STAAR (FRA) - Staar (2011)
Label : Black Tower Productions
Sortie du Scud : 23 décembre 2011
Pays : France
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 48 Mins
Le Black Metal a encore de beaux jours devant lui. La faute à qui ? La faute a d’irréductibles strasbourgeois qui résistent encore et toujours aux assauts de l’envahisseur. On entend bien souvent des projets similaires qui revendiquent une certaine authenticité, un respect des valeurs primaires du Black Metal. Mais pour certains, plus qu’un style musical, c’est un style de vie. Après avoir écouté STAAR, vous ne verrez plus certains groupes d’un même œil. Ceux qui se déclarent héritiers de la flamme noire, arborant des pseudos ridicules parfois issus d’un livre écrit par un fervent croyant (Tolkien pour ne pas le citer), qui posent maquillés comme des voitures volées et habillés comme des oursins géants sont au final bien loin de la vérité. Mais qui la détient vraiment ? STAAR ? Surement pas. Mais ce duo alsacien, d’une simplicité déconcertante, donne un bon coup de pompe dans les artifices du genre.
Rarement j’ai eu la chance d’écouter un groupe aussi minimaliste, aussi sobre. Et c’est peu dire que je ne suis pas le plus sensible à la philosophie inhérente à ce style. Mais Thomas et Julien n’ont pas l’air de se transcender pour proposer une musique qui soit franche et droite dans ses bottes. Renonçant ouvertement à tous les subterfuges, privilégiant la lourdeur à la vitesse d’exécution, cherchant à chatouiller les sentiments de chacun en se démarquant du Black frénétique bruitiste, le duo livre un premier album qui fait son effet. On n’a pas besoin d’être misanthrope ou je ne sais quelle connerie pour apprécier la profondeur de ce projet, qui véhicule des sentiments très noirs. C’est une expérience. On est plongé dans cet univers très glauque durant trois quarts d’heure et on en ressort, peut-être à bout de souffle, mais certainement pas anéanti. Car STAAR transmet l’espoir d’une pérennisation autrement plus honnête d’un mouvement qui part en queue de poisson. La production est d’un minimalisme affolant. Les voix grésillent, comme si elles étaient enregistrées sur répondeur. Certaines créations sont dans une veine nordique assez traditionnelle, comme « A Star In The Promised Land ». D’autres font un pied-de-nez impoli aux bases du genre en empruntant à d’autres courants parmi lesquelles le Thrash ou même le Rock (« Ténèbres, Nous Voilà »). Quelques samples viennent couper cette galette en morceaux, dont un particulièrement horrifiant sur « Petite France ». STAAR joue beaucoup sur les atmosphères glaçantes, laissant la guitare lead s’exprimer dans de longues plaintes mélodiques lancinantes. L’originalité se retrouve intégralement dans le format 100% artisanal d’une œuvre qui n’a d’autre objectif que d’être une source de partage et de plaisir, loin des faux-fuyants pleins de malice qu’on rencontre parfois. Pour le coup, je suis tenté de dire que les strasbourgeois ne caracoleront certainement pas en tête des ventes, mais qu’eux, au moins, n’ont pas mis de côté certaines valeurs pour se faire plaisir, quitte à rester éternellement dans l’ombre.
Définitivement, ce premier album est un vrai catalogue d’enseignements. Il est une remise en cause assez primaire de la philosophie qu’on rencontre généralement dans le Black Metal moderne. Une expression qui n’a plus aucun sens après l’écoute de ce CD, d’une rusticité terrifiante. Pas d’hymnes, pas de singles, pas de faux-semblants, juste une fluidité, un feeling qu’on retrouve de moins en moins. Ou alors qui est bien mal véhiculé, voire mal interprété. Pour la virtuosité, on repassera. Pour l’authenticité, on restera.
Ajouté : Mardi 21 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Staar Website Hits: 9822
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