Ultime album studio de PEARL JAM à ce jour (septembre 2011), et sorti il y a maintenant deux ans, Backspacer permit au groupe de renouer avec les cimes du Billboard, dont il était tombé après No Code, bien que ce ne fut jamais son but. Célébrant le retour de Brendan O'Brien à la console, et en lui confiant une plus grande latitude - après avoir appris que Springsteen lui-même accordait beaucoup de crédit aux idées du producteur – Backspacer fut un album très spontané, comme le confiait Jeff à l’époque (« C’était la première fois depuis le premier album que nous n’avions pas vraiment répété »).
En résulte un Lp aux couleurs étonnantes pour le groupe, exploitant la veine de Pearl Jam, mais en poussant la liberté jusqu'à ses extrêmes. Car si l’effort éponyme précédent semblait quelque fois « joyeux », Backspacer respire la santé et la joie de composer et de jouer. On y trouve de tout, pour peu qu’on ait l’esprit ouvert, du rock, bien sur, de la Pop, mais aussi de la New Wave, de la Folk légère, des morceaux rapides, et des ballades sincères.
C’est aussi l’album le plus court du groupe, passant sous la barre des quarante minutes, durée imputable à des titres beaucoup plus concis. Ce qui lui confère cette impression de fraîcheur naturelle, de plaisir éphémère vers lequel on revient très vite.
Car dès « Gonna See My Friend », qui est pourtant un des morceaux les plus classiques du groupe, le ton est donné. Le JAM 2009 sera détendu ou ne sera pas. « Got Some » continu sur un mode up tempo léger, tout comme « The Fixer », dont les « Yeah, yeah » du refrain ont de quoi surprendre.
En trois titres, le quintette fixe la tendance, et nous emmène dans son sillage au gré de chansons sans prétention, et pourtant essentielles.
« Just Breathe », première grosse surprise de Backspacer, semble autant issue de sessions nocturnes de KANSAS que d’une Jam impromptue entre Kris Kristofferson et le Band. Sur une mélodie impeccable, Eddie descend dans les graves et l’émotion devient palpable. Avec en background quelques instruments à vents pour la légèreté, et des nappes de cordes pour l’emphase, ce morceau, improbable il y a encore quelques années, devient soudain une évidence.
Mais enchaîner avec le quasi Pop « Amongst The Waves » ? Lucidité ? Témérité ou insouciance ? Peu importe, car une fois de plus, le plein de bonheur est fait. C’est immédiat, et ça s’apprécie comme tel, et ça reste en bouche. Comme un classique né sans difficulté.
Et alors que « Unthought Known » se rapproche des standards de composition du JAM de la seconde moitié des 80’s, « Supersonic » réunit en un même jet l’urgence de « Spin The Black Circle » et la naïveté de Josie & The Pussycats.
« The End », qui achève ce LP de la plus délicate des façons, nous rappelle que quarante et un ans auparavant, John Lennon choisissait de fermer The Beatles en demandant à Ringo de chanter « Good Night », une berceuse pour son fils.
On pourrait dire que Backspacer fut une surprise, mais si vous êtes un intime de la musique de PEARL JAM, ou si vous avez parcouru leur discographie en lisant ces modestes chroniques, vous savez que ce mot pourrait être appliqué à l’ensemble de leur œuvre, Ten compris. Je crois que pour une fois, il est inutile de gloser, et laissons juste la musique faire son office.
En priant tous les saints pour que cette histoire ne s’arrête jamais.

Discographie Complète de PEARL JAM :
Ten (1991), Vs (1993), Vitalogy (1994), No Code (1996), Yield (1998), Live On Two Legs (1998), Binaural (2000), Riot Act (2002), Lost Dogs (2003), Live At Benaroya Hall (2004), Rearviewmirror (Greatest Hits 1991-2003) (2004), Sydney, Australia, 11-07-2006 (2006), Pearl Jam (2006), Backspacer (2009), Live On Ten Legs (2011), Lightning Bolt (2013), PEARL JAM AU PAYS DU GRUNGE (BOOK - 2011), PEARL JAM : Pulsions Vitales (BOOK - 2013)