BAPTIZED IN BLOOD, australiens ? Même pas en en rêve. Et pourtant, cette pochette laisse envisager tout le contraire. Il faut aussi dire que les attaques de requin sont plus fréquentes en Australie qu’au Canada, ce qui donne libre cours à l’imagination de chacun. Non, en fait c’est du côté d’Ontario, à quelques 15 000 kilomètres de Sydney qu’est né ce groupe. C’est dire si on était loin du compte ! Difficile à croire comme ça, mais non seulement nos canadiens n’officient pas dans le Hardcore « Rip Curl », mais en plus ils sont signés sur Roadrunner qui n’est pas un label de fiotte et sont managés par Monsieur Dave Mustaine (MEGADETH) en personne. On peut alors légitimement penser qu’un tel personnage n’a pas apporté son soutien au hasard et se mettre à rêver des plus beaux exploits sur un deuxième album éponyme qui cache bien son jeu.

L’album lancé dans le lecteur, on comprend vite pourquoi Mustaine a jeté son dévolu sur ces petits jeunots. Leur Metal bouillonnant, bien que très éloigné du style MEGADETH, possède toutes les caractéristiques d’une grosse sortie à l’américaine. Entre la production aux petits oignons et les compositions qui s’inscrivent dans la droite lignée des groupes à succès tels que TRIVIUM ou MASTODON, ce disque est une machine à tubes lancée à pleine vitesse. Etonnant d’ailleurs qu’il n’ait pas fait le buzz dans nos contrées, car il arbore les parures les plus bling-bling du Metal moderne. La base musicale reste très floue, ne sachant pas vraiment se décider entre un Hardcore / Metalcore révérencieux et un Heavy / Thrash dont le public d’outre-Atlantique est très friand. Une chose est sûre, c’est qu’on ne soupçonne pas une seule seconde de tomber sur des chansons aussi carrées et d’une qualité tout à fait remarquable. BAPTIZED IN BLOOD n’hésite pas à mettre le paquet dès « Up Shirts Down Skirts » qui révèle déjà une belle complémentarité entre la guitare rythmique qui officie dans un Metalcore contemporain et la lead qui se permet des mélodies vivaces et prenantes. Les canadiens, avec leur fougue, leur culot, leur peps, ne sont pas sans rappeler le TRIVIUM conquérant de la période Ascendancy. Et même si on les surprend parfois à parachuter des solos de 24 carats à des endroits inopportuns (« Mental »), comme un symbole quand on connaît le nom de leur manager, on ne peut pas enlever à ce CD son évidente bonne volonté et sa fraicheur. De toute évidence, ces garçons ont reçu quelques (bons) conseils qui ont définitivement fait basculer leur musique vers un niveau d’excellence probablement exigé par leur écurie. Ce qui ne justifie nullement un degré d’intensité qui ne doit rien à personne. Tout du long, BAPTIZED IN BLOOD se montre très imaginatif, changeant constamment de tempos, cherchant à varier les motifs et se démarquant du schéma classique couplets / refrains. Et en plus d’avoir d’excellents musiciens, ils ont dans leur rang un vocaliste de grand talent en la personne de Johl Fendley qui aboie vraiment bien (et le mot est ultra-adéquat !). Alors, à quel niveau cette rondelle fait-elle défaut ? On soulignera en premier lieu une légère baisse de régime dans les quinze dernières minutes, comme si nos amis se reposaient sur leurs lauriers. Et quand ils décident de se ressaisir, comme sur « Will Of A Demon », on a la curieuse impression qu’on n’est pas loin de virer dans la surenchère commerciale. Oui, j’ai employé l’expression taboue mais le fait est là. A vouloir prolonger l’expérience encore et encore et explorer tous les recoins d’un univers aux contours pas encore bien dessinés, BAPTIZED IN BLOOD verse un peu dans la démonstration inutile. On n’avait pas besoin de ça pour se convaincre que ce groupe a un vrai talent.

C’est le plus important et c’est ce qui ressort réellement au final d’un disque susceptible de plaire au métalleux lambda qui ne cherche pas vraiment à se masturber sur un style défini. BAPTIZED IN BLOOD effectue une savoureuse combinaison entre des éléments très actuels et d’autres plus vieux jeu qui aboutit sur une galette très bien foutue alors qu’elle ne paie pourtant pas de mine. Et vu la toute relative superficialité de cette sortie, je répète qu’il est très surprenant d’en avoir eu à peine écho de par chez nous. Ça fait d’autant plus plaisir que musicalement, les canadiens parviennent à mettre à l’amande des formations prétendument intègres dont le nom ronflant serait une assurance tout risque. Définitivement, ils ont de quoi fermer quelques clapets.