette plus technique de la musique du quartet. Ainsi, on se rend rapidement compte que l’on a affaire à un peu plus qu’un énième clone de Burn My Eyes.
Et cette impression se confirme par la suite, comme le montre par exemple « Creepy Generation », un titre aux sonorités plus modernes, où les Bordelais exploitent la polyrythmie un peu à la manière d’un MESHUGGAH. WARATTAH se distingue également par le travail effectué sur les solos. De manière générale, ceux-ci s’éloignent également des standards du genre. Ne vous attendez donc pas à des descentes de gamme supersoniques ou à des grands coups de vibrato à la SLAYER. Les solos de Denis Cornardeau s’inscrivent dans un style plus complexe et aérien, qui évoquerait presque le Metal progressif. Le solo d’« Adversty And Love » en est le meilleur exemple. On retiendra également les quelques parties de basse slappées, qui soutiennent par exemple à merveille le riff syncopé de « Fits Of Rage ». Ces quelques éléments inattendus apportent une certaine fraicheur à l’ensemble, au point qu’on regrette parfois qu’ils n’aient pas été plus exploités.
Le combo n’en oublie pas pour autant de nous asséner de bons gros parpaings dans une veine plus basique et directe, comme le très rentre-dedans « I, Fuckin’ I ». Un titre particulièrement dangereux pour les cervicales, grâce à un riff accrocheur et des accélérations redoutables. Dans un registre plus groovy, mais tout aussi efficace, on retiendra également « Pack Your Bags And Leave », sur lequel plane l’ombre de PANTERA.
Cependant, Hatred And Strenght souffre de quelques longueurs qui l’empêchent de récolter une note plus élevée. WARATTAH semble parfois s’éparpiller, et y perd un peu en efficacité. L’album est ainsi desservi par quelques morceaux dispensables, à l’image d’un « Hatred And Strenght » peu inspiré, sur lequel on aurait presque tendance à s’ennuyer. Cette impression est renforcée par le chant de Khris, un peu trop monotone, qui est parfois handicapé par un accent anglais approximatif (l’intro de « Walk The Line »). La formation aurait peut être gagné à offrir un premier opus moins fourni (d’autant que les 4 titres de Distorsion sont présents sur le disque) et à se concentrer sur ses compositions les plus efficaces.
Malgré cela, ce Hatred and Strenght a d’indéniables qualités, à commencer par le très bon niveau technique des protagonistes, une production de très bonne facture pour un premier effort, et un certain sens du riff qui fait mouche. Un groupe à suivre donc, qu’on aura hâte de découvrir en live.