ABORTED (be) - Global Flatline (2012)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 23 janvier 2012
Pays : Belgique
Genre : Brutal Death Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 44 Mins
Qui dit nouvel album d’ABORTED dit forcément nouveau line-up. Parmi mes pléonasmes préférés, il y a le sel salé et celui-là. On ne s’épanchera pas davantage sur ces énièmes changements de musiciens qui sont un évènement pour certains groupes et une mauvaise habitude pour nos amis belges. Bienvenu donc à Ken Bedene (batterie) et Mike Wilson (guitare), deux anciens de la maison ABIGAIL WILLIAMS ainsi qu’au bassiste J.B Van Der Wal. Voilà pour le discours ritualiste. Sinon, l’actualité pour ABORTED, c’est surtout Global Flatline, un septième album studio qui succède au tristounet Stychnine.213 paru en 2008. Pour ce nouveau brulot, à en juger cette pochette très réussie, on pourrait en toute logique s’attendre à un retour aux sources, à une sorte de désaveu du Brutal Death Metal faussement mélodieux et diviseur servi depuis Slaughter & Apparatus : A Methodical Overture. Dans cette partie de poker menteur, ABORTED a décidemment le don de déjouer les pronostics. Car quoi qu’on puisse en penser, Global Flatline sera dans un futur proche la consécration de quinze années d’une carrière prospère. C’est un album démentiel qui résume les six précédents et qui pourtant, ne ressemble à aucun d’entre eux. C’est une création libre et indépendante, qui porte le sceau ABORTED encore fumant et qui malgré ça, est généreux comme une première fois.
Pour l’occasion, les Belges, emmenés par un Sven chaud comme la braise, nous font l’immense plaisir de pouponner leur nouveau mort-né. Ce disque sera l’Apocalypse dépeinte sur une toile de lin textile. L’horreur du message tranchera avec la pureté de ses matériaux. Comme de coutume, ce Brutal Death Maxi Best-Of grosses portions sera théâtralisé, par de nombreux samples qui vous immergent en plein cœur d’un Grindhouse désaffecté. Dès « Omega Mortis », une intro qui matérialise l’angoisse qui envahit un spectateur lors de la scène d’ouverture d’un splatter-film, on entend le tintement du glas annoncer de macabres desseins. Droits comme les angles d’un carré, les premiers riffs de la piste éponyme tombent tels des couperets. La grande violence qui se dégage de cette composition peut être considérée comme punitive, pour jadis les avoir enterré vivants. Le nouveau matériel proposé par ABORTED est très persuasif. Il est suffocant et humide comme leurs albums les plus récents mais également très brutal, âpre et sauvage, à l’image de la période Engineering The Dead. On retrouve sur ce disque trois chansons parues sur l’EP Coronary Reconstruction paru en 2010 qui laissent à penser que cette sortie n’était pas innocente à l’époque, pas moins que son titre qui parle avec justesse de « reconstruction ». Voilà ce que fait ABORTED aujourd’hui, il reconstruit son empire avec panache. Le groove qu’on perçoit sur une chanson comme « Vermicular, Obscene, Obese » ou le mid-tempo belliqueux de « Expurgation Euphoria » sont des prétextes pour rendre cet album diversifié alors qu’il ne l’est pas pour un sou. Des idées nouvelles chez ABORTED ? Peanuts. En fait, jamais les Belges n’auront étalé leur talent avec autant de savoir-faire. On a presque l’impression qu’ils soignent une image de marque désormais véhiculée à l’internationale. Loin des tâtonnements de Strychnine.213, Global Flatline impose son emprunte de chien bâtard dès le début d’une année 2012 qui commence dans le même esprit chaotique qu’un lendemain de St-Barthélemy. Ce Brutal Death carnassier est d’autant plus subtil qu’il est joué par le line-up le moins bling-bling qu’ait jamais connu ABORTED depuis son avènement. Tout l’inverse de la liste d’invités intervenants sur cette galette, parmi lesquels Julien Truchan de BENIGHTED, Trevor Strnad de THE BLACK DAHLIA MURDER, Jason Netherton de MISERY INDEX et le crâne lustré de Keijo « Mouchodrôme » Niinimaa (ROTTEN SOUND). La fine fleur des beugleurs viennent épauler Sven De Caluwé dans ses cantates profanes, pour un résultat final qui occulte presque la prestation des instrumentistes. Toutes les attentions se tournent systématiquement vers les vocaux qui font, il faut le reconnaître, une très grosse partie du succès de cette sortie.
La messe semble dite et les qualificatifs commencent à me manquer pour encenser ce Global Flatline. Je ne regrette aucunement d’avoir pensé il y a trois ans qu’ABORTED entamait alors sa descente aux enfers. Ayant de pareilles pensées en tête, on espère bien souvent au fond de soi être contredit, si possible par des faits. Quel meilleur aveu de puissance pouvait nous proposer Sven et sa petite bande que ce septième full-lenght qui marque non seulement quinze années de Brutal Death, mais surtout un retour à la souveraineté qui a toujours été leur ? Alors pour une fois, je vais essayer d’être à la hauteur de cet opus en étant simple et efficace. Ce Global Flatline ramone le fion et il serait idiot de vous priver d’un lavement aussi bon marché.
Ajouté : Lundi 16 Janvier 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Aborted Website Hits: 12630
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