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MINUSHUMAN (FRA) - Watch The World Die (2008)






Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 15 avril 2008
Pays : France
Genre : Death / Thrash Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 50 Mins





A Bergerac, il y avait un groupe du nom de DARK POETRY. Après dix années d’activité, il s’est mis en stand-by et la majorité de ses membres se sont rassemblés, en 2007, dans une nouvelle formation : MINUSHUMAN. L’année suivante, ils dévoilent Watch The World Die, un premier album au travers duquel le quintette compte exprimer sa vision pessimiste de l’état du monde.

Pour transmettre au mieux ces paroles blâmant les différentes actions destructrices de l’Homme sur son habitat, et la vie (surpopulation, pollution, extinction d’espèces, conflits, et exploitation de l’Homme lui-même, entre autres…), le combo français fait preuve d’une exécution impartiale de ses instruments rythmiques. Les pistes sont longues (avec un minimum à 4 min), mais sans jamais trop jouer la complexité progressiste, ni se perdre en boucles répétitives. Le groupe parvient à balancer entre ces deux niveaux pour offrir à l’auditeur un cheminement fluide et constant. Atmosphériques et brutales, oppressantes et chaotiques, les plages captivent tout du long, montrant une légère touche Prog de par leurs structures innovantes. Celles-ci se déversent avec une facilité déconcertante au milieu des textures opaques. Malgré une double pédale vindicative, le tempo est généralement medium et marque une atmosphère lourde. A l’image de « All Keeps Falling Down », quelques breaks planants accompagnent la rythmique qui manigance ses schémas avec soin, apparaissant parfois syncopée pour écraser davantage les morceaux. Favorisant cette lourdeur, les riffs sont gras et hypnotiques. Néanmoins, l’instrumentation montre également un côté plus coriace et impétueux, se parant de touches Thrash scandinaves. Gaspard, à la batterie, poinçonne les cordes tranchantes avec précision, s’engouffrant dans d’intenses couloirs de blast. Par ailleurs, ses accélérations se concluent souvent en des sections groovy où la basse se fait prépondérante (« Watch The World Die »). S’accouplant proprement aux riffs grondants, sa présence est mise en exergue, et ne dérange aucunement ; c’est effectivement plaisant de la percevoir aussi clairement pour un groupe du genre. Mickael la fait virevolter lors des breaks et apporte un côté un peu rustique aux guitares.

L’instrumental « The New Order » résume au mieux la qualité de jeu des membres de MINUSHUMAN. Entre riffs planants, jonchés de percussions originales, et leads mélancoliques, au-dessus desquels s’émiette la basse, le morceau évolue sans cesse. Et, lorsque l’on croit qu’il s’enferme facilement dans un leitmotiv, il surprend plutôt par ses changements mélodiques. Le mariage réussi entre guitares lead et rythmique met, sans conteste, en avant, le haut niveau de composition du groupe. Aux manches de celles-ci, Thomas et Lionel se supportent et gagnent en vigueur, appuyés des piqûres de Mickael. Leurs riffs épais bâtissent des enclos que la rythmique massive emplit alors de plans inventifs. A côté, les deux musiciens délivrent également des lignes accrocheuses et entêtantes (« Failure »), emportant aisément la cadence dans leur cheminement efficace. Guitares et basse mettent doucement en place des dynamiques pesantes, voire accablantes du fait des riffs dissonants constants en fond sonore. L’atmosphère noire du disque est aussi instaurée de par les nombreuses intros ambiantes, constituées d’accords denses, de cymbales volatiles, ou bien de cordes frottées inquiétantes (« Empire »). Plusieurs solos se greffent, de-ci de-là, pour habiller cet amas musical brut. Hormis celui de « Liquid », qui paraît trop contraster l’ambiance du titre, ils sont lancinants et envoûtants, dans la continuité des compositions.

Des pistes qui se voient alors parées d’une force supérieure grâce au chant de Cedric. Principalement Death, mais parfois Thrash, avec quelques sonorités similaires à celles de Shawter ou de Joe Duplantier - sur l’impressionnant « The Sixth Mass Extincition » - sa voix gutturale et râpeuse est d’une intensité redoutable. Par ailleurs, les hurlements se veulent évolutifs, évitant le prosaïsme d’un chant monocorde. De ses différentes tonalités et associations aux structures des morceaux, Cedric s’exprime en des lignes captivantes et nuancées avec justesse ; rocailleuses lors des couplets, et plus éclaircies et poussives sur les semblants de refrain. Le frontman sait tout de même se contenir et offrir une prestation forte sans forcément glisser inutilement vers des hurlements extrêmes. Maîtrisés et usés avec intelligence sur les diverses sections (« Time Zero »), ses vocaux jouissent d’une excellente alchimie avec l’instrumentation. Quelques ajouts de layers leur donnent davantage de puissance, et de densité, ce qui permet à Cedric de s’accaparer la lourdeur alentour pour la retransmettre avec une ampleur monstre, à l’instar de « Round Circles », qui clôt en outre l’album sur des cris déments.

La scène Death française est trop souvent sous-estimée et pourtant, la performance que dévoile MINUSHUMAN, sur son premier disque, montre qu’elle peut receler d’excellentes surprises. Au travers de Watch The World Die, les Bergeracois installent un Metal rude et tourmenté, jouant sur des atmosphères aussi massives qu’expressives. Ils retransmettent ainsi leur vision noire des méfaits de l’Homme en cinquante minutes d’un voyage oppressant mais fascinant.



Ajouté :  Mercredi 12 Octobre 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  Minushuman Website
Hits: 8228
  
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