EATING SHIT (FRA) - Bon Appétit (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : juin 2011
Pays : France
Genre : Brutal Grindcore
Type : Album
Playtime : 17 Titres - 32 Mins
Ce n'est un secret pour personne, le Grind français se porte bien. Très bien. D'INFEST à MAGISTRAL FLATULENCES, il y en a pour tous les goûts, toutes les couleurs. Certaines formations s'efforcent d'adopter le trait sévère et les sourcils froncés, pour mieux faire passer des messages sensibles ou parler de sujets tabous. D'autres vont au combat la fleur au fusil, simplement armés d'un champ lexical proche du pipi-caca-vomi. EATING SHIT, c'est un fin mélange des deux. Sur la forme, on aura tout à leur reprocher. De leur manque de musicalité assourdissant à l'usage d'une BAR programmée sur PS2 (véridique !) plus synthétique qu'un pull-over en acrylique, rien de construit, de cohérent ne se dégage d'un second album qui fleure bon la pourriture, la clope froide et la diarrhée au napalm. Mais soyons sérieux, considérons ce disque pour ce qu'il est. Du Grindcore extrême, du Crust minimaliste, du bruit. Si EATING SHIT avait la prétention de faire mieux, on aurait presque le droit de lui chier dessus, et je suis sûr qu'ils aimeraient ça. Mais pas là. Et surtout, comment expliquer qu'un tel groupe, qui n'a rien demandé à personne, soit la source d'un règlement de compte minable par chroniques interposées ? Juste un clin d'œil en passant.
Loin des chamailleries littéraires plus drôles encore qu'une rixe pour un paquet de BN à la fraise, cette chronique sera à l'image des savoyards. Sans forfanterie. La "musique" proposée par ce trio français ne fait preuve d'aucune créativité, sauf si la créativité c'est de mettre entre deux blasts des samples de Bioman ou une intro narrative en anglais avec un accent volontairement capilotracté. EATING SHIT est dans la légèreté permanente, dans l'autodérision complète même si, sans qu'on s'en rende compte à cause de l'aspect granuleux de leur son, ils ont un message très sérieux à véhiculer. Leur crédo c'est la malbouffe, les dérives de l'industrie agro-alimentaire, la défense de la cause animale. D'ailleurs pour l'anecdote, cette promo est arrivée à mon domicile ornée d'un sticker de la WWF. C'est dire si on a de bonnes raisons de croire que ces gars sont impliqués. Musicalement, si nos chefs cuisiniers venaient à rencontrer John Petrucci ou Steven Wilson, ils feraient bien de raser les murs. Mais pour cette petite sauterie amicale, la toque leur va très bien. Le riffing n'a rien de transcendant, s'inscrivant dans une logique de Death / Grind old-school et surplombé de cris et grunts assez classiques qui côtoient à de rares occasions le pig-squeal. Vocalement diversifié, avec quelques passages plus audibles ("Kiki Et La Mayo"), EATING SHIT déploie un Grind de qualité, dans la plus pure tradition d'une agression sonore caractérisée. La grande question ici concerne la légitimité d'une boite à rythme qui sera assurément un tue l'amour pour certains. Si l'on apprécie forcément le côté déshumanisé, démesurément artificiel et limite futuriste, nul doute que le groupe gagnerait en authenticité en engageant un frappeur chevronné. Je dois avouer qu'on ressent comme un vide à ce niveau sur de nombreux plans. Malgré ça et au-delà du plaisir presque scatophage qu'on prend à déguster cette merde bien fumante, il faut reconnaître qu'avec EATING SHIT, on oublie tout pendant une grosse demi-heure. On fait le vide dans sa tête, on désinfecte ses pensées les plus sales et on profite avec eux d'un Grind sournois qui ne court pas les rues. Les mélodies électroniques de "Between The Buckethead And You" ou la reprise très... personnelle du "We Are The Champions" de QUEEN avec "We Are The Vegans" sont autant de moments savoureux qui vous sortiront momentanément de cette brutalité hypnotique. Je regrette seulement que certains écouteront cet opus d'une oreille distraite, n'y voyant rien d'autre qu'un défouloir bon marché. Ainsi je vous encourage à jeter un œil aux textes et à chercher avec curiosité les nombreuses facéties qui garnissent Bon Appetit. Vous écouterez probablement cette œuvre d'une autre façon ensuite.
La situation n'est pas bien compliquée à résumer. EATING SHIT, plus c'est con et plus c'est bon. Je trouve que sur ce point, les français sont de gentils enculés. Le jusqu'au-boutisme est bel et bien présent, mais il n'est pas mis en relief, ni par la production crasseuse, ni par la performance décousue des musiciens, dont la cohésion propre à un groupe est brisée par les sonorités artificielle de la BAR. Je comprends qu'ils aient voulu conserver une certaine pureté musicale, dans un souci d'intégrité profond. Il faut leur rendre hommage pour ça. Mais je leur conseillerais quand même de soigner cette mycose génitale qui pourrait vite devenir handicapante, juste par précaution.
Ajouté : Mardi 21 Février 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Eating Shit Website Hits: 10454
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